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Changement climatique: comment agir ?

Il faut parfois lire attentivement son quotidien et ses suppléments pour trouver des commentaires passionnants. C’est le cas cette semaine dans le « Monde TV & radio » du 25 au 31 août. Hervé Kempf y fait la critique d’un documentaire de Ron Bowman et Ed Fields; « Six degrés changeraient le monde ». Voici le début et la fin de cette critique.

« Ce film est très représentatif de la bien-pensance écologique dominante: une conscience très claire des catastrophes à venir, mais l’incapacité totale d’y apporter l’esquisse même d’une solution, faute du moindre regard politique. …. le film se montre d’une invraisemblable mollesse quand il s’agit d’arriver aux « solutions », expédiées en dix minutes, comme s’il ne croyait pas à ce qu’il raconte. Ainsi nous parle-t-on d’ampoules basse consommation, d’isolation des maisons, d’éoliennes et de fusion nucléaire, en expliquant avec justesse que ces techniques ne sont pas la panacée.

« Rien ne sert d’attendre qu’on crée une source d’énergie gratuite », dit Mark Lynas, le journaliste qui a inspiré le film.  »Il faut trouver des solutions d’ici dix ans ». Mais l’idée que le système économique pourrait être impliqué et que les rapports de pouvoir jouent sur les politiques menées, l’idée qu’il est indispensable d’économiser fortement l’énergie et de changer nos modes de vie ne sont pas évoquées. « Tous ensemble avec des gestes simples, nous pouvons préserver notre planète », gémit le commentaire final. Tant que les écologistes ou supposés tels continueront à parler au public comme s’il était composé d’enfants de maternelle, rien n’empêchera le changement climatique de se produire. »

(C) Hervé Kempf

Hervé Kempf a totalement raison lorsqu’il parle du système économique et lorsqu’il dit qu’il faut changer nos modes de vie. Mais lorsqu’il parle des rapports de pouvoir, c’est avant tout pour stigmatiser les riches détenteurs du capital, une oligarchie qui multiplie les signes extérieurs de richesse (le bling-bling dont Sarkozy serait un exemple). C’est d’elle que devrait venir le changement économique si l’on veut qu’il soit compris et suivi par les classes moyennes.

Mais est-ce que ce sont les riches qui font l’économie ? Ou bien n’en sont-ils que les serviteurs zélés ? Après l’échec du communisme, il ne reste qu’un seul et unique modèle économique dans le monde: le développement sans fin, la croissance sans frein, …

Les riches s’affichent, les moins riches veulent faire de même, les pauvres rêvent d’y parvenir un jour lointain, .. cela à l’intérieur de chaque pays et, à l’échelle de la planète, entre les continents.

Ce n’est pas une nouvelle « lutte des classes » qui apportera une solution. Il n’est pas plus réaliste de penser un « grand soir » sur une planète de bientôt sept milliards d’habitants.

Ce qui est à mettre en évidence, c’est la pauvreté intellectuelle du personnel politique, qu’il soit à la tête des nations ou des partis politiques. Des œillères, partout des œillères …

L’échec du Cycle de Doha en est une démonstration. Alors que le commerce mondial permet une réelle émergence de pays comme l’Inde ou la Chine (pas encore l’Afrique !!), alors que ces pays émergents ont leurs propres entreprises … multinationales et qu’ils veulent s’implanter en occident, voilà qu’on leur ferme nos frontières ! Si le personnel politique refuse les négociations commerciales multilatérales, comment pourra-t’il imaginer des négociations multilatérales sur le thème du changement climatique, ou sur celui des matières premières et des énergies ?

PS: je l’avais déjà remarqué pour un autre militant radical de l’écologie, Yves Paccalet, mais c’est la même chose pour Hervé Kempf. Il existe plusieurs sites qui font des empilages contestataires et donc des amalgames plus que douteux entre impératifs écologiques et idées malsaines comme la théorie du complot.

