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Mali

Sumaya

Sumaya, en bambara, c’est le paludisme (Le-Mali-enregistre-un-taux-d-incidence-de-paludisme-de-191-pour-1000). Le Mali a ceci de bien et de fort honnête, c’est qu’il n’hésite pas à publier les statistiques les plus précises. Encore aujourd’hui, c’est le paludisme qui en est l’objet. Le Ministre malien de la santé nous informe que les cas de paludisme recensés en 2008 ont été au nombre de 1.012.730, représentant quelques 37,5% des motifs de consultation dans les centres de santé et, malheureusement, la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans.

Le paludisme au Mali a tué 227 fois en 2008.

Pour mémoire, en 2005, 962.706 cas avaient été comptabilisés (36% des consultations).

Tanzanie 2006-Contrôle des moustiquaires (C)John Stanmeyer

“Combattre le sida, le paludisme et d’autres maladies”, cela constitue le 6° des Objectifs du Millénaire pour le Développement, plus précisément la Cible 10: « d’ici à 2015, enrayer la progression du paludisme ».

Dans son rapport de mars 2009, le PNUD Mali (Programme des Nations-Unies pour le Développement) estime que la diminution du nombre de cas de paludisme fait partie des “scénarios tendanciels très pessimistes à l’horizon 2015″.

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Ecologie

Trois ans pour sauver le monde

Lorsque l’on débat des questions de l’environnement et de l’avenir de la planète, la discussion et les interrogations en arrivent toujours à ce point d’écueil: “Mais alors, que faut-il faire ?”

Reconnaissons que, bien souvent, les propositions qui nous sont faites, généralement par les médias, manquent de crédibilité et de caractère démonstratif et probant. Les hommes n’ont pas envie d’agir sans savoir si leur voisin n’agit pas, aussi, dans la même direction. Mon récent post (Envoyé-Spécial-chez-les-décroissants) relatif à “Envoyé Spécial” moquait le coté caricatural de comportements tenus par des “décroissants”. Ce qui en ressortait avant tout était l’aspect individualiste de chaque comportement, se voulant de surcroit messianique. Une évolution des mentalités ne se fera qu’avec la participation et la conviction d’une MAJORITE des gens. il s’agit donc d’un mouvement qui doit être collectif.

Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean viennent de publier (en janvier, aux Editions du Seuil) un remarquable ouvrage. “C’est maintenant. 3 ans pour sauver le monde”.

Trois grandes parties dans ce livre. Tout d’abord un inventaire de toutes les bonnes et mauvaises raisons, explications, justifications qui autorisent que l’on ne fasse rien. Mais pas de description apocalyptique. Les auteurs ne croient pas à la vertu pédagogique des catastrophes pour faire bouger le monde. Ils ont la grandeur de croire davantage à l’intelligence et à la prise de conscience.

Seconde partie. Où l’on retrouve la finance et sa main-mise sur le monde. Ici nait une parabole qui deviendra le fil rouge de ce bouquin: celle des deux énarques pascuans (de l’Ile de Pâques). Celui qui ne savait pas compter mais qui savait entretenir les richesses de l’île, bois et poissons, en veillant à leur juste consommation et à leur nécessaire renouvellement. Et celui qui savait compter et qui créa le PIB pascuan, traduction du nombre d’arbres abattus et de poissons péchés, un PIB qui se devait de toujours croître. Cet énarque plaça ces richesses en bourse et invita à spéculer sur la croissance de leur production en oubliant tout simplement la simple reconstitution des stocks. De dérive en dérive, il en est venu spéculer sur l’argent (les coquillages) censé représenter les richesses que sont les arbres et poissons. Cette parabole est malheureusement exacte et les touristes qui visitent l’Ile de Pâques savent ce qu’il reste de cette culture: rien ou quasi.

Ici, pas d’imprécations contre le capitalisme ou les capitalistes, mais une pédagogique démonstration que la dérive est vieille … comme le monde et que nous, comme les pascuans,ne savons pas la voir à temps.

Enfin, une troisième partie ironiquement appelée “Y’a plus qu’à”. Façon d’introduire un catalogue raisonné, raisonnable et collectif, ou communautaire si vous voulez, au sens de la communauté de tous les hommes.

