Renault m’a fait récemment parvenir une publicité, illustrée d’une crème anti-âge, me précisant qu’il y a plus efficace pour rajeunir mon ancienne voiture. Bravo à Renault qui suit parfaitement ses clients et sait leur rappeler que leur voiture vieillit, quand bien même la mienne n’a pas encore 5 ans !!
La méthode de rajeunissement proposée est ni plus ni moins celle de l’achat d’un nouveau véhicule. La prime à la casse laisse des traces. Selon le Ministère de l’Industrie, au 14 décembre 2010 ce sont 563434 véhicules qui ont été retirés du circuit en 2010 pour être conduits à la ferraille. Tous véhicules âgés, mais pas tous véhicules hors d’usage. Aucune réflexion n’a été entreprise pour savoir si certains n’auraient pas pu être recyclés auprès de jeunes, ou auprès d’associations, après expertise bien entendu. Mais tous ont été détruits au motif de la lutte contre la production de CO2.
Cet objectif au moins a t-il été atteint ? Pas si sur !
En 2009, la moyenne CO2 par kilomètre parcouru sur le parc automobile français tous âges confondus était de 176 g/km.
Après le retrait des véhicules concernés par la prime à la casse et leur remplacement, cette moyenne est tombée à 169 g/km en 2010. Soit sur la base de 12798 km parcourus en moyenne par chacun des 37,5 millions de véhicules français (UN pour DEUX habitants), la production de CO2 a été abaissée de 3,3 millions de tonnes en un an.
Or, dans le même temps, chaque voiture détruite a été remplacée par un véhicule neuf fabriqué sur l’une ou l’autre des chaînes de montage. TerraEco prend l’exemple d’une Laguna dont la fabrication est responsable de l’émission de 4,7 tonnes de CO2, un chiffre assez comparable quel que soit le type de véhicule. Ainsi donc les 563434 véhicules “échangés” dans le cadre de cette opération ont entraîné la production de 2,65 millions de tonnes de CO2.
Au total le bénéfice de l’opération n’est que de … 650 000 tonnes. Encore faut-il remarquer que ces calculs ne prennent pas en considération les coûts liés à la destruction des véhicules retirés de la circulation. Le bénéfice écologique de l’opération est donc quasi nul.
Certains vont se rassurer en disant que le nouveau véhicule va produire moins de CO2 pendant les quelques années de son existence et, donc, qu’à la longue, la balance sera moins négative. Oui, certainement, même si le gain restera à la marge.
Quant au bénéfice écologique personnel, prenons un automobiliste lambda qui a fait l’acquisition d’un nouveau véhicule qui produit 169 g au lieu de 176 g/km de CO2. Au cours d’une année (12798 km !), il économisera 90 000 grammes de CO2 ! Pour compenser les 4,7 tonnes liées à l’achat de son nouveau véhicule, il devra rouler avec son nouveau véhicule pendant … 52 ans. TerraEco a pris l’exemple d’une Twingo plus économe et le temps de conduite nécessaire n’est que de … 28 années.
Moralité: il y a encore beaucoup à faire pour réduire l’impact écologique de la voiture. Et ce ne sont pas les opérations de prime à la casse ou de prime de rajeunissement qui peuvent y contribuer. Ces opérations n’ont qu’un seul objectif; celui de maintenir en vie tout un secteur économique majeur dans notre pays comme dans tous les pays industrialisés. Ce secteur ne concernent pas seulement les fabricants d’automobiles ou d’accessoires, mais aussi le circuit des concessionnaires, des garages, des carrossiers, des additifs, des carburants, de la publicité, des routes, autoroutes et rond-points, et j’en oublie certainement.
2012 verra probablement apparaître les premières voitures électriques de qualité et de compétences (autonomie) suffisantes pour en faire de vrais véhicules. Connaît-on aujourd’hui le coût écologique de fabrication d’un tel véhicule et de ses batteries ? Connaît-on le cout écologique de la recharge de celles-ci et de son traitement en fin de vie ?