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Mon Leclerc et les barquettes

Comme beaucoup de centres commerciaux, mon Leclerc a quasiment supprimé depuis quelques mois le rayon « fromages à la coupe ». En fait, il ne l’a pas supprimé, mais au lieu d’y avoir une crémière qui découpait les portions de mon choix, il y a maintenant une salariée qui découpe, à l’avance, des portions de tailles variées et qui les filme sur des barquettes de polystyrène. A moi de choisir dans cet assortiment. C’est identique pour une partie du rayon « boucherie ».

Barquette polystyrène (DR)

Je comprends bien qu’il y ait un gain en main d’œuvre. Comme Lavoisier le disait pour la chimie, il en est de même pour l’économie: « rien ne se crée, rien ne se perd ». Si mon Leclerc fait un gain de main d’œuvre, c’est parce qu’il a remplacé du temps consacré au client (« Et pour vous Madame ? – Vous en voulez davantage ? – Non, j’en ai plus cette semaine, je le reçois mardi – Numéro 52 ? ») par du plastique.

Et si le plastique est plus intéressant que le temps de travail, c’est parce que ce plastique ne coûte rien (ou presque rien, même aujourd’hui !): c’est un peu de pétrole gonflé d’air !

Et si ce plastique ne coûte rien, c’est parce que mon Leclerc n’en paie pas la totalité du coût réel. Il paie la matière première, la fabrication de la barquette, sa distribution en cartons de 1000 , mais il ne paie pas ni l’impact que sa fabrication peut avoir sur l’environnement, ni sa destruction ! Or, il s’agit d’un produit NON RECYCLABLE !! Qui va finir sa vie dans un CET !

Je sais, mon Leclerc va me dire qu’il n’a pas tellement le choix de l’emballage puisque la réglementation européenne interdit le carton ou le bois. Mais là n’est pas la question !

Si mon Leclerc est honnête avec lui-même, il ne peut pas, A LA FOIS, vendre des sacs réutilisables sur lesquels il parle de l’AIR, de l’EAU et de la TERRE et distribuer des barquettes de polystyrène !! En attendant que chacun d’entre nous (industriel, commerçant et individu) soit taxé (bonus et/ou malus) sur son impact environnemental, puis-je demander à mon Leclerc d’être au moins logique avec lui-même dans ses propos et ses comportements ?

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Décharge

Voilà un mot magique ! Employé à tout propos et hors propos par les multiples opposants aux structures de traitement des déchets, c’est en fait un concept qui n’existe plus. Une décharge, c’était l’endroit où l’on se .. déchargeait des déchets dont l’on ne savait que faire. Actuellement, l’administration et les professionnels du déchet parlent plus volontiers de Centre d’Enfouissement Technique (CET), ou de Centre de Stockage des Déchets (CSD, voire CSDU pour les Déchets Ultimes).

Au même titre qu’au Moyen-Age l’on se débarrassait de ses malades de la peste à la “maladrerie” (Maladière), notre XXI° siècle ne veut pas davantage voir ses déchets, ni ne veut en entendre parler. C’est d’ailleurs identique pour nos pauvres, nos vieux, nos handicapés, nos étrangers, nos délinquants et nos déviants ! Pour tous, si l’on doit bien faire quelque chose (prison, hospice, centre de rééducation ou aire d’accueil des gens du voyage), qu’au moins ce ne soit pas chez moi (nimby).

Donc, la décharge reste l’endroit nécessairement sale, dangereux, polluant, hostile à l’environnement, qu’il convient d’installer le plus loin possible des yeux. Ou, à défaut, dans les zones industrielles ! Et là, on rejoint un autre concept: celui de l’industriel qui est nécessairement un pollueur !

Illustrations:

1) Vendredi dernier, je suis allé visiter le Chateau de Cumane, sur une commune voisine, château exceptionnellement ouvert par son propriétaire. Nous y étions accueillis par un « commando », au demeurant fort pacifique, qui nous enjoignait de profiter du lieu avant que n’y soit installée une …. décharge ! Or, il n’est nullement question d’équiper cette commune d’une décharge, mais d’un quai de transfert intercommunal (qui remplacera celui qui fonctionne depuis 2000 dans l’ancienne usine d’incinération !) destiné à regrouper les déchets ménagers avant leur transfert quotidien vers le centre de traitement. Jusqu’à preuve du contraire, une telle démarche locale a pour elle tous les avantages économiques et environnementaux !

