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Culture numérique

TIC d’Afrique

C’est un itinéraire en quelques clics que je viens de réaliser et qui mérite d’être rapporté.

Tout d’abord, grâce à une “alerte Google”, j’ai fais la découverte du blog “Africascopie » (http://africascopie.blog.lemonde.fr/) réalisé par Jean Abbiateci et Antonin Sabot. Ils sont deux journalistes qui, pour le compte du Monde.fr, sont allés de Bamako à Dakar, du 19 octobre au 7 novembre, pour explorer, analyser, comprendre les conséquences des TIC dans le quotidien des africains.

(Je note au passage que l’efficacité du référencement des blogs du Monde est telle que ce n’est qu’aujourd’hui 8 novembre qu’une “alerte Google” exclusivement axée sur le mot Mali, me signale ce blog, alors qu’il existe depuis le 2 octobre 2009 et que le mot MALI est le plus gros de son nuage de tags !!).

Je vous laisse découvrir “Africascopie “, mais j’en retiens immédiatement deux infos qui complètent et renforcent mes récents commentaires (Les-câbles-de-l-Afrique):

  • l’utilisation de plus en plus subtile des techniques de la communication, internet ou téléphone portable, pour de multiples nécessités de la vie de tous les jours ou de l’activité économique (gestion des commerces, recherche de bétail égaré, traçabilité des mangues (!), sensibilisation sanitaire, …),
  • le coût toujours élevé de l’abonnement téléphonique ou de la connexion internet.

Au fil des posts, une découverte. Celle de Boukary Konaté (http://www.maneno.org/fra/member/boukarykonate/) , dont le blog “Fasokan » (http://fasokan.wordpress.com/category/francais/) aborde lui aussi le rôle et l’impact d’internet en Afrique. « Je suis beaucoup plus intéressé par la prise en compte des langues africaines dans le domaine des NTIC et de permettre une liaison linguistique entre tous les pays du monde à travers des échanges sur les blogs. Si c’est à travers la langue que l’homme exprime sa pensée, si c’est à travers la langue que l’homme communique avec les autres, si la langue est un des grands repères de la sauvegarde de la culture, alors chaque langue a sa place dans le domaine des NTIC pour un échange d’expérience et de culture ».

(C) Boukary Konaté

Mettant en pratique cette profession de foi, Boukary Konaté nous propose le blog “Fasokan ” en bambara (http://fasokan.wordpress.com/), en anglais et en français. Pour ma part, mettant en pratique cet appel à l’échange d’expérience et de culture, j’ajoute Fasokan à mes liens. Bienvenue.

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Economie

L’étain d’Ebullio

Petit moment de satisfaction à la lecture du Monde ce matin, d’autant plus que le message reçu n’est pas totalement conforme à l’opinion économique majoritaire du journal. Marc Roche nous y apprend que la fonds spéculatif Ebullio Capital Management contrôle aujourd’hui 90% du marché de l’étain. Cette main-mise serait à l’origine d’une envolée des prix de ce métal dont le cours est passé de 9700 $ fin 2008 à 15000 $ à ce jour.

Passons sur cette information partielle puisqu’il faut rappeler que l’étain cotait 6500 $ en janvier 2006, 13000 $ en février 2007, 16500 $ en décembre 2007 et 25000 $ en mai 2008, avant de s’effondrer, crise oblige. Il ne fait aujourd’hui que remonter, comme toutes les matières premières.

Mais là où l’article devient franchement intéressant, c’est qu’il nous explique que si Ebullio a mis la main sur l’étain, c’est parce qu’il sait que l’excédent ponctuel actuel de ce métal ne saurait durer. Et que la demande asiatique va augmenter ! Et que l’offre chinoise, indonésienne et péruvienne va diminuer ! “Les prix ne peuvent alors que grimper”. Bingo pour Ebullio !!

