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Décharge

Voilà un mot magique ! Employé à tout propos et hors propos par les multiples opposants aux structures de traitement des déchets, c’est en fait un concept qui n’existe plus. Une décharge, c’était l’endroit où l’on se .. déchargeait des déchets dont l’on ne savait que faire. Actuellement, l’administration et les professionnels du déchet parlent plus volontiers de Centre d’Enfouissement Technique (CET), ou de Centre de Stockage des Déchets (CSD, voire CSDU pour les Déchets Ultimes).

Au même titre qu’au Moyen-Age l’on se débarrassait de ses malades de la peste à la “maladrerie” (Maladière), notre XXI° siècle ne veut pas davantage voir ses déchets, ni ne veut en entendre parler. C’est d’ailleurs identique pour nos pauvres, nos vieux, nos handicapés, nos étrangers, nos délinquants et nos déviants ! Pour tous, si l’on doit bien faire quelque chose (prison, hospice, centre de rééducation ou aire d’accueil des gens du voyage), qu’au moins ce ne soit pas chez moi (nimby).

Donc, la décharge reste l’endroit nécessairement sale, dangereux, polluant, hostile à l’environnement, qu’il convient d’installer le plus loin possible des yeux. Ou, à défaut, dans les zones industrielles ! Et là, on rejoint un autre concept: celui de l’industriel qui est nécessairement un pollueur !

Illustrations:

1) Vendredi dernier, je suis allé visiter le Chateau de Cumane, sur une commune voisine, château exceptionnellement ouvert par son propriétaire. Nous y étions accueillis par un « commando », au demeurant fort pacifique, qui nous enjoignait de profiter du lieu avant que n’y soit installée une …. décharge ! Or, il n’est nullement question d’équiper cette commune d’une décharge, mais d’un quai de transfert intercommunal (qui remplacera celui qui fonctionne depuis 2000 dans l’ancienne usine d’incinération !) destiné à regrouper les déchets ménagers avant leur transfert quotidien vers le centre de traitement. Jusqu’à preuve du contraire, une telle démarche locale a pour elle tous les avantages économiques et environnementaux !

Affiche Chambarouf

2) Où l’on reparle des Chambaran. Un festival doit s’y dérouler prochainement. Il a choisi pour thème de « faire la teuf dans la forêt toxique » où est prévue l’installation d’une « décharge chimique », et les festivaliers sont invités à s’y rendre avec des masques à gaz !! Il s’agit là d’une désinformation pure et simple (quelque peu hystérique), mais le plus grave c’est que cette désinformation se fait sur fonds publics, les organisateurs ayant bénéficié d’une subvention de 1500 € du Conseil Général.

Tous les opposants ont parfaitement le droit de s’exprimer, à la seule condition de le faire honnêtement et de ne pas se livrer à la caricature.

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Les erreurs de calcul des anti-CET

Cela fait des années que, dans l’Isère, il y a toujours opposition aux projets de CET (Centre d’Enfouissement Technique). Avec parfois de bonnes raisons, avec souvent de mauvaises raisons. Et surtout des erreurs de calcul.

Je prends l’exemple du projet des Chambaran (Gestion-des-déchets-le-parler-vrai) , qui avait obtenu l’aval des élus départementaux, lesquels maintenant font des pieds et des mains pour justifier leur opposition à ce projet.

Quand je parle d’erreurs de calculs, il ne s’agit pas de bricoles comme cette pétition signée par … 15 000 personnes, ce qui représente entre deux et trois fois la population du canton, un canton de 18 000 hectares !! Il ne s’agit pas non plus du décompte des camions qui seront censés emprunter la route départementale: « Un camion ça va, 100 camions bonjour les dégâts ». Il s’agit de 100 camions par quoi ?, par jour ?, par semaine ?, par mois ?

Non, il s’agit de cette nouvelle « solution alternative » qui consiste à rechercher des zones industrielles assez importantes pour y accueillir des centres de stockage, de façon à traiter les déchets à coté de leur lieu de production. Outre que cela nous ramène quelques décennies en arrière quand les industriels étaient autorisés à disposer de leur propre décharge industrielle, je suis convaincu que ce n’est pas un gain en matière d’environnement, bien au contraire.

