Catégories
Mali

Guerre au Nord-Mali, une décision grave

Ainsi donc, depuis ce vendredi 11 janvier 2013, la France est engagée dans un nouveau conflit. Un conflit visant à chasser des islamistes terroristes d’un territoire longtemps considéré comme « chasse gardée » de la France. Il n’est pas possible de passer sous silence cette dimension du problème, puisque dans le même temps, la France se retire d’Afghanistan où elle se trouvait pour en chasser les islamistes terroristes ! Alors, pourquoi deux poids et deux mesures ?

Cette question n’est pas la seule à devoir être posée. Notamment « Pourquoi cette précipitation ? » La montée en température a été soigneusement orchestrée comme en chaque occasion depuis le début de ce conflit, et chaque clan a consciencieusement joué sa partition. Les uns paradant en laissant photographier des rangées de pick-up, les autres en dénonçant une marche en avant de milliers de rebelles se dirigeant vers Bamako.

Lorsque la semaine dernière Ansar Eddine a déclaré publiquement qu’il renonçait à la trêve et qu’il reprenait ses actions, il était clair que les prétendues négociations n’auraient jamais lieu, tout simplement parce que personne ne les souhaite. Ou parce que personne n’est à même de représenter de façon qualifiée qui que ce soit. Il n’y a pas d’Etat au Mali ! Et justement parce qu’il n’y a pas d’Etat, l’intervention de la France est immorale ! Et dangereuse !

Ne parlons pas de la vie des otages qui, d’ores et déjà, est compromise. Mais parlons de la démocratie qui disparaît pour longtemps des tribunes maliennes ! Parlons du risque phénoménal de division entre le nord et le sud, même et surtout après une campagne militaire ! Parlons du risque de débordements raciaux entre noirs et arabes, entre noirs et touaregs ! Parlons des séquelles que ne manquera pas de laisser derrière lui cet interventionnisme ! Et enfin, dernier mais pas le moindre, parlons du risque de catastrophe sanitaire et humanitaire lié au déplacement forcé de centaines de milliers de personnes, en Mali du Sud, en Mauritanie, au Niger, au Burkina Faso …

Notre propos n’est pas de trouver la moindre excuse aux islamistes terroristes, puisque tel est désormais leur nom. Il est d’affirmer que la France est fautive de s’embarquer dans ce conflit alors qu’elle n’en a pas le mandat explicite de l’ONU, qu’elle a toujours affirmé haut et fort qu’elle n’interviendrait pas directement et qu’elle n’a fait strictement aucun geste, aucun effort en faveur de négociations.

Nous regrettons ici de nous retrouver sur cette position qu’avec les seuls PC et Parti de Gauche. Nous regrettons qu’une fois encore les partis « classiques » ne sachent pas régler les graves problèmes de notre monde autrement qu’avec la force et l’armée. Nous regrettons … nous sommes en colère !

Voici un extrait d’éditorial publié à Alger voici quelques jours, le 26 décembre exactement, par le quotidien L’expression (http://www.lexpressiondz.com/edito/166267-syrie-mali-face-a-la-meme-equation.html):

« comment peut-on concevoir une intervention militaire étrangère au Mali sans avoir restauré l’Etat?
Sans avoir réunifié les Maliens? Les partisans de la solution militaire jurent que la force africaine sera déployée pour aider l’armée malienne. L’Occident jure qu’il n’enverra pas de troupes à terre mais se contentera d’une aide logistique. Dans quel Etat se trouve l’armée malienne pour accueillir la force africaine et la logistique occidentale? Alors que le bons sens et la démocratie commandent à remettre en place les institutions maliennes, rallier tous les Maliens, y compris ceux qui sont au Nord, pour combattre les mercenaires étrangers regroupés sous divers sigles d’organisations terroristes et qui veulent imposer leur loi à la population.
On ne combat pas des terroristes avec les moyens classiques d’une armée. Notre naïveté nous fait croire que couper les terroristes de la population civile qui aidera l’armée par le renseignement est une condition sine qua non dans le règlement de la crise qui secoue le Mali. Le Mnla et Ansar Eddine représentent précisément cette population civile du Nord. Avec leur concours, le sort des terroristes est scellé. Dans le cas contraire, les forces de la Cédéao vont vers une défaite certaine contre un ennemi invisible et très mobile dans l’immensité du désert. Que se passera-t-il alors? Et c’est là que les va-t-en guerre veulent arriver. C’est sur une telle situation qu’ils appuieront la nécessité d’une intervention militaire directe des troupes occidentales. Pour parvenir à la «sahélisation» programmée. C’est-à-dire délocaliser le terrorisme international de l’Afghanistan au Sahel. »

Le reste du billet faisait référence à la Syrie et nous l’avons retiré de la citation.

