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Immigration

ATT chez JDD

Faut que je fasse une petite correction à un précédent post (Cinquante-ans-d-indépendances). Il y a un organe de la presse écrite qui aborde la question des indépendances des pays africains; il s’agit du Journal du Dimanche (http://www.lejdd.fr/Tags/Serie-Cinquantenaire-des-independances-africaines/) (le JDD). Certes, on ne pourra pas dire que c’est très approfondi puisque le principe consiste à réaliser toutes les semaines un rapide exposé relatif à la situation politique de chacun des pays “indépendantistes”, voire une interview en 7 à 10 questions du Président de la République. Mais cela existe et les commentaires sont soit inexistants, soit … racistes.

Cette semaine, le pays concerné est le Mali. Amani Toumani Touré (ATT) est un président singulièrement consensuel ! Voilà des mois qu’il s’oppose tranquillement à la signature d’un accord concernant la gestion concertée des flux migratoires. Et pourtant il se dit presque prêt à le signer à la condition que soit mis fin aux reconduites systématiques à la frontière !! Ce n’est pas très sérieux, car les reconductions se comptent encore en unités par mois et sont loin d’être systématiques ! Ce qui est contestable, c’est surtout la façon dont cela se déroule ! Mais passons, la suite du discours est plus intéressante: « dans ce débat, ce qui compte, ce sont les maliens qui vivent et qui travaillent en France depuis des années, et à qui on refuse la régularisation de leurs papiers ».

Mais qu’attend-t-on pour lui donner satisfaction ? Ils sont des milliers de travailleurs maliens, irréguliers de par leurs papiers, mais régulièrement embauchés dans l’hôtellerie, dans la restauration, dans le traitement des déchets, … avec des bulletins de salaires et des relevés de cotisations. Est-ce donc si difficile de régulariser plusieurs milliers d’entre eux, ainsi que leurs familles ?

ATT a fait savoir que les troupes de son pays seraient présentes sur les Champs Elysées lors du 14 juillet.

« Nous avons des liens étroits avec la France du fait de la colonisation. Elle reste notre premier partenaire. Il y a une très forte colonie malienne en France. Aussi, qu’on le veuille ou non, nous sommes liés. Même si, en ces temps de mondialisation, le Mali n’est pas une chasse gardée ».

Amani Toumani Touré (C)Reuters

Oui, vraiment, ATT est un président consensuel. Il est de la toute première importance de lui accorder ce qu’il demande.

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Divers

Nettoyage de printemps

Le 25 juin 2007, voici bientôt trois ans, je prenais l’initiative de créer ce blog. 147 semaines plus tard, j’y ai logé 178 articles, soit un peu plus d’un article par semaine.

Combien de visiteurs ? Presque 33000 à ce jour, soit 225 visiteurs par semaine, soit 32 par jour en moyenne. Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser !! Oh, je sais, certains blogs ont encore moins de visiteurs et restent strictement confidentiels. Voici presqu’un an (20-000-visites-en-deux-ans-…), j’avais analysé ce qui pouvait expliquer ce manque de lecteurs. Mes remarques restent toujours valables quant à la lisibilité et la visibilité des blogs du “Monde”. Elle est quasi nulle si vous ne faites pas partie des blogs de la rédaction et/ou des blogs invités (toujours les mêmes). Et « pour être mis en avant régulièrement dans la rubrique “Vos blogs” du site Le Monde, il faut avoir un blog de qualité ayant un contenu travaillé », dixit l’Equipe des Modérateurs en date du 14/03/2010. Voilà pour l’hébergeur. Je sais maintenant ce qu’il me reste à faire.

De façon plus générale, si je voulais être lu et commenté, il me faudrait parler de Sarkozy tous les jours, de préférence sur un ton critique et en cherchant la petite faille pour en faire un buzz (oh pardon, un ramdam !!!) ou bien alors attirer le chaland avec des images peu en rapport avec la réalité du sujet … Mais foin de toutes ces acrimonies.

J’ai pris la décision de faire un peu de nettoyage.

THERMOPYLES restera le blog des impératifs de la solidarité internationale, des relations entre le nord et le sud, … Pour cela, on y parlera toujours d’économie des énergies et des matières premières, d’écologie raisonnable, d’émigration-immigration, de développement, tous sujets qui conditionnent bien davantage l’avenir des Pays en Développement que le culte de la Terre Mère !

