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Développement solidaire

Forum Social Mondial

A partir d’aujourd’hui et pour quelques jours, le [Forum Social Mondial (http://www.forumsocialmundial.org.br/main.php?id_menu=19&cd_language=3) est rassemblé à Dakar. 10 ans après sa naissance (2001), ce mouvement alternatif (altermondialiste) traverse une mauvaise passe. Ce n’est pas la présence d’une forte délégation de socialistes européens et d’une forte délégation de socialistes français qui y changera quelque chose (Ségolène, Martine, …), bien au contraire puisqu’il s’agit là d’une “récupération” social-démocrate du “contre-Davos”.

Depuis quelques temps déjà, mais principalement à l’approche du sommet de Dakar, de nombreuses critiques émergent. certains lui reprochent son incapacité, sa prolifération d’idées, de propositions et de motions et ses divisions: à chaque participant, sa recette pour changer le monde. D’autres soulignent un embourgeoisement, les délégations choisissant des hébergements 4 ou 5 étoiles, ou une “absorption par le capitalisme” dans la mesure où de grandes entreprises comme Ford ou Petrobras aident à son financement.

La principale cause de cette perte d’efficacité tient sans doute à une erreur de jugement des altermondialistes. ceux-ci ont cru (croient encore pour certains …) que les pays en développement étaient porteurs d’une alternative radicale au capitalisme et qu’une nouvelle société plus solidaire, plus égalitaire et moins soucieuse de réussite sociale et financière pouvait se dessiner.

Forum Social Mondial (DR)

Il n’en est rien. L’évolution de l’Inde, de la Chine et même du Brésil, qui poursuit une politique sociale-libérale, le démontre. L’objectif de tous ces pays est de gagner des parts dans la compétition mondiale. Le Brésil, certes, fait cela “bien” puisqu’il cherche à intégrer toute sa population, à commencer par les plus pauvres, dans son économie.C’est une incontestable démarche positive, mais ce n’est pas là ce qu’attendaient les altermondialistes qui pensent “décroissance” et “développement local”. Les très récents mouvements de révolte du Maghreb ou du Proche-Orient (qui seront récupérés dans les discours de Dakar) ne changent rien à ce constat: les jeunes, majoritaires, qui les animent et les conduisent, sont avant tout désireux d’accéder à la liberté (d’expression, sociale, économique, culturelle, …) que la vitrine occidentale leur offre quotidiennement.

Désireux de se ressaisir, certains militants cherchent d’autres alternatives. Hugo Chavez et sa proposition de “V° Internationale” en sont une !!!

D’autres ont recours aux vieilles méthodes de mobilisation et lancent d’ores et déjà un appel à “perturber” la tenue des sommets des G8 et G20 en France. Il s’agit là d’un plus petit commun multiple, mais il ne fera pas illusion, d’autant plus que le FSM lui-même fait l’objet de contestations et d’appels …. à le perturber ! (http://juralibertaire.over-blog.com/article-appel-a-perturber-le-forum-social-mondial-de-dakar-en-fevrier-2011-60608919.html)

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Niger, Tunisie, Egypte nous interpellent

Depuis le début de l’année, des événements tous plus violents les uns que les autres s’enchaînent et interpellent vigoureusement la France, et au-delà l’Europe, voire tout ce qu’il est coutumier d’appeler le monde occidental.

