Contrairement aux opinions de la majorité des commentateurs politiques ou économiques, l’OPEP a pris la décision de réduire -immédiatement- sa production de pétrole de 520 000 barils par jour, soit d’environ 0,6%. Cette décision a été prise le jour même où le baril repassait sur le marché en-dessous de 100 $. Il faut y voir un lien de cause à effet, car il est certain que des pays producteurs comme le Venezuela, l’Iran, voire le Koweit, sont en fait les vrais « spéculateurs » dont les commentateurs ci-dessus nous rebattent quotidiennement les oreilles. Ils le sont parce que l’OPEP elle-même a pour mission de faire respecter une politique des quotas visant à assortir l’offre à la demande. Ils le sont parce qu’ils souhaitent préserver un pétrole à trois chiffres afin de financer leurs politiques sociales et… l’après-pétrole.
Que venons-nous de vivre depuis le début de l’année ?
Le 12 mars 2008, l’Agence Internationale de l’Energie estime que le marché est en manque de 580 000 barils par jour et que cette situation devrait perdurer jusqu’au second trimestre 2008.
Mi-juillet 2008, le baril est coté à son plus haut: 147 $. Non pas parce que les spéculateurs s’en donnent à cœur joie; bien au contraire, l’indice HFRX Global Strategy (http://www.lecho.be/mon_argent/article/Les_hedge_funds_peinent_a_s%27adapter_aux_aleas_boursiers.7917005-611.art) chute de 2,8 %, après avoir perdu déjà 1 % le mois précédent. Voilà des spéculateurs qui ne sont pas très avisés !! Si le coût du pétrole montent, c’est parce que la production est inférieure aux besoins !
Cédant aux injonctions US, l’Arabie Saoudite remet unilatéralement, sans l’accord de l’OPEP, 600 000 barils quotidiens sur le marché. C’est pas curieux, cette correspondance stricte entre 580 000 et 600 000 ?
Par ailleurs, la consommation des Etats-Unis, face à ce carburant trop cher, baisse de … 800 000 barils par jour dès le mois de juin. Cela correspond à une baisse de 4 % de la consommation.
Ailleurs, en Europe et en Occident en général, c’est la période estivale et l’activité économique décroît.
En Chine, les JO sont l’occasion d’interrompre des pans entiers de l’activité industrielle.
Et donc, le baril repasse de 147 à 100 $ ! Il y a désormais TROP de pétrole !!
Et maintenant, que va t-il se passer ?
L’été occidental est fini. Les frimas arrivent. La pause écologique en Chine s’achève le 15 septembre, à l’issue des Jeux Paralympiques. La consommation mondiale va reprendre son rythme expansif d’environ 1 % par an. Les bonnes habitudes prises par certains conducteurs américains (et européens) vont s’amollir devant une baisse relative du prix du pétrole. L’OPEP réduit sa production afin de revenir quasiment à la situation de début 2008. Les stocks vont progressivement s’amenuiser. Tout est en place pour que le baril reste durablement installé au-dessus de 100 $. Je ne suis pas économiste, mais je suis presque prêt à le parier.
D’autant plus qu’aucun de ces commentateurs si avisés ne s’autorise à réfléchir à … disons seulement à moyen terme. Or, la situation d’une consommation supérieure à la production possible se rapproche de plus en plus vite. TOTAL prévoit le Peak Oil (http://aspofrance.org/) et ici (http://www.oleocene.org/node/23) pour 2015-2020, jour où la production de pétrole déclinera inexorablement. Mais quel est le commentateur qui a le courage de voir un peu plus loin que sa chronique économique (ou politique) hebdomadaire ?