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Mali

Journalistes de RFI

Ghislaine Dupont et claude Verlon, journalistes de RFI, ont été assassinés le 2 novembre dernier.
Oui, mais par qui ?
Dans les jours qui ont suivi cet assassinat, de nombreuses informations ont circulé quant à l’identité du ou des tueurs, lesquels devaient être « rapidement interpelés », nous disait-on. Une enquête préliminaire a été ouverte et ce n’est que le 11 avril 2014 que trois juges d’instruction ont été désignés pour enquêter sur cette affaire.
Nous avions longuement parlé de cet évènement dans les jours qui ont suivi, en faisant part d’hypothèses émises dans quelques salles de rédaction. Aujourd’hui, c’est un journaliste suisse, de la RTS, David Baché, qui déclare qu’il existe de nombreuses zones d’ombre dans cette affaire.
En attendant plus, s’il doit y avoir un jour plus d’informations, nous lui laissons la parole.

(https://www.rts.ch/play/radio/le-12h30/audio/nombreuses-zones-dombre-dans-le-meurtre-des-deux-journalistes-tues-au-mali?id=5801110)

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Egypte

Encore 683 condamnés à mort à Minya, en Egypte

En mars dernier (529-condamnés-à-mort:-l-Egypte-est-elle-devenue-folle), ils étaient 529 partisans de Mohamed Morsi à être condamnés à mort au cours d’un simulacre de justice, dans le tribunal de Minya, en Moyenne-Egypte. Hier, 28 avril, ce sont 683 égyptiens hâtivement qualifiés d’islamistes et donc de « terroristes » qui se sont vus condamnés à la même peine.
Comme le mois dernier, le jugement a été rendu à la va-vite puisqu’une demi-journée a été suffisante pour instruire ce procès de masse et prononcer la sanction. Bien entendu, afin de gagner du temps, les avocats de la défense n’ont pas eu le droit de prendre la parole.

Une femme montre le portrait d’un condamné à mort (C)Khaled Desouki/AFP

Un seul point positif dans cette mascarade. Parmi les 529 condamnés à mort du mois de mars, 492 ont bénéficié de la clémence du juge puisque leur peine a été commuée en réclusion à perpétuité.

Ça suffit, cessons de rigoler ! Encore une fois, la majeure partie de ces condamnations ne seront pas mises à exécution (c’est le cas de le dire). Cependant, il y en aura peut-être quelques-unes, et ce sera quelques-unes de trop. Quant à tous les autres condamnés, ils poursuivront leur vie dans les prisons les plus infâmes et les plus dangereuses du monde. Et s’ils s’en sortent, ils finiront de vivre comme des marionnettes, détruits qu’ils seront par les mauvais traitements, et/ou des mendiants, rejetés par toute la société.
Bien entendu, il est tout un panel d’autorités à s’offusquer de ces procès de masse, de cette absence totale d’instruction des faits et de cette interdiction de plaider imposée aux avocats de la défense, C’est le cas des Nations Unies, au Haut Commissariat aux Droits Humains qui dénonce cette violation, c’est le cas de l’Union Européenne qui réclame le respect des droits de la défense, ou des Etats-Unis qui parlent d’un défi aux règles internationales de la justice, ou encore de la France qui renouvelle son opposition à la peine de mort. Que voilà une belle unité pour réclamer que les islamistes égyptiens soient jugés équitablement alors qu’ils ne sont surtout et avant tout que persécutés !
Persécutés parce qu’il faut que la Confrérie des Frères Musulmans disparaisse purement et simplement !
Mohamed Badie, guide suprême de la confrérie, fait partie des 683 égyptiens condamnés hier. Ne doutons pas que ce « terroriste »-là restera bel et bien en prison ! Tout comme Mohamed Morsi qu’attendent deux ou trois procès.