Le Niger, tout d’abord, avec l’enlèvement et la mort des deux otages Vincent Delory et Antoine de Léocour. Nous en avons parlé ici (Le-Niger-la-France-et-les-otages). Indubitablement, leur mort est consécutive à l’engagement des forces armées nigériennes et françaises pour arrêter le convoi d’AQMI ou de ses “fournisseurs” avant qu’il ne “disparaisse” au Mali. La mort des deux jeunes gens n’est pas une bavure, c’est la conséquence d’un acte de guerre au cours duquel deux adversaires se sont affrontés. Avec cet événement, nous avons assisté à un virage brutal de l’attitude française envers les prises d’otages. Il n’est désormais plus question de laisser AQMI kidnapper ou faire kidnapper des français sans réagir. Il doit être mis fin au lucratif négoce des rançons qui permet à Al Quaida de s’équiper en armes et en matériel et de financer ses intermédiaires. Les activistes ont pourtant déjà remporté une victoire: les européens sont partis, y compris et surtout ceux qui apportaient une aide humanitaire au pays, au travers de multiples ONG. Les touristes ne viendront plus avant longtemps, alors que certains villages ne vivaient que de ce tourisme équitable. Il est probable que désormais la situation évolue vers des attentats, comme tout dernièrement en Mauritanie avec la destruction d’un véhicule chargé d’explosifs.

Quel intérêt avons-nous à être au Niger et à y rester, protégés par une force militaire ? AREVA, notre quasi seule présence économique dans ce pays, celle de l’extraction de l’uranium (http://www.temoust.org/uranium-le-marche-va-t-il-se,13964). La question n’est pas celle de notre programme nucléaire, car même s’il devait être freiné ou interrompu, nous aurions besoin d’uranium (d’autres pays aussi à qui nous le revendons sous forme de concentré). Désormais, son extraction se fera sous la protection de l’armée !

Mines d’uranium au Niger (DR)

Il est certain (quoi qu’en pense Ecologie-Les Verts) qu’il n’est pas possible de privilégier la négociation par rapport à l’usage de la force. Car AQMI ne veut pas négocier, ne cherche même pas à négocier, il ne veut qu’éradiquer les occidentaux du Sahel, parce que ce sont des infidèles. Et pour cela, il enrôle les jeunes sans emploi et les assomme d’une idéologie basique. Comment contrer cette dangereuse évolution ? Est-ce possible ? Est-ce souhaitable ? On rejoint là le débat récurrent des relations entre la France et l’Afrique. La France a remis 3 millions d’euros d’aide budgétaire au Niger en début d’année. Ce n’est pas suffisant. C’est AREVA qui doit faire son aggiornamento, mettre ses pratiques en accord avec ses mots (http://www.areva.com/FR/notreoffre-412/prospection-et-extraction-d-uranium-pour-un-approvisionnement-durable.html), embaucher des jeunes maintenant que tous les expats sont partis, maintenant que tous les humanitaires sont partis, les former, leur apprendre les techniques d’assainissement des villes et villages, la viabilité des routes, les former pour distribuer l’aide alimentaire, pour trouver de l’eau, créer un jardin, faire un peu d’agriculture, satisfaire la faim des enfants, reconstituer les troupeaux … Et puis investir dans la protection de l’environnement (neutralisation de ses produits d’extraction) et enfin verser à l’état nigérien une juste compensation de la plus-value opérée sur le bien mis à sa disposition: la terre du Niger. Est-ce rêver ?

Pour terminer sur le Niger, notons le calme du 1er tour des élections législatives et présidentielle et saluons la promesse faîte et tenue par les militaires: rendre le pouvoir aux civils, peut-être au peuple …

La Tunisie ensuite, au sujet de laquelle nous avons déjà émis quelques commentaires (Tunisie-Egypte-…). Toutes les 48 heures, le comportement du gouvernement français revient sur le devant de la scène, alimenté par les centaines de commentaires des “révolutionnaires de la dernière heure”. (« Depuis trois semaines, une effervescence médiatique sans précédent rattrape deux décennies de mutisme, de mensonges et d’ignorance » – Myriam Marzouki, le 23/01/2011).

Prenons le récent exemple de MAM. Des colonnes entières de journaux et des centaines de commentaires Internet lui reprochent d’avoir utilisé l’avion d’un industriel proche de Ben Ali. C’est là une instrumentalisation de la révolte tunisienne à des fins strictement internes à la politique française. Sur l’affaire, effectivement entre Noël et le Jour de l’An, les manifestations étaient encore circonscrites loin de Tunis, même si elles commençaient à prendre ampleur et signification. Avec MAM, des milliers de Français (sans doute certains commentateurs d’aujourd’hui …) prenaient des vacances à Hammamet ou à Djerba.

