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Ecologie

Consommation ou investissement ?

Samedi 14 février, “Le Monde” titrait en première page “Faut-il privilégier la relance par la consommation ?”

Dans deux jours vont s’ouvrir les rencontres (négociations ?) annoncées par le Président de la République quant à la relance économique et la nature des débats majoritaires laisse entrevoir un affrontement dans le plus pur style franco-français. relance par la consommation contre relance par l’investissement, gauche et extrême-gauche contre la droite, patronat et cercles économiques contre les syndicats. Or, la situation est infiniment plus complexe et ne se satisfera pas de jugements aussi catégoriques.

Il est évident que chaque stratégie présente ses avantages et ses inconvénients. Relancer par l’investissement dope l’activité économique de nos entreprises, mais la mise en œuvre en est longue et la capacité de réaction de l’industrie est peut-être trop faible … Relancer par la consommation apporte un pouvoir d’achat quasi immédiat, mais qui ne touche pas forcément les vrais besoins (réduction d’impôt n’aide que ceux qui en payent !), va se “perdre” en économies ou favoriser des biens produits hors d’Europe …

Mais tous les économistes et tous les analystes, qu’ils soient de droite ou de gauche, patronaux ou syndicaux, font la même impasse sur leur réflexion.

Relancer l’activité économique, d’accord !! Mais pour quelle économie ? Pour quelle production industrielle ? Pour quelle consommation ? En clair, pour quelle croissance ou pour quelle décroissance soutenable et acceptée ?

Musée du Vatican Escalier hélicoïdal

Si l’on accepte que toutes les choses (toutes les crises) sont liées, qu’il y a résonance entre l’inflation pétrolière du premier semestre 2008 et la crise financière du second semestre (et de maintenant …), si l’on admet que la consommation doit être réorientée afin d’économiser les ressources en énergie, alors le débat n’est pas l’investissement OU la consommation, mais il est bien l’investissement ET la consommation.

  • Pour favoriser les familles qui voudront changer leur voiture pour un modèle qui consomme moins de 3 litres aux 100 km, pour que les constructeurs y répondent favorablement et rapidement et pour que l’état verse une prime au démantèlement du véhicule gourmand.
  • Pour inciter les ménages à équiper leur logement de vérandas judicieusement placées, de panneaux photovoltaïques, de VMC à double flux et pour que les architectes et bâtisseurs y répondent favorablement et à des coûts très bas.
  • Pour offrir à tous les salariés des secteurs fragilisés (automobile, transports, grande distribution, tourisme, …) de solides opportunités de se former, de changer de métier, de choisir une branche mieux en rapport avec l’avenir et pour que l’éducation nationale et tous les organismes de formation publics et para-publics sachent y répondre rapidement.
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Développement solidaire

Croissance des pays émergents: le cas de l’Afrique

Le temps passe vite. Alors que je prépare un déplacement au Mali, je ne trouve plus le temps de rédiger quelques notes propres à éclairer mon jugement personnel, et éventuellement le vôtre …

Il y a quelques temps déjà, j’affirmais que le coût du baril de pétrole resterait élevé. C’était sans compter avec le grand happening de la finance mondiale ! En quelques jours, celle-ci à réussi à faire prendre en compte par la puissance publique la totalité de ses errements ultra libéraux et, au passage, à reprendre la main sur les marchés mondiaux par une baisse radicale des cours !

Ceci dit, je ne suis toujours pas économiste, mais je reste convaincu que le cours du baril de pétrole remontera aux environs d’une valeur à trois chiffres (> 100 $) dès que la crise sera finie et que la consommation reprendra. D’autant plus facilement que le pétrole n’étant pas cher, il n’y aura pas de raisons de l’économiser !

Qu’est-ce que cette crise entraîne, en matière économique, pour les pays émergents ? Je lis que le Mali espère un taux de croissance de 7,8 % en 2009. Cette affirmation rejoint une analyse publiée voici déjà un mois par le FMI, affirmant que l’économie mondiale ralentissait fortement (5,1 % en 2006, 5 % en 2007, 3,9 % en 2008, 3 % en 2009). Aucune région au monde ne serait épargnée par cette quasi récession, à commencer par les pays émergents qui commençaient de tirer leur épingle du jeu.

Seule l’Afrique (Maghreb, Afrique Occidentale et Afrique Equatoriale) poursuivrait sa croissance. Il ne s’agit cependant pas d’une révolution économique, mais avant tout du maintien des exportations de matières premières et d’une relative protection à l’égard des turbulences financières. Il n’y a pas lieu d’en tirer gloire; cela signifie, à contrario, que l’économie de ces régions n’est pas encore incluse dans la mondialisation !

Mais ces prévisions sont-elles dignes d’attention ? La crise financière occidentale ne va t-elle pas réduire les investissements étrangers et réduire les importations ? Les coûts des matières premières ne vont-ils pas continuer à baisser tant que durera la crise ?

Les grandes manœuvres économiques actuelles (G8, G14, G20, ..) ne comprennent aucun pays d’Afrique à l’exception de l’Afrique du Sud (G20). Et pourtant, le cadre multilatéral se doit de prendre en compte d’une façon ou d’une autre, ce continent si l’on veut y réduire la misère et y favoriser un vrai développement, une vraie croissance basée sur une économie réelle créatrice d’emplois et de plus-values.

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Ecologie

Sacs de caisse

Dans la cacophonie, nos élus viennent, avec un “courage” remarquable, de rejeter une initiative que certains d’entre eux avaient pris voici 48 heures simplement: la taxe sur les sacs de caisse n’aura pas lieu ! Tout comme la taxe sur les gobelets et vaisselle en plastique (péjorativement appelée “taxe pique-nique”) n’a pas eu lieu.

