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La faute de TOTAL et l’appel

Il est de plus en plus fréquent d’entendre, à l’issue des “grands procès”, certains médias, certains militants, certaines familles, s’indigner de voir le coupable qui vient d’être condamné, faire appel de cette décision. Les motifs invoqués sont bien souvent les suivants:

  • « il devrait avoir honte »
  • « c’est scandaleux, il veut échapper à sa condamnation »
  • « il ne va pas encore remuer cette histoire »
  • « il compte sur la justice de classe pour l’absoudre »
  • « comment pouvons-nous faire notre travail de deuil ? »
  • etc, etc…

C’est le cas aujourd’hui, après le jugement condamnant TOTAL dans l’affaire Erika et la décision de cette entreprise de faire appel.

Naufrage de l’Erika (DR)

1°) TOTAL a commis une faute. En cherchant à économiser au-delà du raisonnable sur les coûts de transport de ses fuels, il a pris le risque d’affréter des bateaux poubelles. C’est un risque qu’il connaissait, puisque TOTAL ne peut pas être sans ignorer l’existence d’une flotte de navires en mauvais état et munis de pavillons de complaisance.

2°) En matière de sécurité, il est d’usage constant qu’un entrepreneur ne peut pas accorder une confiance aveugle aux affirmations de conformité que lui donne un fournisseur ou un sous-traitant. En l’espèce, TOTAL ne pouvait accorder confiance à l’armateur de l’Erika. (Je suis assez bien placé pour le savoir, ayant eu à gérer un cas d’accident mortel du travail causé par une machine certifiée conforme par son importateur et jugée, à postériori, dangereuse et non conforme, par l’organisme de certification).

3°) Pour assumer ses obligations, TOTAL avait besoin d’une attestation de conformité délivrée par un organisme tiers et agréé, en l’occurrence dans le cas présent, la Société RINA.

4°) Cette attestation s’est révélée mensongère. Sauf à mettre en évidence une complicité entre TOTAL et RINA, il est impossible d’imaginer qu’une entreprise puisse mettre en doute les dires d’un organisme de contrôle. On ne peut pas faire contrôler un organisme de contrôle par un autre organisme de contrôle !!

5°) Si TOTAL fait appel, c’est bien pour que la responsabilité de l’organisme de contrôle soit reconnue haut et fort et AVANT celle de l’utilisateur final.

6°) Faire appel est un DROIT reconnu à celle des parties qui n’est pas satisfaite d’un jugement, voire à toutes les parties (prévenu, parties civiles, procureur, …). Ce DROIT est totalement indépendant des notions de bienséance, de morale ou de politiquement correct, …

7°) Faire appel a le mérite de faire avancer la jurisprudence. Si RINA est condamné plus lourdement en appel, comme le souhaite TOTAL, la cause de l’environnement en sera, de toutes façons, bénéficiaire. Mais la présentation des faits devant l’opinion en sera moins “porteuse”: RINA n’est pas TOTAL !

8°) Il y a autant de probabilités que le jugement d’appel confirme le premier jugement, ou qu’il le renforce, ou qu’il le modifie en assouplissant la responsabilité pénale de TOTAL. On ne devrait pas avoir à le dire, mais la justice n’est pas “de classe” quand elle condamne le pauvre, et “juste” quand elle condamne le riche. Elle est la justice, avec ses hauts et ses bas …

9°) TOTAL commet une nouvelle erreur, une nouvelle faute, en contestant, lui aussi, le droit de faire appel des parties civiles et en leur “achetant” leur silence en échange du paiement dès à présent des dommages et intérêts.

10°) Le futur nouveau procès de l’Erika sera, tout autant que le premier, porteur de progrès pour la cause de l’environnement.

11°) Je ne peux éviter de souligner que les “commentaires” de sortie de tribunal font également souvent référence à l’absence d’excuses, de contrition, de la part du condamné, ce qui justifierait la lourdeur de la peine et/ou l’immoralité d’un appel. Qui peut prétendre savoir ce qu’un condamné peut ressentir et penser ? Quant au travail de deuil, il n’a pas à être lié à une condamnation (perçue comme une sorte de vengeance différée, assurée par le bras armé de la justice), car comment faire ce travail si l’accusé est relaxé, déclaré irresponsable, voire absent … ?