Qu’aurions-nous y gagner ?

  • Un mitage du territoire avec un centre d’enfouissement technique dans chaque chef-lieu de canton.
  • Des norias de camions de 3 tonnes de charge utile (compte tenu de la proximité) en lieu et place de quelques camions de 30 tonnes de charge utile (dix fois moins).
  • Des nuisances diffuses sur l’ensemble du territoire, et notamment des envols, du bruit et de la poussière car chaque CET ne saurait disposer de son compacteur. Et puis si le risque sur les nappes phréatiques est une réalité, pourquoi serait -il moins dangereux à proximité des villes disposant de zones industrielles ?
Compacteur
  • Un interventionnisme des élus et administratifs locaux, ce qui fera que ces CET de canton deviendront rapidement aussi peu professionnels et aussi peu sécuritaires que les déchèteries.

Je vois bien qu’il s’agit là d’un nouvel avatar de l’idéologie de « relocalisation », mais ce n’est pas sérieux. D’autant moins que ceux qui en parlent sont les premiers à ne pas la mettre en application. Il existe à Cessieu un CET opérationnel depuis de nombreuses années, en voie d’extension. Il est destiné à recevoir les déchets du Nord-Isère et pourtant, voici quinze jours, des manifestants protestaient contre ce projet en arguant de risques sur la nappe phréatique et du fait que cette décharge était … à ciel ouvert !!! C’est vous dire leur sérieux.

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Chauffage au bois

Ca fait bien rire certains, mais l’idée selon laquelle le bon vieux feu de cheminée n’a pas que des avantages commence à faire son chemin. J’ai déjà eu l’occasion d’en parler (Gestion-des-déchets-le-parler-vrai) et là (Feu-de-cheminée-et-pollution) . C’est au tour de la Californie d’interdire les cheminées brûlant du bois dans tout nouveau logement, ainsi que d’en limiter l’usage lors des périodes de grande pollution. Il est avéré que les cheminées domestiques sont responsables, au moins en Europe occidentale, de 40% de la pollution hivernale en particules carbonées. Par ailleurs, la combustion des bois libère des toxiques (dont des dioxines !) ce qui devrait conduire la France a très probablement imposer la filtration des rejets des chaufferies à bois au-delà d’une certaine capacité. Encore faudrait-il ne pas contourner le problème en multipliant les petites chaufferies !

Quand à la Californie, au-delà du sourire, peut-on suggérer que les 4 X 4, Hummer et autres, doivent également polluer ! Mais là, on s’attaque à forte partie !

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Décroissance

L’AISG est une association dont j’ai fait partie au cours d’une vie antérieure. Elle a bien poursuivi son chemin, bien grandi et elle organise chaque année un passionnant (et parfois courageux) cycle de conférences intitulé “Les quatre saisons de l’AISG”.

Il y a quelques jours, l’invité en était Jean-Marie PELT venu s’exprimer sur le thème de son dernier ouvrage: “Nature et Spiritualité” (Ed. Fayard).

D’aucuns reprochent à Jean-Marie Pelt de mélanger science et foi. Non, c’est un homme de foi qui nous parle de science ! Et qui nous demande d’être des prophètes, des missionnaires, pour porter loin la parole de la modestie et de la modération en matière de développement individuel et collectif, si l’on veut que la terre puisse nous supporter tous encore quelques décades.

Je connaissais déjà son “ami paysan” Pierre Rabhi au travers des entretiens qu’il avait eu avec Nicolas Hulot. Plus récemment, j’ai lu “La décroissance pour tous” de Nicolas Ridoux (Ed. Parangon/Vs). En cette semaine de l’environnement durable, j’ai voulu en savoir davantage. Et j’avoue que le voyage laisse à découvrir de curieux “décroissants” !

Que sera une société appliquant les principes de la décroissance ?