Aucun de ces commentateurs n’a posé le vrai problème. Si elle avait utilisé l’avion de cet industriel six mois plus tôt, en août, cela aurait-il été normal ? Si cet avion appartenait à un industriel d’opposition, cela aurait-il été normal ? Apparemment oui, pour tous ces commentateurs ! Et pourtant c’est NON: il s’agit d’un conflit d’intérêt, et en tant que tel c’est inacceptable. Là est la vraie faute de MAM, comme celle de Sarkozy avec le yacht de Bolloré.

Et maintenant l’Egypte qui sombre progressivement dans le chaos.

Très probablement des foules sont manipulées pour défendre Moubarak. Mais il est fondamental de comprendre que ce pays de 80 millions d’habitants n’est pas la Tunisie. Il existe deux Egypte aujourd’hui. Celle des jeunes, nourris à l’Internet (Facebook, Twitter, les blogs …), assez cultivée et très contemporaine, ouverte sur l’occident, avide de connaître elle aussi la liberté et la richesse qu’affiche cet autre monde. Et puis celle des pauvres, souvent analphabètes, soumise, qui gagne chaque jour à peine ce qu’il faut pour manger trois  »falafels » le soir: cette Egypte-là ne peut que ressentir le vertige et la peur à l’idée de perdre son Raïs. Ce n’est pas une raison pour la mépriser. Les policiers eux-mêmes en font partie (au contraire de l’armée), leurs salaires sont miséreux (ce qui explique leur quête constante d’un bakchich) et il n’est pas besoin de les pousser beaucoup pour aller contre-manifester.

People demonstrate in support of the Egyptian people’s protests against the regime of President Hosni Mubarak in front of the Egyptian consulate in Chicago on January 29, 2011. The embattled Mubarak tapped Egypt’s military intelligence chief as his first-ever vice president and named a new premier as a mass revolt against his autocratic rule raged into a fifth day. Fresh riots in several cities left three protesters dead in Cairo and three police in the Sinai town of Rafah, bringing to at least 51 the number of people killed nationwide since the angry protests first erupted on January 25. AFP PHOTO / Mira OBERMAN

Qu’on ne se méprenne pas sur les convictions de ce blog très souvent exprimées dans les nombreux posts consacrés à l’Egypte: 30 ans de pouvoir autocratique et de régime “spécial”, c’est trop !

Des hommes essaient de comprendre et d’expliquer qu’il faut sans doute passer par des phases de transition correctement négociées (contenu, échéance). Boutros Boutros-Ghali est de ceux-là. Mais il est copte … il ne sera même pas écouté. D’autres sont trop seuls, comme El Baradei, et s’appuient sur des forces “obscures”. Enfin, il en est, sans doute, qui attendent que le fruit mur tombe de l’arbre …

Comment devons-nous nous comporter ? Quelle attitude prendre ? Que faut-il dire ?

Les mots définitifs emplissent les colonnes des journaux: “Il faut appeler une dictature, dictature”, “les intellectuels français fustigent le silence de Paris”, “L’Union de la méditerranée: l’échec de Sarkozy”, etc …

Peut-on dénoncer une “dictature” (Tunisie ou Egypte) quand plusieurs millions de français y ont pris leurs vacances depuis des années: 600 000 français par an dans chaque pays ?

Comment peut-on conserver des liens avec ces pays tout en faisant comprendre que des progrès doivent être accomplis en matière de libertés individuelles, de statut de la femme, de liberté de la presse, … ?

