Albert Gleizes, César Geoffray, Reine Bruppacher, …
Albert GLEIZES naît le 8 décembre 1881 à Paris. Il est peintre, philosophe et surtout l’un des fondateurs du cubisme, après Braque et Picasso, dont il rédige en 1912 le premier traité et en devient le théoricien avec Jean Metzinger. Ses amis peintres sont Fernand Léger, Jacques Villon, Robert Delaunay … (1)
En 1927, Albert Gleizes recherche un atelier près de Serrières (Ardèche) et arrête son choix sur une grande maison sise de l’autre coté du Rhône, à Sablons (Isère), un ancien couvent qu’il loue puis achète en 1938 et qui porte le nom de Moly-Sabata (2). Il décide d’en faire un centre artistique, une sorte de communauté un peu spartiate dans laquelle sont accueillis en résidence non seulement des peintres, mais aussi des poètes, des écrivains, des potiers, des sculpteurs, des danseurs et des musiciens.
La vie de ces artistes s’appuie sur une démarche, définie par Albert Gleizes, visant à rechercher la simplicité dépouillée, la recherche de la perfection la plus simple, celle de l’art populaire, celui qui est issu des mains des paysans et artisans. Il s’agit de confondre progressivement l’art, la vie et la foi en Dieu.
Albert Gleizes décède le 23 juin 1953, mais cette communauté artistique existe encore de nos jours, sous le patronage du Ministère de la Culture, et se nomme Fondation Albert Gleizes (3). Elle est la plus ancienne résidence d’artistes de France.
Parmi les artistes en résidence à Moly-Sabata, il en est un qui nous concerne plus particulièrement puisqu’il nous introduit dans le processus de création du Bateau Ivre. Il s’agit de César GEOFFRAY(4).
César Geoffray est né le 20 février 1901 à Lyon. Après une enfance au Maroc, il entre à 13 ans au Conservatoire de Lyon et obtient à 21-22 ans les premiers prix d’harmonie et de contrepoint.En 1924, il épouse Marie Prudhon, 1er prix de piano du même Conservatoire. Au fil des années, Marie deviens Mido et, jusqu’en 1930, ils se produisent en concert piano-violon.
C’est en 1927 que César Geoffray rencontre Albert Gleizes. Celui-ci invite l’année suivante le couple César et Mido à le rejoindre dans « la maison que je viens d’ouvrir pour les artistes comme vous … les villages ne chantent plus, c’est vous qu’on attend pour animer musicalement la région ». C’est ainsi que les Geoffray séjournent à Moly-Sabata de 1931 à 1942, limitant cependant, à partir de 1936, leur séjour dans la communauté aux fins de semaine, car ils ont de multiples occupations d’animation à Lyon ainsi que deux enfants Gilka et Luc. En accord avec Albert Gleizes, ils quittent définitivement Moly-Sabata en 1942.
En 1940, César Geoffray anime à Lyon une chorale improvisée de scouts, ce qui l’amène progressivement à devenir Maître National de chant des scouts à partir de 1942, à diriger la grande chorale des Scouts de France et à créer, en 1947, le mouvement « A Cœur Joie » (5), au sein du « Centre Culturel Lyonnais ».
« A Cœur Joie » prends son autonomie dès 1948, avant d’essaimer dans toute la francophonie jusqu’en 1965, au point de compter plus de 450 chorales en France, Belgique, Suisse, Canada, Liban, Afrique du Nord,… Le mouvement organise, du 17 au 23 septembre 1950, un premier rassemblement national de chorales à Chamarande, rassemblant plus de 750 chanteurs sous des tentes, dans le froid et .. la faim ! Dès 1953, le mouvement organise tous les trois ans les Choralies de Vaison-la-Romaine, une manifestation qui prépare sa 24ème édition en août 2022.
Le « Centre Culturel Lyonnais » est fondé en 1945 par Reine BRUPPACHER, alors secrétaire de César Geoffray. En 1947, elle met en œuvre une expérience parallèle à la création d’« A Cœur Joie », (elle en est la secrétaire en 1948 et jusqu’en 1962) en créant l’« Arc-en-Ciel », dont elle définit ainsi les objectifs : « Ce qu’« A Cœur Joie » fait pour les choristes par le moyen du chant, « Arc-en-Ciel » le fait par celui de la couleur, de la forme, de la ligne. Il n’est pas impossible de donner, par la pratique, à tous, une formation plastique en peinture, céramique, vitrail, etc … ou d’une façon moins manuelle, une connaissance des chefs-d’œuvre passés et présents ».(6)
César Geoffray décède le 24 décembre 1972, à Soucieu-en-Jarrest.
Reine Renée Irma Bruppacher, née le 20 septembre 1908 à Lyon 1°, décède le 20 mars 1993 à Saint-Cyr-au Mont-d’Or.
Une génération s’efface, mais les bases sont bien posées, l’héritage est bien transmis et la relève est assurée depuis 1947 !
- 1 – https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Gleizes
- 2 – https://fr.wikipedia.org/wiki/Moly-Sabata
- 3 – http://www.fondationgleizes.fr/fr/gleize/page/fondation/-/fondation
- 4 – https://fr.wikipedia.org/wiki/César_Geoffray
- 5 – https://www.choralies.org/
- 6 – Maréchal Françoise. Dix années d’éducation populaire artistique à Lyon : «L’arc-en-ciel», 1947-1957. In: Histoire de l’art, N°19, 1992. Varia. pp. 87-95
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2 réponses sur « Chronique du Bateau Ivre, de Saint-Marcellin. Chapitre un »
Bonjour Jean,
Ton histoire est très intéressante, merci ! Hâte de savoir la suite…
A qui appartient cette maison aujourd’hui ? (je brûle les étapes…)
Bonne continuation, Sophie
Bonjour Sophie, et merci pour ce commentaire. Depuis quelques mois la maison du Bateau Ivre appartient à la Ville de Saint-Marcellin. Celle-ci l’a achetée alors qu’elle était mise en vente par les héritiers de Fred et Monique Gelas. L’avenir de cette maison n’est encore qu’en projet; expos d’architecture et/ou de design, résidence d’artistes, parcours architectural, les idées sont nombreuses …. et puis, oui, tu brûles les étapes !!