Mais cet extrait nous ramène à des interrogations déjà émises:  » »pour quelles raisons ? », « Pourquoi cet acharnement à vouloir intervenir et à tordre les évènements pour mieux le faire ? »

Pas de photo pour illustrer cet article: la guerre ne le mérite pas.

Catégories
Droits de l'homme

Syrie, Egypte, Tunisie, Mali … ou les méfaits de l’ethnocentrisme politique

Monsieur Sikorski est le chef de la diplomatie polonaise. Il vient de s’exprimer (Le Monde du 19/12/2012) au sujet du rôle de l’Union Européenne face à la crise syrienne. Et, en substance, il a dit que ce rôle avait des limites et que si la Fondation Européenne pour la Démocratie qu’il a aidé à créer, avait des millions à donner pour aider la société civile dans les pays arabes, ce devait être pour « soutenir ouvertement ceux qui sont proches des valeurs européennes, car nous voulons que nos voisins se rapprochent de nous ».
Voilà un exemple parfait d’ethnocentrisme politique qui veut que le modèle occidental, européen en l’occurrence, soit la référence absolue de toute évolution et de tout progrès. Lévi-Strauss nous le dirait: il est difficile, voire impossible, de juger l’attitude ou le comportement de son voisin sans faire comparaison avec ce qui est sa propre culture. Mais dans le cas présent, il ne s’agit même plus de comparaison, mais de demande d’assimilation du modèle européen. Nous doutons fort que ce langage puisse être entendu, quelle que soit la tendance de l’interlocuteur arabe: islamiste, gauchiste ou libéral. Une telle attitude de la part d’un diplomate européen est donc totalement vide de sens … et d’intérêt.

Ce diplomate n’est pourtant pas seul à resservir inlassablement le même discours. En Egypte (et nous en avons déjà parlé) (Journaliste-ou-militant-deux-exemples-récents-les-riches-et-l-islamisme), l’envoyé spécial du Monde, « spécialiste du Proche-Orient », poursuit ses analyses personnalisées par un point de vue subjectif souvent insupportable. C’est ainsi qu’on le lit dans une « analyse » du vote des femmes au Caire contre la nouvelle constitution, vote d' »une partie des citadines éduquées » qui votent « non parce que les droits des femmes ne sont pas mentionnés en tant que tels dans la nouvelle constitution, non parce le droit à l’éducation des filles a été effacé, non parce que j’ai peur que l’article qui fait des femmes les « garantes de la famille » serve à me mettre au chômage ou à m’obliger à travailler moins d’heures ».
Aujourd’hui, nouvelle diatribe contre la constitution au motif qu’un copte militant des nouveaux droits civiques risquera une peine plus sévère si la nouvelle constitution est adoptée, puisqu’il est accusé d' »insulte au prophète ». Amalgame facile puisque sa première condamnation porte sur le « dénigrement des religions ».

Alors, puisqu’il le faut, parlons de cette constitution. Non sans avoir souligné qu’en Egypte, comme en France, le texte d’une Constitution est toujours à relativiser quelque peu. Notre Constitution est-elle appliquée à la lettre ? Et parlons de ce que personne ne dit. Tous les commentateurs relèvent à l’envie les formulations ambiguës au sujet des « traditions égyptiennes » et en concluent que pourraient en faire partie l’excision et les mutilations génitales féminines (Alexandrie-Excision) ! Tous les commentateurs relèvent l’absence de droits spécifiques pour les femmes et en concluent que leur serait interdit le droit d’ester en justice.
Mais combien de commentateurs soulignent les avancées de ce texte ?