Circuit imprimé (C)NETgraphiste

Conclusion. Ce ne sont pas les spéculateurs qui font monter les cours. Ils ne font que profiter des situations économiques. Comme les mouches à merde, ils profitent de la situation, ils l’aggravent sans doute, mais ils ne la créent pas.

Seconde conclusion. Il en est exactement de même pour le pétrole qui, fin 2010, début 2011, redeviendra “rare”. La crise sera probablement finie, mais le pic de production pétrolière sera là et bien là. Ce jour-là, le pétrole sera cher, très cher mais il ne servira à rien d’accuser les spéculateurs. C’est aujourd’hui qu’il faut prévoir demain et réduire nos consommations.

Qu’on me comprenne bien: je ne dis pas cela pour défendre les spéculateurs. Mais je suis convaincu qu’un problème bien posé est un problème bien compris, auquel on peut apporter une solution.

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Divers

20 000 visites en deux ans

20 000 visites en deux ans. C’est la fréquentation, à quelques dizaines près, de ce blog. Faut pas croire que c’est beaucoup ! Ça ne fait jamais que 27 visites par jour en moyenne ! Une seule satisfaction: la première année, la fréquentation ne dépassait jamais 20 visites quotidiennes. Actuellement, elle tourne autour de 100 et dépasse parfois (oh rarement) ce chiffre.

Voilà de quoi vous rendre modeste si vous comptiez sur votre blog pour accéder à la célébrité. Ceci dit, je suis quand même un peu déçu et j’ai tenté une analyse des raisons qui freinent une meilleure diffusion de mes minces propos.

Les premières explications sont à l’évidence à rechercher de mon coté.

1°) Je n’écris pas assez souvent. De 2 à 5 fois par mois, c’est très probablement insuffisant pour laisser une trace détectable par les moteurs d’indexation. Mais, je ne suis pas addict, même si je pense avoir de quoi m’exprimer. Et puis, je veux également vivre d’autres occupations, d’autres engagements, d’autres loisirs …

2°) Les thèmes que je développe sont trop nombreux et trop différents les uns des autres. C’est également une raison probable, bien que je n’ai jamais rencontré d’augmentation notable de la fréquentation lorsque j’ai rédigé toute une série d’articles sur le Mali et les questions de la salubrité.

3°) Mes mots-clé ne sont pas les meilleurs ? J’ai tout essayé, en renouvelant à plusieurs reprises ma liste de mots-clé. Que l’on choisisse des mots pointus et très spécifiques ou des mots génériques (Afrique …), cela ne change pas grand-chose non plus.

Voilà pour les reproches que je me fais.

Il est aussi des reproches que je fais au  »Monde » qui héberge ce blog.

1°) Quoi qu’en laisse penser la présentation de la page “blog”, l’expérience montre qu’il n’y a pas vraiment de “promotion” ou de “publicité” pour les blogs banals des lecteurs. Toute la communication est centrée à la fois sur les blogs invités, à peu près toujours les mêmes, et sur les blogs des rédacteurs et journalistes. D’ailleurs, on peut là se poser la question du bien-fondé de cette collusion (collision) entre le journalisme et l’opinion personnelle. (Mais il en est déjà la même chose avec les éditoriaux ou billets d’humeur, comme celui d’Hervé Kempf, par exemple).

2°) Je ne sais pas comment est fait le référencement des blogs du  »Monde ». Depuis plus de deux ans, j’utilise les services de Google Alert (http://www.google.fr/alerts) pour être informé sans délai de ce qui peut m’intéresser. Par exemple, l’alerte sur les mots “Afrique, Mali” m’annonce systématiquement et sans délai la parution d’un post chez mon ami Helsens (http://mali.blogs.liberation.fr/helsens/). Ou la publication d’un post sur ce thème chez Catherine Coroller (http://immigration.blogs.liberation.fr/coroller/). En ce qui concerne mon blog sur  »Le Monde », jamais la moindre citation, jamais !! Deux quotidiens différents, deux gestions bien différentes.