Deux lobbies se sont affrontés dans cette affaire. Les “pour” étaient essentiellement les fabricants de sacs biodégradables en attente d’un “signe fort” de la part du Gouvernement. Les “contre” appartenaient à la grande distribution qui faisait un chantage à l’augmentation des coûts supportés par le consommateur.

Conclusion du débat de ce jour: « On voit bien que l’opinion n’est pas prête à cela. Laissons la profession s’organiser d’elle-même, d’ailleurs le risque n’est pas si grand puisque la distribution de ces sacs a diminué de 80 % depuis 2002 !! »

(DR) Blog de Catherine Doré

Pourtant, il faudrait s’entendre sur la mesure exacte de la diffusion de ces sacs: 14 milliards par an pour NF Environnement, 15 milliards pour France Nature Environnement, mais seulement 2,1 milliards pour le Gouvernement (ministère de l’Environnement) là où il y en avait 10,5 milliards en 2002. Donc, chacun raconte un peu ce qu’il veut.

Au-delà de la nécessaire suppression des sacs de caisse, et le plus vite sera le mieux, il importe de bien savoir par quoi on va les remplacer. Si c’est par des sacs en amidon de maïs, sacs présentés comme biodégradables, nous ne faisons que rééditer ici l’erreur des biocarburants. La terre est faite pour donner à manger, pas pour produire des agro-carburants ou des agro-plastiques !

La solution passe soit par le sac jetable en papier (recyclé, forêt replanté, …), soit par le sac coton, soit par les sacs plastique réutilisables. Et puis il reste le bon vieux cabas ! Quel que soit le choix, il faudra bien décider la fin des sacs jetables. Alors: taxation ou règlementation ? En Irlande, les sacs de caisse sont taxés à 0,15 € depuis mars 2002. A Taïwan, ils sont interdits depuis janvier 2003. Depuis juillet 2008, tous les magasins chinois vendent les sacs plastique. Sans doute, faut-il croire que les irlandais, les chinois et les taïwanais sont plus  »mûrs » que les français !

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Développement solidaire

Crise financière, récession …, ou vengeance de l’Occident ?

Malgré l’échec des négociations du Cycle de Doha, échec largement commandité par l’Occident (voir post: Changement-climatique-comment-agir), le premier semestre 2008 pouvait laisser croire à un possible décollage des économies “en développement”. La Chine, l’Inde, le Sud-Est asiatique, le Proche-Orient, l’Amérique Latine (mais pas encore l’Afrique) pouvaient espérer tirer leur épingle du jeu. Les droits de douane n’étaient pas modifiés en leur faveur, mais le coût des matières premières, le coût de l’énergie leur étaient favorables.

Tel n’est plus le cas.

Nos économistes et analystes se satisfont à grands cris d’une baisse radicale des coûts des énergies fossiles et des matières premières. Toujours ça de gagné pour NOS économies ! La vision est étroite, terriblement étroite, coincée entre deux œillères !

PETROLE. Pendant le happening de nos banquiers, il chute. De 87.92 $ le 17 octobre 2007, il est monté jusqu’à 146.35 $ le 15 juillet 2008. Aujourd’hui, son cours n’est que de 69.85 $ le baril sur la place de New York, pour livraison en novembre. Ce coût est INFERIEUR au coût de production. L’OPEP se réunit le 24 octobre prochain pour trouver un remède, car avec de tels coûts s’envolent tous les projets de développement social et toutes les ambitions de préparation au monde de l’après-pétrole.

RIZ. Le riz n’est qu’un symbole, car la part de production de celui-ci qui fait l’objet d’un marché international est dérisoire (7% de la production mondiale; tout le reste est consommé sur le pays de production). Cependant, arrêtons nous deux minutes sur ce cours symbolique. Sur le marché de Chicago, la livre US (0.453 Kg) était cotée 13.94 cents le 2 janvier 2008, 24.68 cents le 24 avril, 20.08 cents le 25 septembre et 14.92 cents le 16 octobre, hier. Les bourses baissent, le riz ne vaut plus rien.

CAOUTCHOUC. Voilà une matière première industrieuse, à l’abri des fluctuations .. Que nenni ! Sur la bourse de Singapour, le 2 janvier 2008, son cours était de 260.50 cents le Kg. Il est monté à 331.50 cents le 16 juin 2008. Il est à 230.50 cents au 6 octobre 2008.

COTON. Et ce sera le dernier exemple. Le plus dramatique sûrement, parce que les principaux producteurs en sont l’Inde et l’Afrique (Egypte, Mali, …). De 1997 à 2001, le cours du coton n’a cessé de décroître, passant de 80 à 35 cents. Puis, il est remonté pour atteindre 68.88 cents par livre sur le marché de New York au 2 janvier 2008, 86.88 cents le 5 mars 2008, 68 cents le 2 septembre 2008, 46.45 cents le 16 octobre 2008, hier.

Tous ces chiffres se passent de commentaires. L’Occident ne laissera pas les pays émergents, ni les pays candidats à l’émergence, agir, se transformer et tenter de réussir, sans se draper dans son égoïsme, ses barrières douanières, son refus de changer de mode de vie et sa consommation outrancière quand bien même elle est baptisée de “verte”.

L’Occident s’est vengé et le monde reprend enfin ses esprits en s’alignant sur des fondamentaux plus classiques !!!

Publiée par Rue 89