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Ecologie

Tata Nano

Le constructeur indien Tata annonce la production d’une voiture de qualité, mais à un prix accessible pour plusieurs centaines de milliers d’individus.

Pour sûr, il y a quelques raisons de s’interroger en termes d’environnement. Encore faut-il savoir comment s’interroger. Certains lecteurs du “Monde” ( Eh oui, du “Monde” !!) sont allés jusqu’à écrire ça:

“ »la planète a t’elle besoin de 500 millions de machines polluantes de plus ? »”

ou ça:

“ »ce qu’il faut faire dans ce pays, c’est interdire les voitures individuelles »”

N’est-ce pas, ni plus ni moins, du RACISME ? A nous les belles autos dont on abreuve nos journaux et nos télés, à eux le transport en commun ou la marche à pied s’ils n’en ont pas les moyens !

Et ce raisonnement sera valable pour TOUS les produits de notre société de consommation qui ne manquera pas de devenir leur société de consommation. Et de quel droit le leur interdire ? Et de quel droit imposer à une partie du monde un développement différent de celui que l’Occident s’est généreusement accordé ?

Splendide question pour les écologistes qui ont à imaginer des schémas de développement MONDIALISES, alors même que toutes leurs théories visent à dénoncer la mondialisation !!

Car il est bien certain que mes petits gestes quotidiens ne suffiront pas à provoquer un grand changement:

  • récupérer mon eau de pluie (je le fais),
  • composter mes déchets organiques (je le fais),
  • changer mes ampoules électriques pour des “basse consommation” (c’est fait),
  • débrancher mes appareils électriques (j’ai installé des prises télécommandées pour fermer d’un coup mon équipement TV HiFi et mon équipement informatique),
  • éviter de prendre la voiture (je marche, je marche …),

Dans dix ans , il y aura deux à trois millions de Nano ! L’Inde a un parc automobile correspondant à 8 voitures pour 1000 habitants. L’Allemagne possède 450 voitures pour mille habitants.

Afin d’obtenir le même ratio, l’Inde doit passer de 8 millions de véhicules à 450 millions !!!!! !

Tata Nano (DR)

N’est-il pas urgent de parler de gouvernance mondiale ? de faire des propositions constructives et réalistes respectant les droits et devoirs de chaque pays ?

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Ecologie

Feu de cheminée et pollution

C’est à peine croyable ! A peine ai-je réagi à un article soulignant que les feux domestiques sont responsables d’une grande part de la pollution atmosphérique (cf post du 18/12/2007 Gestion des déchets: le parler vrai) et dans lequel je souhaitais (et en doutais …) un effort accru pour reconnaître et dire que ces feux produisaient aussi de la dioxine, que voici la nouvelle qui tombe: “Des experts dénoncent la pollution due aux chaufferies à bois”, publié dans Le Monde daté samedi 29 décembre !

Dans cet article que je vous invite à lire, un expert auprès de la Cour d’Appel de Grenoble pour les questions d’environnement va jusqu’à parler de “véritable chape de plomb et de malhonnêteté intellectuelle. C’est une véritable bombe à retardement sanitaire qui nous attend, similaire à ce qui s’est passé pour les incinérateurs”.

Des élus également semble se saisir de la question et il n’est que temps, car le nombre de projets de chaufferies à bois engagés est exponentiel.

Or, à lire les réactions (affligeantes!) des lecteurs du Monde à cet article, il est certain qu’il reste beaucoup de travail à faire pour aborder sereinement cette question et mettre en place une filière bois AVEC filtration des fumées. (ce sera plus cher !!)
Au travers de cette question, nous abordons la toute puissance de l’”idéocologie”© ou écologie idéologique qui dénonce “scientifiquement” pétrole et nucléaire mais propose l’alternative “verte” sans en avoir mesuré les inconvénients et sans même les avoir imaginés puisqu’elle ne raisonne qu’avec une seule obsession: CO2 libéré, et tonnes de pétrole économisées …. ( »Pensez-donc, c’est impossible, nous ne brûlons que des produits naturels ! »). Je me suis heurté, voici moins d’un an, avec des écologistes locaux sur cette question.