  • la limitation de durée du mandat présidentiel,
  • la création d’un régime semi-présidentiel. Si le président y reste fort, son pouvoir est rééquilibré par l’Assemblée du Peuple qui contrôle la nomination du gouvernement et peut le renverser. Le président ne peut dissoudre cette Assemblée du Peuple que par référendum.
  • l’égalité des hommes et des femmes y a été supprimée au bénéfice d’un article stipulant que tous les égyptiens sont égaux,
  • la liberté d’expression et de presse est garantie (art 45),
  • la détention arbitraire est interdite (art 35),
  • la torture et les traitements inhumains sont interdits (art 36),
  • l’espionnage des communications privées est interdit (art 38),
  • la liberté religieuse est garantie (art 43),
    De façon parfois regrettable, le texte s’entoure de considérations susceptibles de limiter l’effet de ces réelles avancées. C’est ainsi qu’un art 44 interdit l’injure au prophète et un art 31 l’injure aux individus. Voilà bien des procès en perspective !
    La liberté religieuse ne s’applique qu’à trois religions: celles du Livre, les autres sont oubliées.
    Enfin, la charia y est déclarée « source principale de la législation » et non « source unique du droit ». Cette formulation est en elle-même porteuse de modération et le fait d’avoir confié à l’université Al Azhar le soin de préciser ces principes de la législation est tout à la fois inquiétant parce qu’intervient une structure religieuse non élue, et positif en ce sens que l’université Al Azhar se caractérise souvent par des positions progressistes.

    Et là est la vraie question à laquelle l’ethnocentrisme occidental n’aide pas à apporter une réponse. En Egypte, les « révolutionnaires » et les libéraux se plaisent à accuser Morsi de faire double jeu et de tenir double langage. Il ferait mine de développer des positions à minima réformistes et, par derrière, il laisserait agir les salafistes en vue de la création d’un état intégriste.
    Cette analyse ne tient pas debout. Mohamed Morsi a besoin de développer son pays, sous peine d’être renversé par la colère du peuple qui a faim et qui veut du travail. Mohamed Morsi a besoin de l’appui occidental, de l’argent de la Banque Mondiale, de celui des USA. Mohamed Morsi a besoin de jouer un rôle actif dans toute la région proche-orientale, afin que son pays conserve, si possible, les positions et la stature acquises au cours des dernières décennies.
    Au contraire d’un double jeu, on assiste à une lutte fratricide et implacable entre les fractions islamiques, la « plus ou moins progressiste » et la « radicale » ! Et l’Occident serait bien inspiré de le comprendre rapidement afin d’aider Morsi, ne serait-ce que temporairement et dans le respect des formes démocratiques, à neutraliser les plus radicaux afin que le pays se redresse.
Pro et anti-Morsi face à face (C)Maya Alleruzzo/AP-SIPA

Un ethnocentrisme comparable préside aux jugements relatifs à l’évolution de la Tunisie où Ennahda est, de façon comparable, soupçonné de « double jeu ».

Raisonnement déjà identique au Mali. La France vient d’obtenir une résolution auprès des Nations Unies, laquelle résolution autorise une éventuelle intervention militaire dans le Nord-Mali, limitée dans sa durée à un an, et n’ayant pas lieu avant septembre 2013. D’ici là, l’ONU renouvelle la nécessité de tout faire pour régler le problème par la négociation. Cette résolution a été obtenue de justesse, tant les USA sont réticents à l’égard de ce projet militariste. L’ambassadrice US à l’ONU a été jusqu’à qualifier le projet français de « merde » (http://www.slateafrique.com/100157/mali-quand-washinton-critique-plan-de-la-france).
Ansar Eddine et le MNLA viennent de renouveler leur engagement à cesser le combat et à négocier, voire à prendre en charge la question de l’AQMI.
Qui les écoute ?
Pas la France, pas l’Europe qui préfèrent s’engager dans la voie militaire et passer sous silence l’ardente « obligation de négocier ».
Pas l’Afrique de la CEDEAO, pas le Mali où se préparent des milices qui veulent aller « chasser le touareg ».
Et puis, avec qui peuvent-ils négocier ?
Il n’y a plus de pouvoir au Mali ! Et le capitaine Sanogo tire toujours les ficelles ! (http://www.rfi.fr/afrique/20121212-mali-reperes-principaux-acteurs-crise).