J’ai fait le test. Il y a 10 posts sur mon blog qui ont, entre autres, ces trois mots-clé: “Afrique”, “Mali” et “déchets”. Faites une requête sur Google avec ces trois mots. Vous trouverez 66100 références ! Dans les 300 premières (après plus personne ne cherche !!), il n’y a aucune des miennes … mais il y a le Toubabou (http://mali.blogs.liberation.fr/helsens/) qui ne parle pourtant des déchets qu’incidemment … Mais ça marche mieux pour les images ..

Malienne triant des déchets (C)Erik Just

3°) Enfin, même si nous écrivons sous DotClear, il s’agit d’un DotClear bien muselé. En effet, il n’est pas possible d’inclure des méta-balises dans nos pages de façon à “accrocher” l’attention des moteurs de recherche.

Bref, dans quelques années, peut-être qu’un petit buzz se fera autour du blog de Thermopyles … En attendant, je me console car j’ai au moins UN Lecteur régulier. Depuis plus d’un an, c’est quotidiennement qu’un obsédé tape la requête suivante “bagarre fille déshabillée” et se retrouve ici| (Quelle(s)-fréquentation(s)-!!!) sur mon site. Qui dira que je ne suis pas référencé ? Mais à cet obsédé-là, je dirais volontiers que sur Google, pour des recherches de ce genre, il faut sélectionner “images” !!

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Développement solidaire

Faut-il mettre un terme à l’aide à l’Afrique ?

Illustrant un récent supplément du Monde consacré à la “Consommation durable”, ce beau dessin de Cagnat cherche à illustrer une thèse récente développée par les décroissants: il nous faut consommer local.

(C) Cagnat

C’est ainsi que le premier maraîcher illustré est originaire de la Sarthe et nous propose des panais et des topinambours, alors que ses voisins offrent à la vente des ananas de Côte d’Ivoire, des pamplemousses des Bahamas, des mangues du Pérou, des bananes de Martinique, du raisin de Sicile, …

Même si cette théorie semble positive du point de vue de l’impact carbone que nos consommations peuvent engendrer, elle n’en demeure pas moins difficile à manier, voire dangereuse. Tout d’abord, rappelons que la Martinique est un département français et que ne plus consommer ses bananes, c’est probablement la priver de revenus non négligeables. Dire cela, c’est cependant accepter qu’il peut en aller différemment avec les productions agricoles des pays étrangers à la France. Cela n’est qu’une forme de protectionnisme.

Et d’ailleurs, pourquoi s’arrêter à nos consommations de fruits et légumes ? Le même raisonnement peut s’appliquer à d’autres ressources. Pourquoi importer du coton du Mali ou d’Egypte alors que l’on peut développer la culture du lin dans les plaines du nord ?

Dans des pays qui ont des économies difficiles, nous ne ferons qu’introduire un peu plus d’instabilité. D’autant plus qu’à l’inverse nous continuerons de leur vendre nos productions, voire même nos produits agricoles. Encore une fois, la décroissance ne saurait se résumer à une somme de comportements individuels totalement déconnectés d’une démarche politique et économique globale. Sur le point précis de la consommation alimentaire, il serait déjà bien de n’acheter que les produits régionaux quand des productions identiques parviennent du bout du monde. En clair, privilégier les fraises de France aux fraises d’Espagne, les poires de France aux poires d’Argentine, l’agneau de France à l’agneau de Nouvelle-Zélande. Mais, de grâce, continuons à manger des oranges, des pamplemousses, des mangues et des papayes, à boire thé et café, …

Revenons à l’Afrique qui fait l’objet de notre titre. La crise engendre une multitude de réflexions et d’analyses. Mais le G20 a t-il abordé les questions de la croissance des pays pauvres et de la lutte contre la pauvreté ?