Il s’y trouve des comportements pour chacun, bien entendu, mais aussi des guides pour des choix politiques, des orientations économiques dont nous pouvons nous inspirer dans nos commentaires quotidiens et sans doute demain lors des élections européennes.

  • Introduire à tous les niveaux de décision un contrôle du coût énergétique de tout ce qui est entrepris ou construit, avec priorité à la réduction de ce coût.
  • Taxer l’énergie en faisant évoluer les permis d’émission de CO2.
  • Déconcentrer les villes, réaménager le territoire, reconstruire le tissu rural, …
  • Isoler les logements, tous les logements, y compris ceux des parcs HLM.
  • Réduire l’usage de la voiture, en termes de vitesse, kilométrage parcouru, énergie consommée, …L’objectif est celui d’une voiture confortable, relativement petite et consommant près de 1 litre aux 100 km. Réduire également l’usage de l’avion.
  • Utiliser l’Europe pour harmoniser politiques et législations, d’autant que le Traité de Lisbonne permet d’aborder les thèmes du développement durable, du commerce équitable, de l’élimination de la pauvreté, ..
  • Définir une politique industrielle de développement de nouvelles technologies: stockage de l’électricité, biomasse, ..
  • Réduire la consommation de viande et singulièrement de viande bovine.
  • Encourager l’Europe à dégager les financements d’un Plan de Développement Environnemental en jouant du critère d’exception (comme pour les banques !) afin de ne pas augmenter le déficit.
  • Remettre l’OMC sur la voie de négociations honnêtes afin de limiter le commerce international sur des principes environnementaux, tout en favorisant des règles d’égalité entre tous les pays.
  • Tenir les comptes des nations avec un autre outil que le PIB. Un outil tenant compte à l’actif des richesses naturelles y compris le patrimoine humain, et au passif des pollutions, exploitations, destructions, …
  • Changer de métier, réhabiliter le travail manuel, celui de l’agriculteur, du petit commerçant, de l’artisan.

Ces propositions n’ouvrent pas à une France des années cinquante comme se plaisent eux-mêmes à la présenter certains “décroissants”. Non, ce peut être un pays moderne et dynamique, inclus dans une Europe moderne et dynamique, curieuse à faire toujours mieux avec toujours moins d’énergie et de déchets.

Ces propositions sont à lire.

D’urgence.

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Ecologie

Consommation ou investissement ?

Samedi 14 février, “Le Monde” titrait en première page “Faut-il privilégier la relance par la consommation ?”

Dans deux jours vont s’ouvrir les rencontres (négociations ?) annoncées par le Président de la République quant à la relance économique et la nature des débats majoritaires laisse entrevoir un affrontement dans le plus pur style franco-français. relance par la consommation contre relance par l’investissement, gauche et extrême-gauche contre la droite, patronat et cercles économiques contre les syndicats. Or, la situation est infiniment plus complexe et ne se satisfera pas de jugements aussi catégoriques.

Il est évident que chaque stratégie présente ses avantages et ses inconvénients. Relancer par l’investissement dope l’activité économique de nos entreprises, mais la mise en œuvre en est longue et la capacité de réaction de l’industrie est peut-être trop faible … Relancer par la consommation apporte un pouvoir d’achat quasi immédiat, mais qui ne touche pas forcément les vrais besoins (réduction d’impôt n’aide que ceux qui en payent !), va se “perdre” en économies ou favoriser des biens produits hors d’Europe …

Mais tous les économistes et tous les analystes, qu’ils soient de droite ou de gauche, patronaux ou syndicaux, font la même impasse sur leur réflexion.

Relancer l’activité économique, d’accord !! Mais pour quelle économie ? Pour quelle production industrielle ? Pour quelle consommation ? En clair, pour quelle croissance ou pour quelle décroissance soutenable et acceptée ?

Musée du Vatican Escalier hélicoïdal

Si l’on accepte que toutes les choses (toutes les crises) sont liées, qu’il y a résonance entre l’inflation pétrolière du premier semestre 2008 et la crise financière du second semestre (et de maintenant …), si l’on admet que la consommation doit être réorientée afin d’économiser les ressources en énergie, alors le débat n’est pas l’investissement OU la consommation, mais il est bien l’investissement ET la consommation.