On y parlera toujours d’Egypte (où j’ai travaillé deux ans), du Mali (où j’ai aidé une petite structure de collecte des déchets à se mettre en place et où je parraine deux petites filles), du Burkina, du Niger, d’Amérique Latine, …

Mais on ne parlera plus de Saint-Marcellin, le vieux tout comme l’actuel, plus de Barbara ni de Françoise Sagan, ni de Malnuit, ni du Festival Marsiannes dont j’ai souhaité ici la relance en juin 2009, ni de jazz à Presles. Je retire tous ces articles (35 en tout) en les sauvegardant. Peut-être un jour se retrouveront-ils sur un autre blog ou sur mon site Internet. Si certains en désirent une copie, ils peuvent toujours en faire la demande …

Par contre, tant que j’en ai l’envie, je garde MA photo de la semaine et mes portfolios (on peut se faire de petits plaisirs !).

Et maintenant que le blog est à priori mieux recentré, je vous invite, lecteur, à commenter mes articles ….

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Droits de l'homme

Cinquante ans d’indépendance

Il y a cinquante ans, ce sont 17 pays africains qui accédèrent à l’indépendance. Par ordre alphabétique des dénominations actuelles, le Bénin (1er août), le Burkina-Faso (5 août), le Cameroun (1er janvier), la Centrafrique (13 août), le Congo (15 août), la République Démocratique du Congo (30 juin), la Côte d’Ivoire (7 août), le Gabon (17 août), Madagascar (26 juin), le Mali (22 septembre), la Mauritanie (28 novembre), le Niger (3 août), le Nigeria (1er octobre), le Sénégal (20 août), la Somalie (1er juillet), le Tchad (11 août) et le Togo (27 avril). La France, par ses empires coloniaux qu’étaient l’Afrique Occidentale Française (AOF) et l’Afrique Equatoriale Française (AEF), occupait une position largement prédominante auprès de toutes ces populations.

Aujourd’hui, tous ces pays se préparent (quand ils ne l’ont pas déjà fait, comme le Sénégal) à célébrer avec faste leur accession à l’indépendance. En France, seuls TV5 Monde (http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/Les-dossiers-de-la-redaction/Independances-afrique-cinquantenaire-2010/p-6141-Afrique-1960-un-continent-en-marche-vers-son-independance.htm), France24 (http://www.france24.com/fr/20100204-dossier-dix-sept-pays-africains-fete-cinquantenaire-independance) et ARTE (http://afrique.arte.tv/) ont pris l’initiative de réaliser des dossiers érudits à propos de cet anniversaire (images, vidéos, textes, témoignages, commentaires). La presse écrite, quotidienne et hebdomadaire, est quant à elle singulièrement absente: l’indépendance des pays africains n’est pas une réalité chez nous.

Il serait question que notre 14 juillet soit l’occasion d’un défilé militaire dans lequel s’aligneraient des délégations armées africaines. Est-ce là le meilleur symbole de cette indépendance ? N’est-ce pas encore un succédané de cette “Françafrique” tant détestée ?

Carte des indépendances (C)La Documentation Française

Et chez eux ? Quel bilan tirent-ils de ces 50 années d’indépendance ? Un bilan très mitigé, dans lequel ressortent très fréquemment les constatations suivantes:

  • Nous fêtons le 50° anniversaire du maintien du joug, du cordon ombilical, de la dépendance de facto.
  • Nous vivons encore dans un système de caractère néo-colonial.
  • Nous avons renoncé aux idéaux de 1960: souveraineté politique, autonomie de pensée, …
  • Notre économie est à sens unique, pourvoyeuse de matières premières, et sous la dépendance des économies et des institutions occidentales.
  • La dégradation de notre environnement est considérable.

Et pourtant, quelques idées nouvelles et fortes jaillissent cependant.

La toute première concerne l’économie et l’autonomie économique. Dambisa Moyo, économiste d’origine tanzanienne, a publié « L’aide fatale », un livre qui prêche pour une fin raisonnée de l’aide occidentale à l’Afrique, au bénéfice d’une politique d’échanges (investissements contre matières premières), d’une suppression du protectionnisme américain et européen, d’un développement local des intermédiaires financiers, de la naissance d’institutions démocratiques et solides, d’un encouragement au commerce, à l’investissement et à la création d’emplois.

Cette thèse, ce livre, sont repoussés d’un revers agacé de la main par tous ceux qui vivent par et pour l’aide. « Pensez-donc ! Supprimer l’aide ? Et comment feront-ils ? ». Pourtant la thèse est courageuse. L’auteur, économiste d’origine tanzanienne, n’arrive pas d’un pays qui commémore cette année son indépendance, mais peu s’en faut (1961). De plus, son pays d’origine a fait de nombreuses et parfois difficiles expériences politiques et économiques.

Une seconde idée nouvelle vient récemment d’être relancée par le Président du Sénégal, Abdoulaye Wade. Il s’agit de créer une union économique des pays africains dont la monnaie est le franc CFA et de remplacer cette monnaie par une monnaie proprement africaine. Et ces pays se superposent assez bien à ceux qui fêtent leur indépendance à quelques exceptions près: Mauritanie, Nigeria, Somalie, … Le Président sénégalais n’est peut-être pas le mieux placé pour défendre cette idée. Et pourtant, elle est symptomatique de critiques de l’Afrique noire à l’égard d’un système hérité de la colonisation et qui n’a pour seul objectif que de maintenir la sujétion des économies locales à l’économie française.