Une seconde case de l’échiquier égyptien concerne les « révolutionnaires », ceux qui sont à l’origine de la chute de Moubarak en 2011, ceux qui ont été incapables de surmonter leurs divisions et leurs jalousies afin de présenter un programme de gouvernement qui tienne la route, ceux qui se sont opposés à Mohamed Morsi dès son élection (la première élection libre en Egypte !), ceux qui se sont alliés aux forces armées pour le faire tomber et qui y ont réussi, ceux, enfin, qui se réveillent un peu tard (à moins qu’ils poursuivent leurs manipulations chimériques) et qui dénoncent le régime militaire: nous voulons parler du Mouvement du 6 avril.
L’homme fort de l’Egypte, l’ancien chef des Armées, le futur Président autoproclamé Abdel Fattah Al-Sissi, vient de les remercier: il a fait interdire leur mouvement. Ainsi voilà une seconde opposition (oh, pas très solide politiquement !) réduite au silence.

De l’armée, du CSFA (Conseil Suprême des Forces Armées, ou SCAF), il n’y a pas beaucoup à dire. Elle a retrouvé son statut et l’institution est toujours plus puissante politiquement. Au temps de la révolution et des atermoiements du Mouvement du 6 avril, un mouvement de boycottage des Forces Armées avait été lancé au motif que 25, 30, 40% (les chiffres variaient) de la richesse de l’Egypte étaient détenus par les militaires. Cette idée refait surface alors que ceux-ci viennent de se voir attribuer d’importantes surfaces (160 millions de m²) aux fins de construction de logements sociaux. Financial Times et Jeune Afrique (http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2779p043.xml0/gypte-logements-sociaux-armee-egyptienne-csfa-gypte-armee-egyptienne-kaki-business.html) viennent d’en faire un article qui écarte le rôle économique primordial des Forces Armées, mais confirme leur richesse grandissante en termes de propriété foncière.

Dans ce tableau, le plus triste est malheureusement la position de l’Europe dont « dans ses conclusions du 10 février 2014, le Conseil des Affaires étrangères a qualifié la constitution adoptée le 15 janvier d’ « étape importante » et a condamné fermement le terrorisme, tout en marquant sa préoccupation face à la dégradation des libertés publiques et aux difficultés auxquelles l’économie égyptienne fait face.

« étape importante », « préoccupation face à la dégradation des libertés », « condamnation du terrorisme », … et c’est tout. Et c’est bien peu car cela n’empêchera pas l’Union Européenne de superviser les élections présidentielles (http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20140411082323/) égyptiennes des 26 et 27 mai.
L’enjeu n’est pas celui des « libertés publiques », c’est celui du retour de la stabilité, du retour des touristes et des investisseurs.

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Ecriture

Le jour où j’ai failli devenir fils de vigneron (3)

 »Cette année-là, je devais être en classe de sixième au Lycée Champollion. Ma seconde année de sixième puisque j’avais redoublé. Champollion était un drôle de lycée classique dans lequel on rencontrait aussi bien des dizaines de petits gamins aussi peu expérimentés que moi et de vieux adultes qui préparaient les Grandes Ecoles. Ceux-ci avaient une cour qui leur était réservée et dans laquelle ils avaient le droit de fumer. Et ils fumaient tellement qu’aux heures de récréation ou lors des changements de salle, si l’on devait traverser cet espace, on ne pouvait le faire que sous un épais nuage de fumée. Jamais aucun d’entre nous ne s’est risqué à aller y fumer, ce qui n’empêchait pas que les toilettes des cours qui nous étaient attribuées sentaient parfois le tabac. »
 »Champollion était un lycée immense, avec ses huit cours intérieures de dimensions très inégales (la huitième est ridiculement petite) et fermées sur les quatre côtés, à l’exception de trois d’entre elles qui donnent sur le Cours Lesdiguières. C’est aussi un lycée triste dans lequel la verdure n’a pas sa place et où les arbres sont chichement comptés. Des litanies de salles d’enseignement se déploient sur deux étages, toutes les mêmes, reliées par des couloirs interminables et de larges escaliers que l’on devait parcourir à plusieurs reprises dans la journée. Construit à la fin du 19° siècle pour accueillir plus d’un millier d’élèves, ses murs de pierre de taille et ses parements de brique lui donnent un irrépressible air de caserne. »
 »J’y étais un très mauvais élève. Probablement pas par incapacité de travailler ou par insuffisance intellectuelle, non, mais à cause de la griserie de la liberté et de l’indépendance nouvellement acquises. Liberté et indépendance commençaient dès le matin à l’entrée dans le bus et ne prenaient fin que lors de mon retour à la maison, soit pour le repas de midi, soit après le dernier cours de la journée. Dès que je n’étais plus « à la maison », je n’avais plus à supporter l’autorité parentale, ni la succession de mes sœurs dans la fratrie. Alors, je n’étudiais absolument rien et passais mes dimanches à revenir au lycée pour faire des heures de « colle ». Quatre heures de « colle » par dimanche, deux heures le matin et deux heures l’après-midi ! »