Il y a urgence à intervenir, non pour la guerre, mais pour la négociation, pour la reconnaissance du fait touareg, pour la recherche d’une entente sur un territoire immense, pour l’aide à un développement commun dans lequel pays et populations ne seront pas « oubliés ».
Pour cela, sans doute faut-il que l’Europe et ses diplomates (dont la France) réfléchissent avec d’autres arguments que leur paresse ethnocentrique.

Catégories
Afrique

Que peut apporter la France lors de sa visite en Algérie

Les 19 et 20 décembre prochain, François Hollande sera en visite officielle en Algérie. Il s’agit là d’une visite politique et d’une visite à hauts risques. Les attentes des Algériens sont nombreuses et ils ne se satisferont pas de la restitution prévue des Clefs d’Alger remises en 1830 par le dey Hussein lors de la capitulation de la ville. Alger attend de cette visite un effort quant à la « mémoire » et à la présentation des évènements de près d’un siècle et demi qui ont suivi cette colonisation.
Ils attendent également que la France prenne -enfin- une position courageuse en ce qui concerne l’avenir du Sahel et donc l’avenir de tous les pays limitrophes: Algérie bien entendu, mais aussi Maroc, Tunisie, Libye, Niger, Mali, Burkina Faso, Mauritanie.

Dans un précédent billet (Nord-Mali:-les-positions-bougent), nous estimions que les « lignes » bougeaient. Est-ce bien sûr ? Ou, au contraire, nous trouvons-nous face à un durcissement des positions ?
D’un coté, les opposants à une intervention militaire au Nord-Mali viennent de se trouver renforcés par une prise de position ferme de la Tunisie qui « soutient l’approche algérienne et rejette totalement l’option d’une intervention militaire ». La Tunisie désire que soit « privilégié le règlement par la négociation des problèmes religieux, ethniques, sociaux et politiques entre le Nord et le Sud du Mali ».

Sur l’autre bord, à Bamako, une coalition de partis et d’associations maliens refuse toute négociation au motif que les touaregs ne sont pas représentés par le MNLA et que, de toutes façons, « ils sont minoritaires au sein de la population du Nord ». Un méthode pour rejeter toute tentative de dialogue qui pousse certains commentateurs à employer des expressions radicales visant à « solutionner la question touarègue ». Voilà qui augure bien mal du climat d’un éventuel conflit militaire dans le Nord-Mali !

Entre les deux, l’Europe, dont la France, qui se « prépare » à une option militaire et qui ne tient la négociation que pour partie très négligeable. La position de François Hollande n’a guère évolué depuis octobre, alors même qu’il expliquait que l’intervention était inévitable et qu’il se faisait fort de convaincre l’Algérie de cette « évidence »: « L’Algérie regarde avec méfiance une possible intervention ? A moi de rassurer l’Algérie ». »
Et puis l’ONU, dont le Secrétaire Général s’éloigne de plus en plus de l’approbation d’une opération armée, suivant en cela les recommandations de son envoyé spécial Romano Prodi. Ban Ki-Moon ne parle désormais que d’une « intervention nécessaire en dernier recours » et probablement pas avant septembre 2013, ce qui entraîne la fureur des ministres de la CEDEAO qui considèrent que cette attitude est « déphasée et en-deçà des attentes ».

Ban Ki-Moon (DR)

Plutôt que de se réfugier dans l’attentisme guerrier, la France ne pourrait-elle pas prendre l’initiative et favoriser le dialogue entre toutes les parties en prenant à son compte les recommandations tunisiennes ? Les problèmes religieux, ethniques, sociaux et politiques ont toujours été négligés dans cette partie du monde. Les accords, de paix souvent signés avec la médiation de l’Algérie, entre Sud et Nord-Mali, n’ont jamais été suivis de mise en application. Les entreprise françaises, Areva comme Total ou d’autres, ne sont pas réputées pour se comporter avec un esprit de coopération. Ne pourrions-nous mettre en avant un médiateur sachant parler de la coopération juste ? Il est des ministres qui savent parler aux entreprises en ce qui concerne l’emploi, ne peut-il se trouver un ministre qui sache demander aux entreprises opérant dans le Sahel d’employer des personnels issus de la population locale, de les former à des métiers qualifiés, de participer au développement local des pays d’action (routes, équipements sociaux et culturels, santé …), d’associer les gouvernements locaux à la gestion des équipements et au partage équitable des revenus, … ?
Le Nord-Mali est actuellement une « zone de non-droit » tout comme le sont (toutes proportions gardées) certaines de nos banlieues. Et comme dans nos banlieues ce n’est probablement l’intervention policière d’un coté, ou militaire de l’autre, qui apportera une solution durable et acceptable par tous. Considérer que les populations touarègues ne doivent que se taire parce qu’elles sont minoritaires relève d’une faute politique impardonnable et surtout lourde de dangers.