Renault (encore lui) fait de la Zoé (http://news.autoplus.fr/news/1437514/Genève-2011-présentation-stand-Renault-ZOE-PREVIEW) un vrai cheval de bataille. Mais toute la stratégie en reste encore et toujours à la voiture individuelle toujours et partout. Chaque année, le coût unitaire d’un ticket de train augmente, alors qu’il devrait diminuer, seule solution pour transférer des usagers vers ce moyen de transport collectif. Les parcs de stationnement à l’entrée des villes devraient être obligatoires et reliés au centre de la cité par un réseau dense et permanent de véhicules de transport en commun, sortes de taxis électriques gratuits. Il ne s’agit pas de supprimer la voiture individuelle, mais de ne lui laisser le champ libre que dans un domaine restreint dont la ville sera nécessairement exclue. Et pour cela, il faut faire évoluer (formation, conversion) tous les secteurs économiques précédemment cités. Une lourde charge …
Tout un changement de mentalité et de comportement.
Dans “Le Monde” du 31/10/10 est paru un entretien avec Dominique Bourg, professeur à la faculté des géosciences et de l’environnement de l’UNIL (Université de Lausanne) sur le thème de la nécessaire réforme de la démocratie si l’on veut faire face aux problèmes environnementaux.
Après avoir dressé un tableau désormais classique de disparition des espèces (sixième extinction) et de raréfaction des ressources, Dominique Bourg affirme tout crûment que la démocratie actuelle est incapable d’affronter ces problèmes et doit donc être réformée.
Elle en est incapable parce que:
les élus sont régulièrement soumis au jugement des individus selon le principe de la démocratie représentative. Or, les individus ne sont capables que d’un jugement spontané n’ayant rien à voir avec la durée dans le temps des problèmes environnementaux. De plus, les élus sont enclins à satisfaire les intérêts immédiats et particuliers de leurs mandants et non les intérêts globaux.
les individus sont formatés depuis le début de l’ère de la consommation par l’enrichissement matériel, clef du bien-être. Egoïstes, ils ne sont pas disposés à changer en faveur de moins de production et moins de consommation.
enfin, notre vie démocratique accorde une prime au court-terme et a bien du mal à prendre en compte les intérêts du futur.
Face à une analyse aussi sinistre, aussi négative et aussi pessimiste de notre vie démocratique, l’auteur propose une modification de notre constitution et une modification de nos institutions.
En ce qui concerne la constitution, il conviendrait d’ajouter deux nouveaux objectifs à l’Etat: celui de « veiller à la sauvegarde du bien commun qu’est la biosphère » et celui de « soumettre les ressources naturelles à une gestion internationale concertée ». Mais comme l’auteur est bien incapable de faire confiance, ni à l’Etat, ni aux futures instances internationales chargées de gérer ces deux dossiers, il envisage de modifier nos institutions.
En créant une “Académie du futur”, composée de chercheurs de tous pays qui auraient pour mission d’exercer une veille sur l’état de la planète et de faire des propositions aux “politiques”.
Au coté de cet aréopage distingué, un nouveau SENAT, en amont de l’Assemblée, élaborerait les mécanismes législatifs permettant de répondre aux nouveaux objectifs introduits dans la Constitution.
Ce SENAT serait constitué de 2/3 de “personnalités qualifiées” proposées par les ONG et d’1/3 de “citoyens”. Avec l’aval de “conférences de citoyens” (?), il aurait le pouvoir d’opposer son veto aux propositions de loi jugées contraires aux objectifs.
