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Egypte

Tuez les tous … les cochons !

L’Egypte vient de prendre une décision grotesque, inculte et dangereuse: celle de tuer TOUS les cochons vivant dans ce pays et ils sont près de 400.000 !

Tout d’abord, précisons que le porc n’est élevé dans ce pays que par la minorité chrétienne (copte) qui représente 10 à 15% de la population, dans les régions d’Alexandrie, du Caire et de la Haute Egypte (Assouan) où existent des villages à forte majorité copte (et pas toujours près des décharges d’ordures !!).

La raison de cet abattage massif ? Une peur panique devant la grippe porcine. Ce qui est une absurdité totale, puisque la maladie se transmet de l’homme à l’homme. Et même si le foyer primordial se trouve être au Mexique, dans des élevages porcins, ce n’est pas le cochon qui a contaminé les victimes de Mexico ville, des USA, du Canada, d’Espagne ou … d’Israël, mais bien un autre homme (ou femme). Par ailleurs, le virus ne se transmet pas par la viande, mais par l’air inhalé.

Pour parfaite cette absolue absurdité, le Conseil des Ministres a exigé que chaque porc soit analysé avant d’être exécuté afin de s’assurer qu’il était bien …. sain !

Nous noterons avec inquiétude et douleur que cette décision a été prise à l’encontre du mode de vie d’une communauté minoritaire, qui sera ainsi privée d’une source alimentaire précieuse pour la totalité de ses membres, et de travail pour bon nombre d’entre eux. En période de crise économique, c’est certainement le moment de faire pareille bêtise.

Avec encore plus de stupeur, nous noterons que même les députés coptes (nommés pour la plupart et non élus) ont voté cet abattage et que, dans un souci d’apaisement, la hiérarchie religieuse (toute la hiérarchie ?) a déclaré être favorable à cette « décision visant l’intérêt public ».

Par contre, l’Egypte n’a pas encore réussi à abattre tous les oiseaux, ni à interdire l’élevage des oies, des canards, des pigeons dans la moindre basse-cour et souvent en pleine ville. La grippe aviaire, qui (pour l’instant !) ne se transmet que de l’animal vers l’homme a pourtant entraîné 66 cas humains de H5N1, lesquels ont fait 23 morts à ce jour.

Pigeonniers sur les toits de Mansourah

Ce blog abrite une galerie intitulée « Le pigeonnier géant ». Peut-on m’assurer que ce pigeonnier de plusieurs dizaines de milliers d’oiseaux est désormais vide ??

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Mali

Sumaya

Sumaya, en bambara, c’est le paludisme (Le-Mali-enregistre-un-taux-d-incidence-de-paludisme-de-191-pour-1000). Le Mali a ceci de bien et de fort honnête, c’est qu’il n’hésite pas à publier les statistiques les plus précises. Encore aujourd’hui, c’est le paludisme qui en est l’objet. Le Ministre malien de la santé nous informe que les cas de paludisme recensés en 2008 ont été au nombre de 1.012.730, représentant quelques 37,5% des motifs de consultation dans les centres de santé et, malheureusement, la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans.

Le paludisme au Mali a tué 227 fois en 2008.

Pour mémoire, en 2005, 962.706 cas avaient été comptabilisés (36% des consultations).

Tanzanie 2006-Contrôle des moustiquaires (C)John Stanmeyer

“Combattre le sida, le paludisme et d’autres maladies”, cela constitue le 6° des Objectifs du Millénaire pour le Développement, plus précisément la Cible 10: « d’ici à 2015, enrayer la progression du paludisme ».

Dans son rapport de mars 2009, le PNUD Mali (Programme des Nations-Unies pour le Développement) estime que la diminution du nombre de cas de paludisme fait partie des “scénarios tendanciels très pessimistes à l’horizon 2015″.

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Développement solidaire

Faut-il mettre un terme à l’aide à l’Afrique ?

Illustrant un récent supplément du Monde consacré à la “Consommation durable”, ce beau dessin de Cagnat cherche à illustrer une thèse récente développée par les décroissants: il nous faut consommer local.

