Hervé Kempf remet le couvert. J’avais déjà parlé de son précédent ouvrage (Changement-climatique-comment-agir], « Comment les riches détruisent la planète », pour en souligner un peu l’esprit caricatural d’une nouvelle lutte des classes qui ne veut pas dire son nom. Mais voilà qu’Hervé Kempf nous précise dans son nouvel opuscule, « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme », qu’il n’est pas marxiste (p.117). C’est exact, puisqu’il ne retient du capitalisme qu’une dimension limitée au capitalisme financier, alors que le capitalisme existe depuis bien longtemps sous forme d’appropriation des biens et moyens de production: Venise, Amsterdam en sont quelques exemples.
La thèse est la suivante: seuls les possesseurs et les riches sont responsables de nos problèmes. Les pauvres (les nôtres comme ceux des pays en voie de développement) ne rêvent de jours meilleurs et de situations plus avantageuses que parce que le capitalisme leur fait miroiter des avenirs radieux pour mieux les exploiter. Hervé Kempf vilipende donc les capitalistes assoiffés d’argent, exploiteurs, spéculateurs, destructeurs de la planète, proxénètes (curieux ce chapitre moraliste et moralisateur, comme si Athènes et Pompéi étaient oubliés !), individualistes, et surtout trompeurs en affirmant que science et technologie viendront à bout des problèmes … et il les traite d’oligarchie toutes les 6 pages. Je ne crois pas que ce soit pertinent pour expliquer la situation dans laquelle se trouve le monde d’aujourd’hui, avec sa superposition de crises financière, écologique, énergétique, environnementale, de développement, etc … Je ne crois pas non plus qu' »assassiner » les riches constitue une solution suffisante (ni peut-être nécessaire !!). Enfin, je n’aime pas trop cette notion répétitive d’oligarchie qui rappelle un peu les théories du gouvernement secret et du complot.
Mais alors, quelles solutions nous sont offertes ?
« S’il faut à tout prix une étiquette: l’écologie », nous dit Hervé Kempf qui nous précise que les alternatives sont déjà là. Elles se nomment coopératives de production, caisses coopératives, AMAP, éoliennes, vélos et voitures partagées, Linux et Wikipédia, le tout enrobé de solidarité et de fraternité et d’une taxation des riches.
Quand à la croissance (quel mot je prononce là !) des pays en voie de développement ou en attente de développement, on va les laisser consommer afin qu’ils nous rattrapent un peu et après ils appliqueront les mêmes choix écologiques. Question: qui décidera de leur virage et qui leur demandera de l’appliquer (Décroissance] ?
Il se trouve qu’un « salon » écologique se tient dans quelques jours à Lyon. Dans son éditorial, le Président se remémore que René Dumont appelait de ses vœux une société de survie moins injuste et sans mépris. Il croit pouvoir dire « que 35 ans plus tard, ce message est enfin entendu et qu’il n’y a plus que des imbéciles obtus et des égoïstes bornés pour nier la nécessité d’un changement salutaire ». Ce salon regroupe 450 exposants dont l’immense majorité est constituée de producteurs d’aliments, boissons, vêtements, artisanat, énergie, maison écologique, hygiène, santé, librairie, .. et une petite partie d’associations plus politiques: social, relations nord-sud, non-violence et … ReOpen911, le site qui exige la vérité sur le 11 novembre !!!
Si c’est ça l’écologie, je vous le dis: il faut éliminer les capitalistes pour mettre fin au complot, mais il faut également former les masses !! (C’est pas Mao qui parlait comme ça ??)