A) [Serge LATOUCHE|http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_Latouche] , l’un des théoriciens radicaux de ce mouvement nous l’explique:

  • Revenir à une empreinte écologique correspondant à une seule planète, ce qui signifie pour la France de revenir aux années 60-70: consommer moins, des produits fabriqués sur place, avec peu de transport, pas d’emballage, des matériaux réutilisables, …
  • Internaliser les coûts des infrastructures liées aux transport et de destruction de l’environnement en multipliant par 20 le prix des transports.
  • Relocaliser; c’est à dire démondialiser l’économie, créer des monnaies locales, réduire la taille des villes, créer des municipalités par tranches de 60 000 habitants, supprimer les voyages (on peut s’en passer !), autonomiser le sud pour qu’il se développe sans imiter le nord. Toutefois le sud doit augmenter son empreinte écologique jusqu’au niveau légitime.
  • Mettre en place une agriculture paysanne, en atteignant 10% d’agriculteurs en France (actuellement 3,6% de la population active).
  • Transformer les gains de productivité en réduction de temps de travail.
  • Mettre en place le programme négawatts d’économie d’énergies.
  • Décider d’un moratoire de la recherche scientifique et technologique.
  • Pénaliser les dépenses publicitaires.

Considérant que ce programme nécessite une “décolonisation des esprits”, Serge Latouche compte beaucoup sur la “pédagogie des catastrophes” pour y contraindre l’humanité !!

B) PRIMEVERE vient de tenir un Salon-rencontres à Lyon, du 29 février au 2 mars, sur le thème de la décroissance. Son Président reprend les mêmes thèmes en mettant en avant les 450 exposants qui développent le sujet: mini-éolien, monnaie, filières chanvre et laine en France, fabriquer son pain, l’autoconstruction saine, casseurs de pub, logiciel libre, les risques des nano-technologies, ….

Arrêtez de consommer (DR)

A ce niveau de notre démarche, quelques interrogations germent déjà. Cette idéologie, illustrée par des affiches très “libération 45″, paraît extrêmement centrée 1°) sur l’occident et 2°) sur un comportement individuel. La dimension internationale y est quasiment absente, l’analyse de Serge Latouche sur le seuil que pourrait atteindre le Sud frise l’indigence (comment, qui le mesure ? comment tenir compte d’une population très élevée qui, à elle seule, amplifie l’empreinte écologique ? Comment décider de la bascule lorsque ce seuil serait atteint ?). Le fait que sur 450 exposants de Primevère, une petite vingtaine seulement s’intéressait à l’International est significatif.

Comment seront commercialisés les mangues d’Afrique ou d’Amérique du Sud ? les dattes d’Algérie ? les figues de Turquie ? les oranges d’Israël, le coton du Mali ou d’Egypte ?

Deuxième type de questions: revenir à une empreinte écologique des années 60, c’est mettre en place une consommation et une activité économique telles que la pratiquaient 45,7 millions de français. Nous sommes aujourd’hui 65 millions. Notre rythme de vie devrait-il être en réalité équivalent à 75 % du rythme de vie d’un français de 1960 ?

Enfin, troisième type de question: que pense le chercheur du moratoire et de l’encadrement de la recherche ? Ne s’agit-il pas d’une mesure quelque peu totalitaire ?

Continuons notre promenade. Voici l’IEESDS ,structure TRES polémique comme vous pourrez en juger. Ses adversaires sont pêle-mêle Attali (surnommé Attila), Hulot (invité à se retirer du débat), Paqualet (”presque nazi”), la presse et en particulier Le Monde et l’Express. Toute critique est d’office considérée comme une insulte. De plus, le site abrite une vraie guerre avec des “décroissants” qualifiés d’extrême-droite et abrités (ou infiltrés ?) dans “[décroissance.info|http://www.decroissance.info/] “. Si vous en avez le courage, lisez ce forum sur la nécessaire limitation de la croissance démographique. Cela ne sent pas très bon et il y a de l’eugénisme dans l’air.

D’autres thèmes ? “[L’avion, c’est pour les cons|http://www.lapasteque.org/] “, “[Désinformatiser le travail|http://www.decroissance.info/Relocaliser-l-economie] “, …

Parti pour la décroissance

Alors, bien sûr, il existe des détracteurs de cette utopie. En voici deux.

Dans Le Monde de ce lundi, “La croissance est-elle Kyoto-compatible ?”, par Frédéric Lemaître.

Enfin, Jean-Marc JANCOVICI, ingénieur, spécialiste en climat, tient à jour une extraordinaire base de données, très pédagogique, sur cette question de l’environnement et de la décroissance. N’hésitez pas à y faire un tour.