Mon père m’avait rejoint, au bout de quelques instants, et nous avions repris la route du retour.
 » »On rentre » », m’avait-t-il dit.
Ce ne devait pas être très tard dans l’après-midi, car nous avions bien trois bonnes heures de route devant nous. Tiens, je ne me souviens même pas où l’on a mangé ce jour-là, au restaurant, chez le propriétaire, peut-être tout simplement, sur le bord de la route, un sandwich ou une petite collation que ma mère aurait préparé avant le départ, je n’en sais rien.
Les premiers kilomètres se sont déroulés avec pour seul fond sonore celui du moteur de la voiture. Nous reprenions en sens inverse le même trajet que celui effectué le matin, avec les mêmes paysages, les mêmes groupes de maisons toutes semblables, les mêmes collines sèches. Mes découvertes de la journée faisaient que je remarquais davantage les vignes et constatais qu’il y en avait de partout. Elles escaladaient la moindre pente de colline. Je ne comprenais toujours pas le sens de cette visite, bien que certains indices me laissaient quand même penser que nous étions appelés à venir vivre ici. Et ce n’est qu’après de très longs moments de silence que mon père s’était enfin lancé à m’apporter quelques explications. Pas très nombreuses. Il m’avait brièvement expliqué que cette maison, ces vignes, il avait pris la décision de les acheter et que, bientôt, c’est là que nous allions venir habiter. Ce n’était pas un projet, ce n’était pas une hypothèse ou une éventualité. Je ne sais plus s’il m’a demandé ce que cela me faisait, ou bien à quoi cela me faisait penser. Je pense n’avoir répondu que par de courtes phrases, très courtes phrases, car j’étais incapable de me prononcer et de dire si cela me plaisait ou me déplaisait. Je m’étais contenté de lui soumettre deux ou trois questions d’ordre technique.
« On va déménager ? »
« La vigne, c’est pour faire du vin ? »
« Pour aller au lycée, j’irai où ? »
« Quand est-ce que l’on va venir ici ? »
Ses réponses s’étaient révélées être encore pleines d’incertitude, les dates n’étaient pas arrêtées, quant au collège ou au lycée pour mes études, il fallait d’abord rechercher un établissement.
Alors, je crois bien que je n’avais plus rien dit jusqu’à la fin du trajet de retour, et lui non plus. Il y avait à peine deux ans que nous avions emménagé dans notre maison de la banlieue de Grenoble et je commençais à m’habituer à celle-ci, même si je n’y étais pas spécialement heureux. J’avais des copains et ma vie, turbulente, était faite de rencontres et de découvertes. Au fond, ce n’est pas le déplacement qui me déplaisait, je crois que j’aurais été volontaire pour un nouveau départ s’il avait fallu, mais venir ici, dans ce coin perdu de Provence, où il n’y avait presque personne, pour cultiver de la vigne alors que nous venions d’immeubles du sud de Grenoble et lui de son bureau de comptable chez Neyrpic, non, cela ne m’attirait pas du tout. Et puis, lui, il aurait cultivé la vigne, mais moi qu’est-ce que j’allais faire de mes mercredis, de mes jours de congé, de mes vacances ? Il me fallait cultiver la vigne, moi aussi ?
C’est dans le silence réciproque que nous sommes rentrés à la maison.