Voilà pour ces propositions ahurissantes qui rejoignent d’autres comportements tout aussi totalitaires. La populace est incapable de comprendre, la démocratie est trop lente, remplaçons-les par des experts et des représentants “éclairés” du peuple !! Toutes les dictatures (toutes !) ont tenu ce langage liminaire. Dans cet exemple, il est inquiétant de constater que Dominique Bourg fait partie de la Fondation Nicolas Hulot, que cet entretien publié dans “le Monde” l’a été également sur le blog (http://www.fondation-nicolas-hulot.org/blog/entretien-avec-dominique-bourg-un-systeme-qui-ne-peut-repondre-au-defi-environnemental) de la Fondation Nicolas Hulot et qu’il n’y a fait l’objet d’aucun commentaire.
“Le Temps“, quotidien suisse, a publié dans son édition du samedi 13 novembre 2010 un article consacré au livre que Dominique Bourg et Kerry Whiteside ont consacré à ce thème de l’inadaptation de notre démocratie: “Vers une démocratie écologique: le citoyen, le savant et le politique”. Cet article d’Etienne Dubuis, intitulé “Vers une dictature écologique”, rejoint tout particulièrement mes critiques. Le voici »in extenso ».
“L’environnement figure parmi les enjeux cruciaux de notre temps. L’homme a étendu à tel point son empire qu’il risque d’épuiser un certain nombre de ressources naturelles non seulement au niveau local mais aussi à l’échelle globale. Il se doit, par conséquent, de se préoccuper de son impact sur la planète et d’adapter son comportement à ce nouveau défi. Il reste à savoir comment. Un livre récemment paru répond à ce souci: Vers une démocratie écologique de Dominique Bourg et Kerry Whiteside, respectivement professeur à la Faculté des géosciences et de l’environnement de l’Université de Lausanne et professeur de sciences politiques au Franklin & Marshall College en Pennsylvanie.
Pour les deux auteurs, l’heure est dramatique. «Les dégradations que l’humanité inflige aujourd’hui à la biosphère sont sans précédent, assure d’emblée leur ouvrage. Elles menacent notre bien-être collectif, l’équilibre économique et politique du monde, l’avenir des générations futures.» Or, selon Dominique Bourg et Kerry Whiteside, cette évolution a pour responsable la «démocratie représentative», qui serait incapable de s’élever au-dessus de l’égoïsme et de l’aveuglement des électeurs.
Vers une démocratie écologique propose de changer en conséquence les institutions. Il suggère de donner à la défense de la Nature une place prépondérante dans le jeu politique et de limiter le pouvoir des citoyens ordinaires. La pièce centrale de ce nouveau régime serait une Chambre haute du Parlement, le «Sénat», qui aurait le pouvoir d’«opposer son veto à toute proposition législative allant à l’encontre des objectifs constitutionnels». Objectifs parmi lesquels figureraient le «principe général de finitude» (des ressources) et, son corollaire, le «principe de précaution».
Comment seraient choisis les sénateurs? Ils seraient tirés au sort sur une liste de candidats constituée par des organisations non gouvernementales spécialisées dans la défense de l’environnement. A titre de variante, Dominique Bourg et Kerry Whiteside proposent qu’un tiers d’entre eux puisse être issu de la population «ordinaire», et ce, par tirage au sort pour éviter toute intrusion d’intérêts particuliers. «Des attachés parlementaires dotés d’une bonne culture scientifique devraient également permettre de faciliter le travail d’acculturation de ces nouveaux sénateurs», est-il précisé.
Dans la même veine, une «Académie du futur» formée de spécialistes de l’environnement et de philosophes serait chargée «de conférer un sens précis, scientifiquement informé» aux objectifs constitutionnels. Bref, d’indiquer sans appel la marche à suivre.
L’ouvrage ne manquera pas de séduire quelques écologistes radicaux. Mais il pèche de nombreuses façons et d’abord par ce qu’il tait.