  • Pour favoriser les familles qui voudront changer leur voiture pour un modèle qui consomme moins de 3 litres aux 100 km, pour que les constructeurs y répondent favorablement et rapidement et pour que l’état verse une prime au démantèlement du véhicule gourmand.
  • Pour inciter les ménages à équiper leur logement de vérandas judicieusement placées, de panneaux photovoltaïques, de VMC à double flux et pour que les architectes et bâtisseurs y répondent favorablement et à des coûts très bas.
  • Pour offrir à tous les salariés des secteurs fragilisés (automobile, transports, grande distribution, tourisme, …) de solides opportunités de se former, de changer de métier, de choisir une branche mieux en rapport avec l’avenir et pour que l’éducation nationale et tous les organismes de formation publics et para-publics sachent y répondre rapidement.
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Ecologie

Envoyé Spécial chez les décroissants

Un homme qui se fâche parce que son épouse a introduit du plastique dans son jardin sous forme d’une brouette offerte à son fils, une femme qui vit à 1000 mètres d’altitude dans une yourte sous la neige, ne se lave qui si l’eau n’est pas gelée mais coupe son bois à la tronçonneuse thermique, un couple de jeunes ingénieurs qui récupèrent des fruits et légumes avariés en sortie de marché et font de la lombriculture dans leur appartement …

Envoyé Spécial a voulu faire un reportage sur les décroissants (cf post Décroissance]: il n’a fait qu’une caricature un peu sinistre. Nous ne savons pas ce que sont, pensent et vivent réellement ces gens pris en exemple. Mais les petites tranches de vie mises en exergue ne sont pas susceptibles de faire comprendre clairement à une majorité de gens ce qu’est la décroissance.

La décroissance, c’est tout simplement réduire sa consommation en énergie de façon draconienne: limiter l’usage de la voiture au strict indispensable, choisir une voiture moins puissante, isoler sa maison ou construire une maison passive, réduire sa consommation de viande, manger des fruits et légumes de saison qui ont été produits dans la région, limiter drastiquement l’usage de tous les produits chimiques à la maison comme au jardin, acheter des produits durables, consommer de façon durable (ne pas changer de TV tous les 3 ans), agir pour que la société (au niveau de son quartier, sa commune, son pays, l’Europe) prenne en considération ces impératifs par une taxation de l’énergie, la révision des échanges internationaux, la formation et le changement de métier, la définition de choix industriels et financiers au niveau européen. La décroissance, ce n’est pas réclamer davantage de pouvoir d’achat, c’est agir en société pour une réorientation du pouvoir d’achat.

La récup, le bricolage pour réaliser quelques économies d’eau, la vie spartiate, le glanage au marché, tout ceci relève d’une démarche individuelle qui, dans la meilleure hypothèse, est bien sympathique mais un peu naïve et inutile (ce que tu n’as pas consommé, d’autres le consommeront) et, dans la plus mauvaise hypothèse, se rapproche d’une attitude sectaire.

Pour changer de mode de vie et donner une chance à cette nécessaire réduction de notre consommation (ce faisant, nous réduirons aussi notre production de déchets), il nous faut convaincre 51% de la population. Ce ne sont ni la naïveté ni le sectarisme qui seront les moteurs de cette force de conviction.

Auteur: Jonvon Nias

Le dernier exemple d’Envoyé Spécial est celui d’un groupe de jeunes ingénieurs lyonnais, un peu utopistes, dont la démarche mérite mieux que les saynètes du marché et des lombrics ! (la prochaine fois, avant d’autoriser la diffusion de votre image, demandez à y jeter un coup d’oeil). (Dialogue sur terre http://www.dialoguesurterre.fr/); gardez-vous cependant de croire que les utopies d’aujourd’hui seront les réalités de demain. Car, heureusement, les utopies d’hier ne sont pas la réalité d’aujourd’hui, sinon nous vivrions dans un monde totalitaire et déshumanisé. Laissons aux utopies leur caractère … utopique: elles ne sont qu’un moteur pour avancer.