Comment concilier ces impératifs avec la réalpolitik ? Pour la Tunisie, l’Egypte, comme pour le Niger, on peut aussi cesser toutes relations commerciales et se réfugier dans la posture. Cela ne changera rien et d’autres pays feront les affaires que nous ne ferons plus. La Chine, par exemple, ne sera pas regardante sur la démocratie … elle ne connaît pas !! Et les mêmes commentateurs viendront demain reprocher à un autre gouvernement (voire au même) le déclin de la France. La voie est étroite entre le silence complice et l’ingérence inacceptable. La presse a un rôle à jouer. Mais elle doit le jouer en permanence et non seulement lorsque le maelström médiatique le lui impose. Ensuite, les hommes et femmes politiques… s’ils renoncent aux privilèges et aux conflits d’intérêt.

De même, dire et écrire que l’Union pour la Méditerranée est un échec à cause des conditions de sa création avec des états insuffisamment démocratiques est une fondamentale erreur. Cela veut d’abord dire qu’elle n’a, même actuellement, aucun droit à exister. Et puis, avec de tels principes, l’ONU, le FMI, la Banque Mondiale, l’UNICEF, l’UNESCO, tout cela n’aurait pas le droit d’exister. En Europe, l’Espagne n’a certes été intégrée qu’en 1985 parce que la CEE voulait qu’elle évolue vers un régime démocratique. Cependant, dès 1970, un accord préférentiel était signé pour servir de cadre aux échanges commerciaux entre les deux parties. Le dialogue a toujours des vertus, y compris avec un partenaire peu démocratique. Le tout est de ne pas remplacer le dialogue par la complaisance.

Si l’UPM est actuellement un échec, c’est bien à cause des rivalités entre pays et à cause du conflit israélo-palestinien. Et si les révoltes actuelles ne recouvrent pas le Maghreb et le Proche-Orient d’un voile de fermeture et de repli sur soi, alors oui, l’Union pour la Méditerranée sera à réinventer. Car ce n’est que par elle que pourront être abordées des questions de paix, de développement, de croissance et d’environnement. L’idée ne doit pas être si mauvaise, puisque des intellectuels africains nous la reprochent en considérant qu’elle est tournée contre eux et qu’elle devrait être remplacée par un plus large accord Europe-Méditerranée-Afrique.

En attendant, avec vigilance et fermeté, ici et maintenant, il nous faut refonder la démocratie.

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Tunisie, Egypte, …

C’est fou comme peuvent être nombreux les “démocrates de la dernière heure” qui nous parlent de la Tunisie à longueur de colonnes de courrier ou de commentaires sur le Net ! C’est à croire que tous, journalistes y compris, avaient vu venir la révolte tunisienne. Si ces “commentateurs” sont légion, c’est bien avant tout parce qu’ils peuvent “dénoncer” le comportement de la France: en fait ils instrumentalisent cette révolte pour satisfaire leurs critiques internes.

Car, bien sincèrement, quelle image avions-nous tous de la Tunisie ? Comment le régime de Ben Ali a t-il réussi à faire passer un message extérieur satisfaisant pour les occidentaux ? Myriam Marzouki, dans “Le Monde” a su le décrire très bien. L’accueil et la gentillesse des Tunisiens, une armée des plus réduites dans le Maghreb et en Afrique, un taux de formation des jeunes parmi les plus élevés, une croissance économique, certes insuffisante pour donner du travail à tous, mais positive, un statut des femmes le plus libéral parmi ceux des pays musulmans, une réelle ouverture économique vers l’occident, le tourisme et, dominant le tout, la conscience d’être un rempart contre l’islamisme… Oui, nous ne voulions voir que ça et ne pas entendre les quelques voix de l’opposition en exil. Davantage qu’un dictateur, Ben Ali était considéré comme un potentat dont le comportement présentait quelques avantages indéniables aussi bien, toutes proportions gardées, pour les diplomates que pour les touristes de Djerba.