Ce qu’il tait? Que le régime proposé n’est pas une démocratie, comme prétendu, mais une dictature. Le peuple n’est plus souverain lorsqu’une institution non issue de lui a le pouvoir de décider des lois. Or c’est bien ce qui est prévu. Les sénateurs sont choisis par une minuscule minorité de militants écologistes, qui ne peuvent en rien prétendre représenter l’ensemble des citoyens. Et, avec leur droit de veto, ils ont la capacité de trancher sur toutes les questions environnementales. Ce qui signifie qu’ils décident de tout, puisque l’environnement concerne de près ou de loin les domaines de l’existence les plus variés, de l’alimentation à la morale, en passant par les transports, la santé, l’éducation, etc.
Le projet est vieux comme la civilisation occidentale. Depuis l’Antiquité grecque, il s’est toujours trouvé des hommes pour estimer que les savants sont mieux placés que le commun des mortels pour gouverner. Vers une démocratie écologique reprend le thème sous une forme vaguement modernisée par la préoccupation environnementale. Il traduit une fascination pour le Savoir et ses détenteurs officiels, qui n’a d’égale qu’un mépris total pour l’homme ordinaire, décrété incapable de prendre la mesure des problèmes environnementaux parce qu’il ne les a pas sous les yeux.
La réalité, évidemment, est tout autre. Le Savoir n’existe pas. Il n’existe qu’une infinité de savoirs, d’ailleurs souvent approximatifs, sur des domaines extrêmement limités. Un physicien des hautes énergies possède un formidable bagage pour pénétrer les secrets de la matière. Mais il ne peut prétendre en dehors de sa spécialité posséder des connaissances susceptibles de le placer au-dessus du lot. Or la politique ne s’occupe pas d’un seul sujet, fut-il aussi large que l’environnement, elle empoigne tous les sujets. Et son objet n’est pas la connaissance mais l’action, qui suppose un type très différent, beaucoup plus complexe, de relation au monde.
Quant à l’opposition du savant transcendé par la connaissance et du pauvre pékin conduit par ses bas instincts, elle a paru sans doute nécessaire à la démonstration, mais elle ne tient pas. Comme si les esprits les plus instruits n’étaient pas mus également par leurs propres intérêts! Et comme si le peuple n’était pas capable d’écouter les experts! La différence entre la «démocratie représentative» et la soi-disant «démocratie écologique» prônée par Bourg et Whiteside n’est pas que la première ignore les avis éclairés. C’est que la seconde est formatée pour ignorer le peuple et ses aspirations”.
L’information est pour le moins “curieuse” et assez “choquante” ! La Chine vient d’offrir au Mali un cadeau d’anniversaire (Cinquante-ans-d-indépendances) constitué de 50 limousines de haut luxe Hong Qi 3, ce qui se traduit par “Drapeau Rouge”.
Un premier lot, estimé à 822 millions de francs CFA, constitué de 20 voitures, a été réceptionné ce 17 septembre. Soit 41 millions de FCFA par voiture, soit 62500 € !
Ces voitures, qui participeront dans cinq jours aux cérémonies d’anniversaire, ont fait, selon l’ambassadeur de Chine au Mali, « l’objet d’une commande spéciale destinée à répondre aux besoins du Mali ».
Qui a passé cette “commande spéciale” ? Le Mali ? ou la Chine ? S’il s’agit de la Chine, est-ce vraiment une « commande », est-ce vraiment un « cadeau » quand on sait que le pays a vendu … ONZE véhicules (http://www.leblogauto.com/2007/12/hong-qi-3.html) de ce type depuis janvier 2010. Il faut dire qu’il les vend 1280000 yuan soit 145000 € l’un ! Quoi qu’il en soit, si la Chine a de l’argent à offrir, elle pourrait choisir ses cadeaux avec un peu plus d’à-propos et évaluer de façon plus précise les « besoins » du Mali.
S’il s’agit du Mali, il n’est pas dans mes projets de lui reprocher de choisir des voitures de parade comme cadeau (mais 50 ??!!). On peut se demander cependant s’il n’eut pas été préférable que le Mali sollicite la Chine pour se voir offrir des véhicules plus modestes, plus utilitaires, et moins gourmands. Des véhicules électriques, par exemple, ou hybrides …
Tout le monde y aurait gagné: le Mali en simplicité, la Chine en savoir-faire et l’environnement en CO2 non rejeté et en pétrole non consommé.