Certes, le franc CFA, aligné sur l’euro, est une monnaie solide et forte, probablement à l’abri de bien des perturbations. Mais le système souffre de trop nombreux “défauts”. A commencer par l’obligation faite aux pays africains de déposer 50% des réserves de change sur des comptes français, soit plus de 12 milliards d’euros.

L’arrimage du franc CFA à l’euro entraîne une perte d’autonomie des pays africains. A un euro fort, franc CFA fort et donc manque de compétitivité internationale. Ce qui est encore supportable pour les économies européennes ne l’est pas pour les économies africaines.

Enfin, le système est visiblement conçu pour permettre un rapatriement aisé des capitaux vers la France par les grands opérateurs industriels.

Parler d’une nouvelle union économique et monétaire du Centre Ouest Africain n’en fera probablement pas une réalité pour demain, mais il est important que les économistes s’en préoccupent.

Autre idée nouvelle, qui émane des intellectuels africains celle-ci. Certains d’entre eux constatent que depuis plusieurs décennies ils constituent une “diaspora” installée en Europe (en France) ou aux USA. Cette communauté pense, analyse, propose et publie en français ou en anglais. Elle n’est pas engagée auprès de ses peuples. Ses écrits mêmes sont pratiquement introuvables dans les capitales africaines. Certes, le “public” du livre d’auteur africain y est encore limité. Mais pourquoi une coopérative ne discuterait-elle pas des droits d’édition et de diffusion (voire de traduction !) de ces livres auprès de tous les éditeurs occidentaux et pour le seul marché africain ?

D’autres auteurs veulent réhabiliter les langues endogènes dans leurs écrits: wolof, bambara, …

Et certains vont encore plus loin. C’est le cas de Moussa Konaté qui vient de publier “L’Afrique noire est-elle maudite ?” (Fayard). Moussa Konaté est éditeur à Bamako, il est également codirecteur du Festival Etonnants Voyageurs dans sa version malienne.

(C) Moussa Konaté-Fayard

Après avoir retracé la place respective de l’individu, de la famille, du groupe et de la société dans la culture africaine, l’auteur dresse un constat terrible: « La colonisation se poursuit par la soumission des élites noires aux exigences occidentales ».

« Si l’on veut que l’Afrique ne fasse pas comme ou plus que l’Occident, mais qu’elle fasse mieux, alors il faut retrouver une nouvelle école. Actuellement, l’école et l’enseignement restent des transmetteurs colonialistes. Les langues occidentales comme vecteur essentiel de l’instruction rejettent la majorité des populations paysannes, des populations moins privilégiées qui ne s’expriment pas dans une langue européenne. Le recours aux langues africaines est le moyen de s’affirmer à la face du monde et de retrouver confiance en soi ».

Alors que la dernière génération de ceux qui ont vécu la décolonisation (ceux qui avaient entre 10 et 20 ans ont aujourd’hui entre 60 et 70 ans !) se prépare à fêter l’anniversaire dans une certaine douleur, il est heureux de constater un renouvellement de la réflexion sur l’avenir de l’Afrique.

Et la France dans tout çà ? Avec l’Europe, il lui faut revoir ses liens privilégiés et mettre un terme à la “Françafrique”, aider ces pays à se créer une union économique et monétaire, revoir les priorités des aides au développement (AFD), rediscuter du rôle de la francophonie, définir une politique d’émigration-immigration, …Effectivement, c’est moins facile qu’un défilé sur les Champs Elysées …

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Sahel

Une analyse de la situation sahélo-saharienne

En novembre dernier (Cocaïne-à-Gao), dans un post consacré au trafic de drogue dans le nord du Mali, j’avais inséré un texte consacré à l’histoire des tensions dans la région sahélo-saharienne, entre Mali, Mauritanie, Algérie et Niger. L’enlèvement de Pierre Camatte n’a pas permis de mettre en évidence une analyse sérieuse de la situation qui prévaut dans cette zone. Bien au contraire, puisque nombre de commentateurs se sont contentés d’accusations démagogiques à l’égard de la France qui “tuait le tourisme” en déconseillant cette région à ses ressortissants.

“Le Républicain”, organe de presse du Mali, a publié aujourd’hui une analyse assez complète (http://www.maliweb.net/category.php?NID=58753&intr=) et surtout assez fine de la situation politique et sécuritaire au Nord. Cela vaut le coup de le signaler et surtout de le lire.

Sahel (C)CESBIO