Un autre exemple de cette insuffisance d’anticipation et de cette pauvreté d’analyse concerne les carburants. Afin de remplacer tout ou partie du pétrole, le monde se couvre (avec la complicité des grandes multinationales agricoles !) de cultures destinées à la fabrication d’agro-carburants. Et ceci au détriment des cultures vivrières de première nécessité pour l’alimentation des régions en voie de développement. Le risque existe d’une catastrophe planétaire, la FAIM, bien plus proche de nous que le réchauffement de la planète ! La FAIM par absence de productions ou la FAIM par suite du coût trop élevé des matières premières alimentaires obligatoirement importées.

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Déchets

Déchets: le parler vrai

A quel titre parle t’il de ceci ?, va t’on demander très rapidement ! Pour répondre brièvement: parce que vingt ans de notre carrière professionnelle se sont déroulés dans le métier des déchets et pour être encore plus précis: 12 ans en tant que Directeur d’une agence chargée de la collecte, du transport et du traitement de déchets d’activités de soins (déchets hospitaliers et similaires), 2 ans en Alexandrie dans le cadre de la mise en œuvre d’un marché de balayage, collecte des déchets, compostage et mise en décharge, 5 ans comme responsable régional prévention et sécurité. Tout cela ne fait certes pas un expert…

Deux nouvelles m’ont fait réagir cette semaine. La première concerne le projet de Centre d’Enfouissement des Chambarands (38) destiné à des ordures ménagères et des gravats inertes. Les responsables politiques du Département de l’Isère avaient initialement donné un accord sur ce projet. Face à une levée de boucliers locale, ils ont tous reculé et fait adopter des vœux par leurs conseils municipaux s’opposant à la création de cette décharge. Or, les arguments invoqués par les opposants n’avaient pas plus de bien-fondé qu’à l’ordinaire dans ce genre de dossier: suspicion de rupture de membrane entraînant une contamination des eaux souterraines, passage fréquent des véhicules poids lourd assurant le transport des déchets, risque d’incendie par dissémination des étincelles de combustion du biogaz (!), … Or, voici que nous apprenons que le Groupe Pierre et Vacances retiendrai cette région, après longue négociation, pour y édifier son prochain Center Park !

Ceci explique cela ! Mais l’honnêteté intellectuelle aurait dû faire privilégier une explication franche en disant que la région faisait le pari économique du tourisme et qu’un centre d’enfouissement serait le malvenu. Car, à l’issue d’un tel scénario, il reste toujours une décharge à caser quelque part et des gens qui, pour s’y opposer dans leur canton, raconteront des … bêtises.

La seconde information concerne la conséquence des feux domestiques (c.a.d la combustion du bois, des feuilles et des branchages dans les cheminées des particuliers, les jardins et les champs) sur la pollution hivernale en Europe. Trois études (Le Monde du 13/12/2007) concluent que ces feux sont responsables de 50% à 70% des émissions d’aérosols carbonés en Europe, et que ces particules représentent 60% des polluants en suspension dans l’atmosphère. En calculant bien, cela signifie que 30% à 42% des polluants de l’atmosphère européenne proviennent des feux domestiques !!

Voilà une affirmation nouvelle, quand bien même les premières études datent de 2001. Jusqu’à présent, le chauffage au bois reste entouré d’un halo prestigieux de procédé “naturel”, “propre”, “sans déchet” et “renouvelable” !

Il reste encore un effort à fournir: celui de dire haut et fort que la combustion du bois produit des dioxines (feu de cheminé, barbecue, incendie de forêt ou chaufferie au bois) et qu’il sera sans doute nécessaire de renforcer la prévention si la filière bois doit encore se développer.

Pour terminer, je place sur mon site web ([http://briselet.jean.perso.neuf.fr/index.html|http://briselet.jean.perso.neuf.fr/index.html] ) une contribution intitulée “La sécurité dans les déchèteries”. En effet, alors qu’il existe plus de 3000 déchèteries en France, celles-ci sont trop souvent le théâtre d’accidents du travail graves (voire mortels) ainsi que d’accidents concernant les usagers. Ces espaces sont également des zones de non-droit caractérisées par les visites nocturnes, les exactions, les destructions de bâtiments, … De tout ceci, on n’entend jamais parler.

NB: Ce site perso est fermé depuis 2016 …