Je n’entendrai jamais plus parler de cette maison de Barroux, proche de Vaison la Romaine, ni des vignes que nous devions y acheter et cultiver. Et surtout pas par mon père. Au hasard des repas et des échanges entre mes parents, j’ai parfois entendu parler de notaire, puis d’avocat et j’ai appris, par bribes, que les relations avec le vendeur avaient pris le tour d’un affrontement devant le tribunal, car il y avait eu tromperie sur les terres vendues, je n’ai jamais bien su s’il s’agissait de leur surface, deux hectares, ou de leur affectation, certaines terres étant vendues comme vignes alors qu’il ne s’agissait que de vulgaire garrigue. Quand et comment les choses se sont-elles réglées ? Je ne sais pas vraiment, sauf qu’elles se sont éternisées pendant près d’une douzaine d’année et que, je crois bien, mon père y a laissé quelques plumes.

Vignoble du Barroux. En fond, le Mont Ventoux (DR)


Toujours est-il que, soixante ans plus tard, on ne peut que constater que mon père n’est jamais devenu viticulteur au pays du Vacqueyras, du Rasteau, du Beaumes de Venise, du Gigondas ou du Côtes du Ventoux.
Et que, par la même occasion, je ne suis jamais devenu le fils du vigneron.

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Ecriture

Le jour où j’ai failli devenir fils de vigneron (2)


Je n’avais pas encore vraiment compris ce que nous étions venus faire dans ce coin de campagne venté. D’autres pensées m’assaillaient, qui n’avaient rien à voir avec cette journée de découverte de la Provence ! »
 »La semaine qui venait de s’écouler avait été bien agitée et elle me laissait un souvenir mitigé. Voici quelques mois, quand j’étais entré en sixième au Lycée Champollion, j’avais fait la connaissance de celle qui restera ma première petite amie. Jusqu’à ce jour, les filles ne m’avaient guère intéressé ! Evelyne, tel était son prénom. Nous nous retrouvions tous les matins, dans le bus qui nous conduisait au centre-ville de Grenoble. Elle allait au lycée de filles, le lycée Stendhal. Elle montait dans le bus au moins un quart d’heure après que j’y ai pris place, puisqu’elle habitait dans une toute nouvelle zone d’HLM en bordure de Grenoble, le quartier Malherbe. »
 »Et nous nous retrouvions au fond du car, l’un près de l’autre et la main dans la main. Mais les mains dans le dos, pour ne pas les laisser voir ! »
 »Cela n’avait pas duré très longtemps. Bientôt Evelyne avait reporté son attention sur un plus grand et plus âgé que moi, par ailleurs un peu « blouson noir », et elle m’avait laissé tomber. Sans doute un peu jaloux et surtout terriblement vexé, j’avais cru très malin de provoquer ce rival par l’intermédiaire d’un de copains de son groupe. Il y avait un peu de « lutte des classes » dans cet affrontement. J’habitais en banlieue de Grenoble et j’étais au Lycée Champollion, un établissement classique où l’on apprenait le latin. Mon concurrent de la semaine passée vivait dans une zone d’habitat social et allait au Collège, de culture moderne et sensiblement plus populaire. Il y avait des différences sociales et culturelles entre les élèves des deux établissements qui se font face et ces différences se traduisaient par de petits affrontements quotidiens. Alors, si en plus, il devait y avoir des motifs de jalousie et de vexation … »
 »Voici trois jours, il m’avait attendu à l’arrêt d’arrivée du bus et la bagarre avait presqu’immédiatement débuté. Nous nous étions battus sur le trottoir, sous les cris de quelques passants et la surprise des autres camarades qui, bien entendu, n’avaient rien vu venir. Cela s’était terminé, pour moi, sur le capot d’une voiture en stationnement. Lui, il était parti de son côté. »
 »Ce jour-là, j’étais arrivé au lycée un peu meurtri, mais surtout humilié d’avoir été dominé et d’avoir perdu Evelyne que, depuis, je ne faisais qu’apercevoir à l’autre extrémité du bus. »

Vignes (DR)