En fait, si la France doit apporter des clés dans ses bagages pour l’Algérie, ce sont avant tout les clés d’une solution politique des questions sahéliennes.

Catégories
Mali

Nord-Mali, les positions bougent

Sans qu’il soit possible d’en tirer déjà des conclusions formelles, force nous est de constater que les positions des uns et des autres (Au-Mali:-chroniques-d-une-guerre-annoncée) bougent … et bougent vite.

Tout d’abord, les Etats-Unis, que l’on savait déjà « dubitatifs » à l’égard d’une intervention militaire au Nord-Mali, viennent de publier une estimation des forces djihadistes (http://www.romandie.com/news/n/_Nord_du_Mali_le_noyau_dur_des_jihadistes_estime_entre_800_et_120097141120121818.asp?) sur le terrain. Et nous sommes bien obligés de constater que les chiffres de 6000 combattants, et davantage, ne relèvent que d’une habile communication destinée à faire passer l’action militaire comme incontournable. Le Commandant de l’Africom, Forces Armées américaines en Afrique, le Général Carter Ham, estime entre 800 et 1200 le noyau dur des combattants djihadistes. Le reste ne serait constitué que d’aventuriers qui s’égayeront rapidement dans le désert à la première escarmouche. On savait déjà que les centaines de combattants annoncés, venus de toute l’Afrique et du Proche-Orient, n’étaient que vue de l’esprit. On sait désormais que les forces islamistes radicales ne sont pas celles que l’on annonce et qu’une opération de police et de remise en ordre pourrait suffire à ramener un peu d’ordre sans qu’il soit besoin d’une intervention militaire.

Ensuite, les pourparlers vont bon train. MNLA et Ansar Eddine (http://www.lefaso.net/spip.php?article51320&rubrique361) se sont retrouvés ensemble au Burkina Faso. Ansar Eddine avait déjà lancé un appel à la cessation totale des hostilités. Tous se sont entendus sur la poursuite des négociations dont le cadre fixé par la partie burkinabée comprend « la libre circulation des personnes et des biens, la reprise des activités sociales et économiques, le retour des personnes déplacées ou réfugiées, le respect des libertés fondamentales, le rejet du terrorisme et de la criminalité transfrontalière ».
Dans le même temps, il apparaît que le MNLA, que d’aucuns accusaient de n’être représentatif de rien, ait cherché aujourd’hui même à se donner une meilleure assise sur le terrain en affrontant le Mujao (http://www.siwel.info/Azawad-combats-entre-les-touaregs-du-MNLA-et-les-islamistes-du-MUJAO_a4245.html) (affilié à AQMI) et en reprenant la région de Gao, dont il avait été chassé par le même Mujao le 27 juin dernier. Ce soir, les combats ont cessé, chacun proclamant la victoire !…

Membres d’Ansar Eddine à Ouagadougou (C)Yempabou Ahmed Ouoba


Enfin, dernier élément de réflexion: la France elle-même infléchit légèrement ses positions. Lors d’un récent entretien avec le Président par intérim du Mali, François Hollande (http://www.afrik.com/mali-francois-hollande-prone-le-dialogue-avec-les-islamistes) a demandé que soit « intensifié le dialogue avec les représentants des populations du nord-Mali qui rejettent le terrorisme ». Sans renoncer à s’engager sur un soutien à une intervention militaire, il y a là un ton nouveau qui n’est pas à négliger.
Mais peut-être faut-il trouver une explication à ces mouvements et à ces déclarations dans le fait qu’une opération militaire devient de plus en plus improbable. Le commandant américain de l’Africom parle de « mois, et non de semaines » pour mettre sur pied une armée équipée, efficace et organisée digne de ce nom. A ce moment-là, le désert ne sera plus qu’une fournaise et aucune armée ne s’y risquera plus.