Affiche Chambarouf

2) Où l’on reparle des Chambaran. Un festival doit s’y dérouler prochainement. Il a choisi pour thème de « faire la teuf dans la forêt toxique » où est prévue l’installation d’une « décharge chimique », et les festivaliers sont invités à s’y rendre avec des masques à gaz !! Il s’agit là d’une désinformation pure et simple (quelque peu hystérique), mais le plus grave c’est que cette désinformation se fait sur fonds publics, les organisateurs ayant bénéficié d’une subvention de 1500 € du Conseil Général.

Tous les opposants ont parfaitement le droit de s’exprimer, à la seule condition de le faire honnêtement et de ne pas se livrer à la caricature.

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Pétrole

Pétrole: on n’a pas fini d’en parler

« Quando l’acqua tocca al naso, si impara a nuotare » (Quand l’eau t’arrive au nez, tu apprends à nager) se plaisait à répéter mon beau-père. Mais en matière de pétrole, de pic de Hubbert et d’économie, il en est qui ne sauront jamais nager !

C’est le cas d’un économiste (Thomas I. Palley|http://www.project-syndicate.org/commentary/palley5/French) qui écrit un papier dans « Le Monde Economie » de ce 1er juillet. En économiste pur et dur, il ne voit qu’une courbe de croissance de la consommation de pétrole d’une part et des stocks qui sont … 10% au-dessus de ce qu’ils étaient il y a dix ans. Il en déduit donc que l’augmentation des cours actuels n’est que le fruit de la spéculation !! Le comble, c’est qu’il déclare que « la flambée actuelle des prix du brut ne prendra fin que par une récession qui épuisera la capacité des consommateurs à absorber la hausse, ou lorsque le lent processus de substitution au pétrole prendra effet ». Peut-il nous expliquer pourquoi il y aura « lente substitution », si ce n’est parce que le pétrole vient à manquer ?

Et que croyez-vous qu’il propose comme action populaire pour mettre un terme à cette situation ?

« Si les consommateurs ne remplissaient le réservoir de leur automobile qu’à moitié, ils feraient immédiatement baisser la demande. Etant donné le manque de capacité de stockage, cela pourrait rapidement faire descendre les cours et griller les spéculateurs .. »

Faisons un rapide calcul.

Il y a moins de UN milliard d’automobiles dans le monde, ce chiffre est attendu vers 2010.

Un réservoir fait 50 litres en moyenne.

Soit 50 milliards de litres théoriquement stockés.

Statistiquement, parmi les véhicules en circulation, il doit y en avoir autant dont le réservoir est plein, que ceux dont le réservoir est à moitié vide, et que de ceux qui doivent passer incessamment à la pompe. Prenons la valeur médiane et cela ne fait désormais que 25 milliards de litres de carburant

Ne remplissons qu’à demi tous ces réservoirs et cela fera quelques 12,5 milliards de litres de carburant que devront stocker les pétroliers.

Exprimé en barils de 159 litres, cela fait environ 78 millions de barils de carburant. Quand on sait que la production mondiale quotidienne de pétrole est de 86 millions de barils, on reste rêveur devant la petitesse de la proposition !!

Sans doute s’agissait-il d’un article destiné à être publié le 1er avril !

Jerrycan


Plus sérieusement, mais plus dramatiquement, sur cette question du “peak oil”, je vous invite à écouter Yves Cochet (http://lesverts.fr/article.php3?id_article=4028) . C’est récent (22 mai), c’est un peu long, c’est mal filmé, le public est irrespectueux comme c’est pas possible à l’égard de la caméra, mais alors quelle pédagogie ! Mais, ça fait peur … On en reparle, si vous le voulez bien.