Devant moi, au fond de cette cour sèche et gravillonneuse, il y avait une maison basse. Des murs blancs, des fenêtres peu nombreuses avec des volets bleu pâle, encore plus pâle que les fleurs de lavande présentes un peu partout. Un seul étage, tout est de plain-pied, sous un toit de tuiles provençales; c’était une maison comme tout le village en était fait, comme toutes celles que l’on voyait dans chaque village, dans chaque hameau depuis bien avant Vaison la Romaine. Ici, toutes les maisons se ressemblaient. A droite et à gauche de la partie d’habitation, en angle droit, comme pour refermer la cour, se trouvaient des bâtiments dont j’ai supposé que la vocation était agricole. Ils n’avaient pas d’autre ouverture qu’une large porte à deux battants, arrondie sur le haut. Les portes étaient fermées.
Je n’ai pas vraiment souvenir de ce qu’était la distribution des pièces de cette maison et je ne crois pas que nous l’ayons visitée. Ce qui est certain, c’est que je l’ai trouvée petite par rapport à notre maison de Grenoble et à ses grandes et nombreuses pièces. L’intérieur de la seule pièce que j’ai pu voir était blanc, les murs étaient blancs, les portes et fenêtres également blanches, les meubles rares en bois clair. Il n’y avait pas de décoration aux murs. L’évier, un buffet, une table et quelques chaises tenaient lieu de cuisine. Malgré toute cette blancheur, la maison n’était pas très lumineuse, à cause des ouvertures peu nombreuses et petites et des volets à moitié fermés. Il y faisait frais. Je ne comprenais pas ce que nous faisions ici, dans cette maison qui ne m’attirait pas.
Mon père a parlé quelques minutes avec l’homme qui nous avait accueillis. J’étais à l’écart et je n’ai rien entendu de leurs échanges. Et puis, nous sommes ressortis, aveuglés par la lumière et par le vent. Poursuivant à pied la route par laquelle nous étions arrivés, nous sommes allés jusqu’à un petit chemin qui pénétrait dans des vignes, à droite et à gauche. Le sol était caillouteux, sec et blanc, calcaire. Les pieds de vigne bien alignés, les ceps déjà anciens, noueux, épais, présentaient des feuillages qui arrivaient à ma hauteur.
Nous avons marché de longues minutes dans cette plantation, bien maladroitement en raison du sol très inégal, fait de terre blanche et sèche et de cailloux ronds de toutes tailles. Selon l’alignement des vignes et l’épaisseur de leurs ramures, nous étions parfois à l’abri du vent. Alors, il faisait chaud, très chaud. Et la poussière fine emplissait l’air et rendait difficile la respiration; Mon père a posé quelques questions à celui que je pensais être le propriétaire de cette terre. Il a parlé de l’âge de ce vignoble, de sa productivité, des travaux à y faire, de l’existence d’une coopérative à proximité. L’idée qu’il voulait venir y travailler commençait à se faire jour dans mon esprit. Jamais il n’a parlé de valeur du terrain, de surface à cultiver, de valeur des vignes ou de vente de la production.
Après la visite des vignes, nous avons parcouru une parcelle qui m’a semblé assez petite, comportant plusieurs cerisiers bien plus bas que les deux qui étaient dans notre jardin de la banlieue grenobloise. Une herbe rare et rase occupait le terrain de cette parcelle. Au-delà, s’ouvrait une garrigue touffue, épineuse, sèche qui descendait en pente douce et dans laquelle nous ne nous sommes pas aventurés. Tout au fond, au loin, un vieux mur de pierres formait ce qui pouvait être la limite de propriété.
La visite des terres était terminée et nous sommes remontés doucement vers la maison. Mon père et le propriétaire des lieux se sont retirés dans une petite pièce adjacente à la pièce commune. J’ai attendu un peu, j’ai tourné en rond, je suis sorti dans la cour où j’ai retrouvé lumière et vent. Arrivé au portail ouvert de la cour, j’ai regardé la rue que nous venions de parcourir, notre voiture stationnée juste en face. Il ne passait personne, il n’y avait personne. Que faisais-je ici ?


(à suivre)