Huit objectifs (http://www.ecoloinfo.com/2010/02/05/le-temps-presse-8-grands-realisateurs-tournent-le-film-8/), s’était donné la communauté internationale, afin de favoriser le développement des pays laissés pour compte. L’objectif N° 1, “Eradiquer l’extrême pauvreté et la faim” est, paraît-il, globalement atteignable. La crise a,certes, entraîné un ralentissement des progrès, mais la monde reste capable d’atteindre la cible qui est de réduire de moitié la proportion de population dont le revenu est inférieur à 1 $ par jour.
1 $ ou 1,25 $ ??. Car les tableaux qui suivent parlent de 1,25 $. Est-ce pour tenir compte de l’inflation ? Toujours est-il que l’Afrique Subsaharienne, celle qui nous intéresse aujourd’hui, avait 58 % de sa population qui vivait avec moins de 1,25 $/j en 1990. Il n’y en a que 51 % en 2005.
De plus, parmi tous ces gens qui vivent avec moins de 1,25 $/jour, il faut savoir que le revenu moyen était de 0,92 $ (- 26 %) en 1990. Ce revenu moyen est de 0,99 $ en 2005.
En matière d’emploi, en 1998, 82 % des travailleurs ne disposaient que d’un emploi précaire, c’est à dire qu’ils étaient soit à leur propre compte, soit au service de familles, mais non rémunérés. En 2008, cette proportion est encore de 75 %.
Certes, ce ne sont pas de pareils revenus qui peuvent bien contribuer à une nourriture suffisante. En 1990-92, 31 % de la population était dénutrie. En 2005-07, la proportion n’est plus que de 26 %. Malheureusement, les indicateurs actuels montrent que la crise alimentaire de 2009-10 fait très probablement remonter ces chiffres. Un enfant sur quatre de moins de 5 ans souffre d’insuffisance pondérale, ceux des zones rurales ayant deux fois plus de “chance” de souffrir d’insuffisance pondérale. Cette inégalité est également ventilée selon la richesse du groupe ou de la famille. Parmi la fraction des 20 % de la population la plus riche, il y a moins de 20 % d’enfant de moins de 5 ans qui soient dénutris. Mais parmi les 20 % de la population la plus pauvre, ce sont plus de 35 % des enfants de moins de 5 ans qui sont dénutris.
L’objectif N° 2 des OMD vise à “Assurer l’éducation primaire pour tous les enfants” et, au niveau mondial, l’espoir d’atteindre cet objectif diminue. En Afrique Subsaharienne, en 1999, le taux de scolarisation en primaire était de 58 %. Il est de 76 % en 2008, ce qui signifie qu’en moyenne, un enfant sur quatre n’est nullement scolarisé. Si cet enfant est une fille, que son entourage est pauvre et qu’elle vit en milieu rural, elle accumule les mauvais points et a peu de chance de pouvoir aller à l’école.
L’objectif N° 3 consiste à “Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes“. Qu’en est-il en matière de scolarité pour l’Afrique Subsaharienne ? En 2008, pour 100 garçons scolarisés en primaire, il y a 91 filles. Pour 100 garçons scolarisés en secondaire, il y a 79 filles. Et pour 100 garçons scolarisés en enseignement supérieur, il y a 67 filles. Car la pauvreté d’abord est un obstacle à l’éducation des filles les plus âgées.
Les hommes sont plus nombreux à avoir un emploi rémunéré, les femmes sont reléguées dans les emplois subalternes et précaires, elles sont sur-représentées dans le secteur informel où n’existent ni sécurité ni avantages sociaux. Les emplois de haut niveau sont réservés aux hommes. Et si les femmes accèdent parfois au pouvoir politique, ce n’est qu’à la condition que des mesures spéciales les y aident (quota).