Dans “Le Monde” lui-même, Isabelle Mandraud (interdite en Tunisie) n’est intervenue qu’à cinq ou six reprises au cours de l’année 2010 pour nous parler de ce pays: la censure du web, les sanctions pour ceux qui dénigrent l’expansion économique du pays, la fermeture de l’Université Libre de Tunis, la dénonciation par Human Rights Watch de la situation faite aux anciens prisonniers politiques, la liberté de la presse, l’empire du gendre de Ben Ali, mais aussi le développement touristique !!

L’Egypte prend le même chemin et se révolte à son tour. Le tableau n’est pas le même. L’éducation supérieure n’y est pas aussi grande, le statut des femmes reste très conservateur, la population est considérable, les revenus économiques limités et concentrés sur trois secteurs (gaz et pétrole, tourisme, Canal de Suez), la pauvreté extrême est importante, la censure d’internet est quasi permanente, le régime militaire d’exception pèse depuis l’assassinat de Sadate, les communautés copte et musulmane s’affrontent ici ou là, l’islamisme militant y est né (”Les Frères Musulmans”) … Nous avons très souvent parlé de l’Egypte dans ce blog . Tellement souvent que nous ne pouvons qu’exprimer une intense solidarité avec ceux qui réclament la démocratie en plus du pain. Et pour affirmer que si les occidentaux se veulent démocrates, ils se doivent de parler pour l’Egypte et pour que change son régime, pour que Moubarak se retire en douceur et pour que des élections sincères soient organisées.

Le Caire 25 janvier 2011 (C)Amr Dalsh/Reuters

Ce sera difficile. Ici, encore plus qu’en Tunisie, les islamistes attendent leur heure. Ici, comme en Tunisie, Kadhafi prône le maintien de ce qu’il appelle la “stabilité”. Ici, plus qu’en Tunisie, parce que nous sommes aux portes de la Palestine, aux portes d’Israël, le changement est redouté. Mais affronter la vérité, c’est le courage et défendre la “stabilité”, c’est la lâcheté.

Le chemin est encore long et douloureux entre ces “révolutions” et la révolution. Rien n’est acquis, rien n’est gagné. La lutte ne se fait pas par procuration, mais ici nous devons parler de l’Egypte et soutenir les égyptien(ne)s.

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Le Niger, la France et les otages

A deux occasions au moins, il a été question d’otages dans ce blog. A l’occasion de l’enlèvement de Camatte (Pierre-Camatte-et-les-Maliens-sans-papiers) et à l’occasion du décès de Germaneau (Les-migrants-du-Mali) (du décès et non de l’exécution !).

Les commentaires les plus grossiers que l’on peut lire dans la presse aujourd’hui ne changeront rien à l’affaire. AQMI cherche depuis des mois à faire tomber la France dans ses filets, c’est à dire à la pousser à la guerre.

Les deux jeunes gens enlevés et massacrés par AQMI l’ont été parce que les radicaux islamistes avaient besoin de compléter leur “stock” d’otages afin de faire pression sur la France pour qu’elle verse une rançon pour la libération des six otages d’Areva. Les choses ne se sont pas passées comme cela était prévu. Peut-être (peut-être..) l’un d’entre eux a t-il été tué par une balle française ou nigérienne perdue, tout comme cela s’est produit pour un capitaine de voilier tué dans le Golfe d’Aden par les militaires français venus le libérer des ravisseurs ? La guerre n’est pas un jeu vidéo où l’on joue de mieux en mieux à force de s’entraîner et où l’on peut gagner des vies !!

Alors rendons hommage à ces deux jeunes et fermons nos gueules sur les conditions de l’évènement. L’important n’est pas là.

L’important, c’est de savoir que la France, (et la démocratie en général), est prise dans un piège infernal, le piège que lui tend AQMI. D’un coté, préserver la vie des otages en payant des rançons (Camatte) ne fait que favoriser d’une part le business des rançonneurs et, d’autre part, enrichir les radicaux islamistes qui achètent de plus en plus d’armes et pèsent en conséquence de plus plus lourdement sur les populations locales.