Dans un livre passionnant “Le Monde d’après. Une crise sans précédent” (Ed. Plon), Mathieu Pigasse et Gilles Finchelstein s’essaient à dessiner ce que sera le nouveau monde. Les BRICO’s (Brésil, Russie, Inde, Chine et Other’s) y joueront un rôle premier. Les Other’s sont la Turquie, le Mexique, l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Indonésie, le Vietnam. Ils joueront un rôle premier parce que dès cette année, ce n’est que chez eux que se concentrera la croissance économique. Parce que d’ici 2025, ce n’est que chez eux que se concentrera la croissance de la population. Et parce que dès à présent, ils acquièrent la technologie. A l’exception du Nigeria (et de l’Afrique du Sud, cas plus particulier), nous n’y voyons pas l’Afrique Noire.

Plus récemment, le 16 avril, Le Monde (toujours) a organisé une confrontation entre Thérèse Delpech, Directrice des Affaires Economiques au CEA, et François Heisbourg, Directeur de l’International Institute for Strategic Studies of London, sur la thématique suivante: “Penser le monde de l’après-crise“. A la question “Quels sont les perdants évidents de la crise ?”, François Heisbourg cite une première catégorie de petits pays très exposés qui ont joué un grand rôle dans la mondialisation: Singapour, Taïwan, Dubaï, Irlande, les petits pays de la nouvelle Europe, … Puis un second groupe des grands monoproducteurs peuplés: Russie, Iran, Venezuela (on retrouve là ce que certains ont appelé les “pétro-oligarches”). Enfin, la troisième catégorie est celle des grands pays très peuplés et, déjà auparavant, très vulnérables: Egypte, Algérie, … Là encore, nous n’y voyons pas l’Afrique Noire.

Alors débattre d’un certain discours qui ne mérite ni éloges, ni opprobre, est vraiment à coté de la plaque ! Il y a longtemps que l’Afrique Noire est mal partie (René Dumont 1962) et il est certain aujourd’hui qu’elle n’est pas entrée dans l’histoire moderne, qu’elle est la laissée-pour-compte d’une économie mondialisée, d’un monde dont tous les liens s’interpénètrent. En voulez-vous la preuve ?

L’école d’engineering suisse ZHAW a réalisé une animation représentant tous les vols aériens internationaux de notre planète au cours d’une journée de 24 heures. Même si l’on peut débattre de l’intérêt de chacun de ces vols, il n’en demeure pas moins qu’ils représentent des échanges de personnes, managers ou touristes, des échanges d’idées, des échanges de marchandises. Force est de constater que l’Afrique Noire en est exclue.

Une preuve encore ? Cette carte représente la capacité des câbles sous-marins installés sur la planète à usage des télécommunications.

Carte des câbles sous-marins

C’est incroyable comme ces deux cartes sont superposables !! Là encore, l’Afrique noire est exclue.

Alors quand une économiste publie un livre intitulé “Dead Aid: Why Aid Is Not Working and How There Is a Better Way for Africa » que l’on peut traduire par “Pourquoi l’aide n’est pas opérante et comment y a t-il une meilleure voie”, on dresse l’oreille. Quand cette économiste de Goldman Sachs, ancienne consultante de la Banque Mondiale, née en Tanzanie, diplômée d’Oxford et d’Harvard, soutient que l’aide alimente la corruption et empêche le tissu économique de se développer et qu’il faut couper radicalement l’aide d’ici à cinq ans, on en reste le souffle court. Dambisa Moyo développe une argumentation solide prenant pour exemple deux pays (les seuls) à ne pas ou ne plus dépendre exclusivement de l’aide: Afrique du Sud et Botswana. Mais pour cela, il faut mettre en place une administration démocratique, créer des institutions solides, encourager le commerce, l’investissement et la création d’emplois, …

Attendons une traduction française, mais il est curieux de constater que les premiers adversaires de ces thèses soient des “professionnels” de l’aide et notamment Bono (U2).