L’objectif N° 4 des OMD a pour but de “Réduire la mortalité infantile des enfants de moins de 5 ans de 2/3 entre 1990 et 2015“. Ce taux était de 184 décès pour mille enfants de moins de 5 ans en 1990. Il est de 144 pour mille enfants en 2008. En Afrique Subsaharienne, autant dire que l’objectif est inatteignable !
“Améliorer la santé des mères et réduire de 3/4 le taux de mortalité maternelle“, tel est l’objectif N° 5. En 1990, 41 % des accouchements se pratiquaient avec un personnel soignant qualifié. En 2008, ce sont 46 % des accouchements: faible évolution. Là également, la richesse décide de tout. En Afrique Subsaharienne, parmi les 20 % de femmes les plus pauvres, il en est 55 % qui sont examinées au moins une fois pendant leur grossesse. Parmi les 20 % les plus riches, elles sont … 85 % à être examinées au moins une fois.
Autre chiffre: le nombre de naissances pour mille filles de 15 à 19 ans. Il était de 124 en 1990, de 119 en 2000 et de 121 en 2007, autant dire qu’il ne bouge pas et que la contraception reste largement inexistante. Pour comparaison, dans l’ensemble des régions développées du monde, ce chiffre est de 23 pour mille en 2007.
L’objectif 6 vise à “Combattre le VIH, le paludisme et autres maladies” pour d’ici à 2015 enrayer la progression du VIH et inverser la tendance.
“Assurer un environnement durable“; tel est l’objectif 7. En Afrique Subsaharienne, toujours, seuls 49 % de la population avaient un accès à une source d’eau améliorée. Ils sont 60 % en 2008. Par contre les installations sanitaires restent aujourd’hui encore un réel problème. Les utilisateurs d’installations sanitaires améliorées représentaient 28 % de la population en 1990, ils sont .. 31 % en 2008 c’est à dire aucun progrès.Les utilisateurs d’installations non améliorées et d’installations collectives totalisaient 36 % en 1990 et 42 % en 2008. Enfin, les pratiquants bien malgré eux de la défécation à l’air libre représentaient 36 % de la population en 1990 et encore 27 % en 2008.
La population urbaine d’Afrique Subsaharienne vit pour 70 % (en 1990) et encore 62 % (en 2010), dans des taudis ou bidonvilles.
Dernier objectif, le N° 8, qui vise à “Mettre en place un partenariat mondial en consacrant 0,7 % du Revenu National Brut à l’aide au Développement (APD)“. Ont atteint ou dépassent ce chiffre, le Danemark (0,83), le Luxembourg (1,0), les Pays-Bas (0,80), la Norvège, la Suède (1,01 %). La France se situe entre 0,44 et 0,48 %, l’Allemagne à 0,40, l’Autriche 0,37, le Portugal 0,34, la Grèce 0,21 (on est rassurés, ce n’est pas là qu’elle a dilapidé ses finances !) et l’Italie, bonne dernière avec 0,20 %.
Tous ces chiffres concernent l’Afrique Subsaharienne, c’est à dire, pour l’ONU, tous les pays africains au sud du Sahara, donc y compris l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Sud. En clair, c’est toute l’Afrique sauf la bande qui va de la Mauritanie à l’Egypte.
Donc, dans cette Afrique Subsaharienne, il y a le Mali, classé 178° pays sur 182 par la même ONU en ce qui concerne le développement humain. Compte tenu de cette extrême pauvreté, il est certain que tous les chiffres applicables au Mali se situent dans la partie la plus défavorable de la fourchette. Et pourtant Amadou Toumani Touré, Président du Mali, (Le Figaro, 29/06/2010) attend beaucoup de la découverte de pétrole dans le nord du pays (en plein dans cette zone où s’agitent AQMI et autres trafiquants). Il considère le pétrole comme une bénédiction car les richesses qu’il apportera permettront de pacifier la région (est-ce certain ?), de créer des écoles, des dispensaires, bref d’atteindre les Objectifs du Millénaire au moins en ce qui concerne l’eau, la santé et l’éducation. Mais il voit aussi le pétrole comme une malédiction (gestion non transparente, atteintes à l’environnement, ..) et pour cela veut s’inspirer de la gestion de son fonds pétrolier par la Norvège.
