Parce que je suis convaincu que la Conférence sur le Climat de Copenhague n’est pas un échec, parce que je crois fermement que des méthodes nouvelles doivent être inventées pour discuter à 192 sans rejeter l’ONU qui peut préfigurer un gouvernement mondial, parce que l’on ne peut pas laisser la place aux seuls écologistes de la “Deep Ecology”, trop absolus, trop autoritaires, en résumé trop dangereux et parce que l’on ne peut pas, non plus, laisser le champ libre à tous ceux qui nient le réchauffement climatique, l’empoisonnement de notre terre par les déchets et pollutions et la fin des matières premières, alors oui il faut engager une profonde réflexion écologique au niveau de chaque individu.
Deux philosophes nous y ont récemment invité dans “Le Monde”.
Michel Serres, le 22 décembre 2009: « On a oublié d’inviter la terre à la conférence sur le climat ».
Edgar Morin, le 10 janvier 2010: « Ainsi il faut à la fois mondialiser et démondialiser, croître et décroître, développer et envelopper ».
En plein forum de Copenhague, Renault annonce qu’il va produire un nouveau 4×4, par le biais de sa filiale roumaine Dacia. Comme cette rubrique n’a pas pour vocation de faire de la pub pour les automobiles, on se contentera de préciser que ce véhicule, le Duster, produira de 140 à 150 g/km de CO².
Ce niveau est supérieur à ce que l’Europe considère d’ores et déjà comme une “norme” à atteindre pour chaque véhicule de chaque constructeur: moins de 140 g/km. Et cette”norme” n’est pas exagérément contraignante, loin s’en faut.
Donc Renault n’a rien compris. Pour sa défense, il déclare que ce véhicule qui sera vendu à un prix record de 14000 € environ, n’est pas destiné au marché européen. Par européen, il doit falloir comprendre Europe de l’Ouest, parce qu’étant fabriqué en Roumanie, il paraît bien difficile de ne pas l’y vendre. Renault nous précise qu’il est destiné à des pays où ce type de véhicules est quasi indispensable (au moins pour les classes moyennes !); la Russie, le Brésil, le Maghreb, la Turquie, (tiens, elle aussi veut faire partie de l’Europe …), le Moyen-Orient, l’Ukraine…
Il est pourtant regrettable qu’un constructeur comme Renault ne se mette pas en pointe pour créer le vrai véhicule tous chemins, dont ont probablement besoin ces pays, qui soit enfin économe en carburant et pauvre en rejets. Non, on va au plus simple, au plus profitable, en reprenant des plateformes et des bases moteurs déjà existantes afin de créer un pollueur de plus. Les pays en développement ont besoin de se développer, certes, mais il est impératif qu’ils le fassent en prenant en compte des paramètres énergétiques et environnementaux draconiens. Il est certainement du rôle des grands industriels de les aider dans ces choix. Ce n’est pas ce que fait Renault !
Quant à ne pas vendre ce véhicule en Europe de l’Ouest, on dit: “Chiche ?”. N’est-ce pas déjà le discours que Renault tenait lors du lancement de la Dacia: « c’est pas un véhicule pour la France ! »
En avril, l’Egypte a fait abattre tous les cochons (Tuez-les-tous-…-les-cochons) du pays. 300000: c’est le nombre d’animaux qui ont été tués, alors que se déclenchait l’épidémie mondiale de grippe A (H1N1). Et pas toujours de façon “humaine”, comme l’ont montré certaines vidéos. L’objectif absurde de cette décision était d’empêcher le développement de la maladie, alors que le cochon n’est pour rien dans sa transmission.
Les effets de cette décision sont inattendus et amènent l’Egypte à s’interroger et à se demander si elle a eu raison.
Ce n’est pas la douleur de la minorité copte agressée dans ses pratiques alimentaires et ses traditions culturelles qui est à l’origine de cette interrogation.
Ce n’est pas non plus la forte réprobation internationale, qui en est restée à des déclarations de principe sur l’inutilité d’une telle décision.
C’est un peu le fait que malgré toutes ces “précautions”, la grippe A est bel et bien entrée en Egypte et qu’elle y a déjà fait des victimes. C’était pourtant prévisible.
C’est surtout le fait d’une incroyable situation sanitaire caractérisée par des amoncellements d’ordures en plein centre ville du Caire et de nombre de grandes villes. Les déchets s’entassent, pourrissent, dégagent d’insupportables odeurs. Dans la quasi totalité des zones urbaines égyptiennes (sauf Alexandrie), les services de collecte et de traitement des ordures sont presque inexistants. Mais, au Caire, les cochons élevés par les chrétiens égyptiens (coptes) avaient pour mission de se nourrir et d’engraisser en mangeant la partie fermentescible des ordures ménagères: déchets verts, déchets de cuisine, reliefs des restaurants, déchets des marchés publics, … Cette partie fermentescible représente 50 à 60 % des déchets en volume.
Les cochons ne mangent plus rien et dans le quartier de Muqqatam, les »zabbaleen » (récupérateurs et trieurs de déchets), pratiquement tous coptes, ne parviennent plus à trier les déchets. La partie fermentescible pourrit dans leur quartier et les empêche de récupérer de façon efficace les autres parties recyclables: plastique, papier, carton, métal, …
Les cochons n’engraissent plus et les familles des »zabbaleen » n’ont plus ni ce bénéfice alimentaire, ni cette source de revenus. Cela n’est plus.
Bien sûr, d’aucuns disent que puisque l’état les a mis dans cette « merde », au sens propre (!) du terme, c’est à lui de les en sortir. Mais c’est mal connaître l’homogénéité, la réactivité et la volonté de cette communauté qui, d’ores et déjà, se tourne vers les producteurs de déchets, les familles, les citadins, les ménages, pour les inciter à faire le tri de leurs déchets à la source. Cela permettra aux »zabbaleen » d’orienter plus rapidement les diverses catégories de déchets vers les circuits de recyclage adéquat, notamment les fermentescibles vers la fabrication de compost.
La partie n’est pas gagnée, loin de là, mais d’une énorme faute politique naîtra peut-être une évolution originale en matière d’assainissement des villes des pays en voie de développement, une alternative viable à la mise en place de prestataires étrangers.
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