(C) Cagnat

C’est ainsi que le premier maraîcher illustré est originaire de la Sarthe et nous propose des panais et des topinambours, alors que ses voisins offrent à la vente des ananas de Côte d’Ivoire, des pamplemousses des Bahamas, des mangues du Pérou, des bananes de Martinique, du raisin de Sicile, …

Même si cette théorie semble positive du point de vue de l’impact carbone que nos consommations peuvent engendrer, elle n’en demeure pas moins difficile à manier, voire dangereuse. Tout d’abord, rappelons que la Martinique est un département français et que ne plus consommer ses bananes, c’est probablement la priver de revenus non négligeables. Dire cela, c’est cependant accepter qu’il peut en aller différemment avec les productions agricoles des pays étrangers à la France. Cela n’est qu’une forme de protectionnisme.

Et d’ailleurs, pourquoi s’arrêter à nos consommations de fruits et légumes ? Le même raisonnement peut s’appliquer à d’autres ressources. Pourquoi importer du coton du Mali ou d’Egypte alors que l’on peut développer la culture du lin dans les plaines du nord ?

Dans des pays qui ont des économies difficiles, nous ne ferons qu’introduire un peu plus d’instabilité. D’autant plus qu’à l’inverse nous continuerons de leur vendre nos productions, voire même nos produits agricoles. Encore une fois, la décroissance ne saurait se résumer à une somme de comportements individuels totalement déconnectés d’une démarche politique et économique globale. Sur le point précis de la consommation alimentaire, il serait déjà bien de n’acheter que les produits régionaux quand des productions identiques parviennent du bout du monde. En clair, privilégier les fraises de France aux fraises d’Espagne, les poires de France aux poires d’Argentine, l’agneau de France à l’agneau de Nouvelle-Zélande. Mais, de grâce, continuons à manger des oranges, des pamplemousses, des mangues et des papayes, à boire thé et café, …

Revenons à l’Afrique qui fait l’objet de notre titre. La crise engendre une multitude de réflexions et d’analyses. Mais le G20 a t-il abordé les questions de la croissance des pays pauvres et de la lutte contre la pauvreté ?

Dans un livre passionnant “Le Monde d’après. Une crise sans précédent” (Ed. Plon), Mathieu Pigasse et Gilles Finchelstein s’essaient à dessiner ce que sera le nouveau monde. Les BRICO’s (Brésil, Russie, Inde, Chine et Other’s) y joueront un rôle premier. Les Other’s sont la Turquie, le Mexique, l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Indonésie, le Vietnam. Ils joueront un rôle premier parce que dès cette année, ce n’est que chez eux que se concentrera la croissance économique. Parce que d’ici 2025, ce n’est que chez eux que se concentrera la croissance de la population. Et parce que dès à présent, ils acquièrent la technologie. A l’exception du Nigeria (et de l’Afrique du Sud, cas plus particulier), nous n’y voyons pas l’Afrique Noire.

Plus récemment, le 16 avril, Le Monde (toujours) a organisé une confrontation entre Thérèse Delpech, Directrice des Affaires Economiques au CEA, et François Heisbourg, Directeur de l’International Institute for Strategic Studies of London, sur la thématique suivante: “Penser le monde de l’après-crise“. A la question “Quels sont les perdants évidents de la crise ?”, François Heisbourg cite une première catégorie de petits pays très exposés qui ont joué un grand rôle dans la mondialisation: Singapour, Taïwan, Dubaï, Irlande, les petits pays de la nouvelle Europe, … Puis un second groupe des grands monoproducteurs peuplés: Russie, Iran, Venezuela (on retrouve là ce que certains ont appelé les “pétro-oligarches”). Enfin, la troisième catégorie est celle des grands pays très peuplés et, déjà auparavant, très vulnérables: Egypte, Algérie, … Là encore, nous n’y voyons pas l’Afrique Noire.

Alors débattre d’un certain discours qui ne mérite ni éloges, ni opprobre, est vraiment à coté de la plaque ! Il y a longtemps que l’Afrique Noire est mal partie (René Dumont 1962) et il est certain aujourd’hui qu’elle n’est pas entrée dans l’histoire moderne, qu’elle est la laissée-pour-compte d’une économie mondialisée, d’un monde dont tous les liens s’interpénètrent. En voulez-vous la preuve ?