Dans un récent entretien sur France O (http://www.la1ere.fr/infos/actualites/afrique-aminata-traorele-choix-du-modele-economique-ne-nous-a-jamais-ete-laisse_25901.html), Aminata Traoré ne prend pas position au sujet des chiffres des OMD. Elle s’élève juste contre une analyse qui voudrait déduire de la moindre souffrance de l’Afrique dans le contexte de crise que tout va bien et que le continent est en passe d’émerger. Les chiffres précédents le prouvent encore, Aminata Traoré le dit bien: « Tout cela ne signifie pas pour autant davantage de prospérité, de paix et de respect pour les africains ». Aminata Traoré considère que « l’Afrique s’est laissée dicter un agenda qui n’a rien à voir avec les besoins des africains, dans les domaines de l’emploi, de l’environnement, de l’alimentation, de l’éducation, … Il faudrait que l’Afrique fasse le choix de SON modèle économique et mette un terme au modèle prédateur qui met à sac le continent ».
Enfin, dans une récente interview du Monde (24/06/2010), c’est Pascal Lamy, le Directeur Général de l’OMC, qui apporte un autre point de vue. Lui non plus ne parle pas directement des résultats d’étape des OMD, mais il s’en inspire quand il souligne la diminution de la pauvreté grâce à l’ouverture des marchés et à la mondialisation. Il s’en inspire quand il souhaite la conclusion des négociations de Doha et la conclusion d’accords mondiaux et non plus bilatéraux, car ce ne sont pas ces accords qui pourront résoudre les questions des barrières tarifaires ou des subventions agricoles. « Il faut que les pays en développement puissent mieux valoriser leur potentiel agricole ». Il s’en inspire encore quand il souligne que l’Europe est très pessimiste en matière de mondialisation, et peut-être avec raison. « Pour maintenir son modèle social, sans doute le meilleur, elle a besoin de croissance et de démographie. Elle n’a aucune des deux. Il lui faut donc soit renoncer à ce fameux modèle social, soit accepter l’immigration, soit faire des réformes de structure qui augmentent le potentiel de croissance. Plus facile à dire qu’à faire ! » Il s’en inspire enfin lorsqu’il dit que la réduction de la pauvreté n’est pas suffisante. Si l’on veut que le politique remplace l’économique (voire le financier et le spéculatif) en matière de développement mondial, il faut aussi lutter contre les inégalités et accorder plus d’attention à la redistribution supranationale, c’est à dire … donner au moins les 0,7 % du PIB prévus par les OMD !
En conclusion, l’Afrique noire subsaharienne a encore beaucoup de chemin à faire. L’y aider est indispensable et relève d’une solidarité beaucoup plus internationale, en tout cas beaucoup plus européenne qu’elle ne l’est actuellement. Il est intéressant de constater que des questions comme le pétrole (son coût, son exploitation, le peak oil, ..), la santé (palu, hygiène, salubrité, ..), l’émigration et l’immigration (qualitative et quantitative, pour quelle reconnaissance, ..), sont des questions récurrentes lorsque l’on parle du développement solidaire. Ce n’est pas pour rien que ce blog a choisi ces thèmes.
Aminata Traoré ne croit pas au “marché”. ATT et Pascal Lamy y croient. Mais tous se rejoignent pour dire que la France seule ne peut plus grand chose pour l’Afrique. Au contraire, c’est elle qui a besoin de l’Afrique, c’est elle qui doit jouer la carte de l’amitié et de la solidarité si elle ne veut pas que la Chine n’écrive qu’une nouvelle étape de l’exploitation de l’Afrique.
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