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Culture numérique

Facebook and Co

Il se dit que 80% des internautes français (IFOP 11/12/07) s’opposent à l’idée que Facebook puisse permettre que leur soient adressés des messages publicitaires ….

Partant du principe que 60% seulement des internautes français ont mis un pied, un jour, dans un réseau social, et qu’on peut penser que c’est sur Facebook pour 35 à 40% d’entre eux, cela fait beaucoup de gens qui parlent sans savoir de quoi ils parlent ou parce que l “air ambiant” leur a dicté leur réponse.

Par ailleurs, quand ils ont dit cela, ils n’ont rien dit d’intéressant car le vrai questionnement n’est pas celui-ci.

Premièrement, notre civilisation a pour fondement vital (au sens fondamental) l’échange et le commerce. C’est ainsi que les hommes ont découvert le monde, c’est ainsi que les hommes ont découvert les hommes (d’autres …). Et chaque “commerçant” a toujours fait l’indispensable pour satisfaire le besoin, le choix, le goût de son “client”. Lorsque j’étais gosse, mon père se faisait faire ses chaussures par un cordonnier-chausseur. Quand le moment était venu de passer commande d’une nouvelle paire, l’artisan avait déjà une idée très nette du modèle qu’il pouvait lui proposer: taille, couleur de cuir, vachette doublée, formes, … tout simplement parce qu’il avait “fiché” chacun de ses clients, même si ce n’était que dans sa tête.

Actuellement, mon boucher ne fait pas autre chose lorsqu’il me propose une bavette, une araignée ou un bifteck taillé dans la hampe, car il sait que j’ai une prédilection pour ces morceaux. Il m’a fiché ! Plus “grave”, il fait partie d’une association commerciale et le fichier des clients est mis en commun, ce qui fait que tous peuvent recevoir une offre pour un plateau de réveillon comme pour des soldes en prêt-porter (et là c’est mon épouse qui reçoit le courrier !).

Enfin, dernièrement, j’ai commandé par Internet un film à la FNAC: “Le Tombeau Hindou”, de Fritz Lang. Huit jours plus tard, la FNAC m’adressait un mail me rappelant cet achat et me précisant que d’autres films de Fritz Lang étaient à ma disposition. Alors là, je suis non seulement fiché, mais ciblé !

Deuxièmement, s’opposer vertueusement à l’idée de recevoir des publicités ciblées n’aura de sens que tant que l’on acceptera de payer le juste prix des prestations qui sont mises à disposition sur Facebook et ses milliers d’applications (je sais, la majorité d’entre elles ne coûtent rien et sont inutiles !!) ou sur l’internet en général. Mais si l’on veut pratiquer un système où la gratuité apparente est la règle, il faut bien quelque part en payer le prix. C’est ce que l’on appelle un autre modèle économique (c’est la même chose pour le téléchargement musique ou film).

C’est alors que se pose la vraie question quant au rôle que voulait jouer Facebook et dont ses pratiquants l’ont quelque peu dissuadé pour le moment. En raison du premièrement et en raison du deuxièmement, j’accepte de recevoir des publicités ciblées, MAIS Facebook peut-il me dire en tous temps et en tous lieux à qui il remet (il vend) mes données personnelles en me laissant la liberté de l’accepter ou de le refuser ? Je connais mon boucher, je connais la FNAC, je veux connaître les clients de Facebook qui viendront demain m’interpeler. Ce qui était possible dans mon quartier doit l’être dans le village planétaire.

Puisqu’on parle de village planétaire, juste un mot pour expliquer à ceux qui me disent que Facebook contient beaucoup de choses inutiles, que cela a toujours été le cas avec tous les médias. Qui peut prétendre qu’il n’existe pas d’écrits ou d’images stupides, pernicieux, voire parfois dangereux, …? A vous de mettre de la valeur dans l’outil qu’est le réseau social !

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Quelle(s) fréquentation(s) !!!

La plus grande satisfaction du blogueur est de savoir qu’il est lu. Afin d’aider le blogueur à mesurer son auditoire, “Le Monde”, dans sa grande bonté, met à sa disposition un certain nombre d’outils actualisés quotidiennement: le nombre de pages vues, les sites référents (càd les sites d’où est partie la requête qui a abouti aux pages écrites par le blogueur), les mots clés utilisés par l’internaute qui cherche, les articles les plus vus.

Les premiers de ces outils mesurent l’audimat du blogueur. Quand personne ne vous lit, il y a déception. Quand 25, 30, 45 internautes se penchent un même jour sur votre blog, vous atteignez des (petits) sommets de gloire personnelle.

Mais, mieux encore que cet audimat, l’outil consacré aux mots clés utilisés par les internautes est intéressant. C’est ainsi que l’on dégringole de haut en apprenant que votre blog qui, depuis juin, rapporte des images et des impressions vécues à Alexandrie (Egypte), est visité par des internautes qui ont fait les requêtes suivantes (l’orthographe est respectée):

  •  »decolleté profond »
  •  »jupe remontée »
  •  »photo jupe remontée en voiture »
  •  »cuisse de femme qui sorte de voiture »
  •  »dessin de femme endiabler »
  •  »bagarre de filles déshabillée »
  •  »fille en jupe en voiture »
  •  »bagarre de fille une se fait deshabiller »

Bien sûr, si ces requêtes ont abouti à ce blog, c’est parce que l’on y parle de l’érotisme bien gentil et bien propre du cinéma égyptien des années cinquante. Alors qu’est-ce que cela sera quand, dans quelques jours, sera abordée la question de l’excision, mutilation génitale féminine (MGF) ? Il va y avoir foule !

En écrivant cette petite note d’humeur, j’ai un peu mauvaise conscience, car je sais déjà qu’en reprenant les mots employés par ces miséreux sexuels dans leurs requêtes, ils vont à nouveau tomber sur ce blog. Ils vont même faire augmenter la fréquentation de ce site ! Comme ces dessins dans lesquels un miroir semble renvoyer à l’intérieur d’un autre miroir toujours la même image, toujours plus petite,à l’infini, ils vont se retrouver pris dans une spirale qui leur renverra leurs propres requêtes. J’écris “dessin femme endiabler” et je tombe sur un site qui me dit “dessin femme endiabler” !! Mais il n’y a pas le dessin ! (Au fait, comment s’appelle ce type de structure en miroirs infinis ??).

Au-delà de l’audimat, au-delà de la vraie nature du lecteur, il y a les commentaires. Et là, j’envie ceux qui ont chaque jour ou presque, plusieurs dizaines, voire centaines de commentaires. Je sais bien que, pour partie, ce sont toujours les mêmes, je sais bien qu’ils se répondent et s’interpellent en un long chat. Mais quand même ….