De l’autre coté, s’engager dans les poursuites, ne pas lâcher prise, c’est s’exposer à des assassinats, voire à des bavures, mais c’est surtout s’engager dans un engrenage infernal: celui de la guerre ! Là est la question importante: comment la France, comment l’Europe, comment la démocratie en général peuvent-elles se sortir de ce piège et éviter une guerre en Afrique Sahélique ? Car il ne faut pas en douter, ce serait une guerre que nous ne gagnerons JAMAIS, ce serait notre Afghanistan à nous. Ce serait une guerre qui détruirait tout ce qui est encore bon des relations entre l’Europe et l’Afrique. Ce serait une guerre dans laquelle Maliens, Sénégalais, Mauritaniens, Nigériens, Burkinabés, … et tant d’autres encore, nous considèreraient comme des OCCUPANTS. Et c’est cela que veut AQMI.

Dans l’immédiat, après l’hommage, il convient de préciser que les associations humanitaires agissant en Nord Niger se mobilisent pour faire entendre la voix de l’amitié entre français et nigériens et pour sauver ce qui peut l’être des actions de solidarité.

Antoine et sa fiancée (DR famille)

« Suite aux terribles évènements qui se sont déroulés ce week-end avec l’enlèvement et l’assassinat de deux français au Niger, il me semble que nos associations (ANAN, Fandiyéma, ANRA, Enfance Afrique Solidaire, d’autres assos engagées au Niger…) et leurs membres pourraient se mobiliser pour faire entendre la voix de l’amitié entre les peuples français et nigériens ».

 »L’un des deux otages tué s’appelle Antoine Leocour. Il était très actif dans le monde associatif. Il avait effectué une étude sur la scolarisation d’élèves à Dogondoutchi pour une association franco-nigérienne, Tarbiyya Tatali basée à Rennes, l’été 2008. Son travail est en cours de publication. En fichier-joint une photo d’Antoine envoyée par la Présidente de Tarbiyya Tatali. »

 »Deux types d’actions pourraient être menées, si vous êtes d’accord pour une réaction collective : »
 »- rédiger collectivement et rapidement un communiqué exprimant notre émotion et notre indignation face à ce drame, ainsi que notre détermination à continuer nos actions au Niger dans un esprit de solidarité et de fraternité. »
 »- appeler à un rassemblement samedi 15/01 en fin d’après-midi (17h?) Place des Terreaux à Lyon, où serait lu (par l’Association des Nigériens et Amis du Niger) un message de soutien en direction des familles françaises et nigériennes touchées et de solidarité envers le peuple nigérien. »

 »Merci de réagir dans des brefs délais à cette proposition d’action, en la diffusant également à vos membres, amis et réseaux. Je n’ai pas l’adresse mail de toutes les associations travaillant au Niger. Pouvez-vous faire suivre ce message si vous avez des contacts d’autres associations? »

 »Merci. »

 »Pour Fandiyéma »

D’autre part, un blog « La voix Touareg » (http://lavoixtouareg.blogspot.com/) vient de voir le jour, à l’initiative de Bilalan Ag ganta Moussa. Il est l’un des interlocuteurs privilégiés des associations ci-dessus et il est l’organisateur du Festival d’Agadez auquel, vous verrez, nous ne sommes malheureusement pas conviés … Dans son texte écrit à propos du meurtre des deux jeunes français et des conséquences qu’il entrevoit pour l’avenir, il écrit: « Qui d’autre que nous même peut mieux gérer nos régions, nos terres, notre pays? » Puisse t’il être entendu.

Enfin, Le Point Afrique (http://www.point-afrique.com/) renonce à tous ses vols vers le Niger, vers le Mali et même (provisoire ?) vers le Tchad. Voilà également un des résultats attendus par AQMI: priver les populations des ressources touristiques afin, là encore, d’asseoir son autorité.