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Croissance des pays émergents: le cas de l’Afrique

Le temps passe vite. Alors que je prépare un déplacement au Mali, je ne trouve plus le temps de rédiger quelques notes propres à éclairer mon jugement personnel, et éventuellement le vôtre …

Il y a quelques temps déjà, j’affirmais que le coût du baril de pétrole resterait élevé. C’était sans compter avec le grand happening de la finance mondiale ! En quelques jours, celle-ci à réussi à faire prendre en compte par la puissance publique la totalité de ses errements ultra libéraux et, au passage, à reprendre la main sur les marchés mondiaux par une baisse radicale des cours !

Ceci dit, je ne suis toujours pas économiste, mais je reste convaincu que le cours du baril de pétrole remontera aux environs d’une valeur à trois chiffres (> 100 $) dès que la crise sera finie et que la consommation reprendra. D’autant plus facilement que le pétrole n’étant pas cher, il n’y aura pas de raisons de l’économiser !

Qu’est-ce que cette crise entraîne, en matière économique, pour les pays émergents ? Je lis que le Mali espère un taux de croissance de 7,8 % en 2009. Cette affirmation rejoint une analyse publiée voici déjà un mois par le FMI, affirmant que l’économie mondiale ralentissait fortement (5,1 % en 2006, 5 % en 2007, 3,9 % en 2008, 3 % en 2009). Aucune région au monde ne serait épargnée par cette quasi récession, à commencer par les pays émergents qui commençaient de tirer leur épingle du jeu.

Seule l’Afrique (Maghreb, Afrique Occidentale et Afrique Equatoriale) poursuivrait sa croissance. Il ne s’agit cependant pas d’une révolution économique, mais avant tout du maintien des exportations de matières premières et d’une relative protection à l’égard des turbulences financières. Il n’y a pas lieu d’en tirer gloire; cela signifie, à contrario, que l’économie de ces régions n’est pas encore incluse dans la mondialisation !

Mais ces prévisions sont-elles dignes d’attention ? La crise financière occidentale ne va t-elle pas réduire les investissements étrangers et réduire les importations ? Les coûts des matières premières ne vont-ils pas continuer à baisser tant que durera la crise ?

Les grandes manœuvres économiques actuelles (G8, G14, G20, ..) ne comprennent aucun pays d’Afrique à l’exception de l’Afrique du Sud (G20). Et pourtant, le cadre multilatéral se doit de prendre en compte d’une façon ou d’une autre, ce continent si l’on veut y réduire la misère et y favoriser un vrai développement, une vraie croissance basée sur une économie réelle créatrice d’emplois et de plus-values.

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Crise financière, récession …, ou vengeance de l’Occident ?

Malgré l’échec des négociations du Cycle de Doha, échec largement commandité par l’Occident (voir post: Changement-climatique-comment-agir), le premier semestre 2008 pouvait laisser croire à un possible décollage des économies “en développement”. La Chine, l’Inde, le Sud-Est asiatique, le Proche-Orient, l’Amérique Latine (mais pas encore l’Afrique) pouvaient espérer tirer leur épingle du jeu. Les droits de douane n’étaient pas modifiés en leur faveur, mais le coût des matières premières, le coût de l’énergie leur étaient favorables.

Tel n’est plus le cas.

Nos économistes et analystes se satisfont à grands cris d’une baisse radicale des coûts des énergies fossiles et des matières premières. Toujours ça de gagné pour NOS économies ! La vision est étroite, terriblement étroite, coincée entre deux œillères !

PETROLE. Pendant le happening de nos banquiers, il chute. De 87.92 $ le 17 octobre 2007, il est monté jusqu’à 146.35 $ le 15 juillet 2008. Aujourd’hui, son cours n’est que de 69.85 $ le baril sur la place de New York, pour livraison en novembre. Ce coût est INFERIEUR au coût de production. L’OPEP se réunit le 24 octobre prochain pour trouver un remède, car avec de tels coûts s’envolent tous les projets de développement social et toutes les ambitions de préparation au monde de l’après-pétrole.

RIZ. Le riz n’est qu’un symbole, car la part de production de celui-ci qui fait l’objet d’un marché international est dérisoire (7% de la production mondiale; tout le reste est consommé sur le pays de production). Cependant, arrêtons nous deux minutes sur ce cours symbolique. Sur le marché de Chicago, la livre US (0.453 Kg) était cotée 13.94 cents le 2 janvier 2008, 24.68 cents le 24 avril, 20.08 cents le 25 septembre et 14.92 cents le 16 octobre, hier. Les bourses baissent, le riz ne vaut plus rien.

CAOUTCHOUC. Voilà une matière première industrieuse, à l’abri des fluctuations .. Que nenni ! Sur la bourse de Singapour, le 2 janvier 2008, son cours était de 260.50 cents le Kg. Il est monté à 331.50 cents le 16 juin 2008. Il est à 230.50 cents au 6 octobre 2008.

COTON. Et ce sera le dernier exemple. Le plus dramatique sûrement, parce que les principaux producteurs en sont l’Inde et l’Afrique (Egypte, Mali, …). De 1997 à 2001, le cours du coton n’a cessé de décroître, passant de 80 à 35 cents. Puis, il est remonté pour atteindre 68.88 cents par livre sur le marché de New York au 2 janvier 2008, 86.88 cents le 5 mars 2008, 68 cents le 2 septembre 2008, 46.45 cents le 16 octobre 2008, hier.

Tous ces chiffres se passent de commentaires. L’Occident ne laissera pas les pays émergents, ni les pays candidats à l’émergence, agir, se transformer et tenter de réussir, sans se draper dans son égoïsme, ses barrières douanières, son refus de changer de mode de vie et sa consommation outrancière quand bien même elle est baptisée de “verte”.

L’Occident s’est vengé et le monde reprend enfin ses esprits en s’alignant sur des fondamentaux plus classiques !!!

Publiée par Rue 89