L’école d’engineering suisse ZHAW a réalisé une animation représentant tous les vols aériens internationaux de notre planète au cours d’une journée de 24 heures. Même si l’on peut débattre de l’intérêt de chacun de ces vols, il n’en demeure pas moins qu’ils représentent des échanges de personnes, managers ou touristes, des échanges d’idées, des échanges de marchandises. Force est de constater que l’Afrique Noire en est exclue.

Une preuve encore ? Cette carte représente la capacité des câbles sous-marins installés sur la planète à usage des télécommunications.

Carte des câbles sous-marins

C’est incroyable comme ces deux cartes sont superposables !! Là encore, l’Afrique noire est exclue.

Alors quand une économiste publie un livre intitulé “Dead Aid: Why Aid Is Not Working and How There Is a Better Way for Africa » que l’on peut traduire par “Pourquoi l’aide n’est pas opérante et comment y a t-il une meilleure voie”, on dresse l’oreille. Quand cette économiste de Goldman Sachs, ancienne consultante de la Banque Mondiale, née en Tanzanie, diplômée d’Oxford et d’Harvard, soutient que l’aide alimente la corruption et empêche le tissu économique de se développer et qu’il faut couper radicalement l’aide d’ici à cinq ans, on en reste le souffle court. Dambisa Moyo développe une argumentation solide prenant pour exemple deux pays (les seuls) à ne pas ou ne plus dépendre exclusivement de l’aide: Afrique du Sud et Botswana. Mais pour cela, il faut mettre en place une administration démocratique, créer des institutions solides, encourager le commerce, l’investissement et la création d’emplois, …

Attendons une traduction française, mais il est curieux de constater que les premiers adversaires de ces thèses soient des “professionnels” de l’aide et notamment Bono (U2).

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Egypte

La France absente de la Foire du Livre du Caire

La nouvelle est déjà ancienne … C’est une amie d’Alexandrie qui m’en a fait part, avec regrets et déception: pour la première fois depuis plus de dix ans, le Centre Français de Culture et de Coopération (CFCC) n’a pas organisé de “pavillon français” dans le cadre de la Foire Internationale du Livre qui s’est tenue au Caire du 21 janvier au 5 février.

Les Pyramides (C)EB

D’après Alif, le magazine francophone d’Egypte , la raison en serait financière et concernerait les montants investis pour la réalisation et la maintenance d’un stand regroupant une petite dizaine de libraires francophones. Un autre grief serait le manque d’implications des dits libraires.

Tout ceci semble bien mesquin. La Foire du Livre, comme son nom l’indique, est une foire incroyablement fréquentée et le seul motif de “visibilité” de notre pays impose que l’on y soit présent. D’ailleurs le site du CFCC le précise bien, mais on peut se demander depuis quand cette page n’a pas été mise à jour !

 »En janvier 2002, la Foire Internationale du Livre du Caire a accueilli plus de trois millions de visiteurs. La France y dispose d’un pavillon autonome consacré à la promotion de sa production éditoriale. Proposant aussi des traductions en arabe de livres français, « le Pavillon français » a vocation à être un carrefour entre les cultures égyptienne et française. »

« Le Pavillon français », animé par le CFCC en partenariat avec la General Egyptian Book Organization, organisatrice de la Foire du livre, se pose ainsi comme un lieu privilégié au sein de cet espace de dialogue et de découverte capital pour la vie culturelle du Caire. Des films francophones y sont diffusés, des animations et des conférences y sont organisées en partenariat avec l’Institut français d’Archéologie Orientale (IFAO) et le Centre d’Etude et de Documentation Economique et Juridique (CEDEJ). En 2002, l’universitaire Michel Schmitt et le dessinateur pour enfants PEF avaient fait le déplacement de France pour donner des conférences et animer des ateliers avec le public. Le CFCC aurait-il abandonné cette “vocation” ? C’est d’autant plus regrettable que le moment d’un tel abandon est bien mal choisi: l’Union pour la Méditerranée est un enjeu important, au sein de celle-ci la coopération culturelle doit primer et … la France et l’Egypte n’en sont-elles pas les deux co-présidentes ?