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Françoise Sagan

Petite histoire de l’enfance et de l’adolescence de Françoise Sagan à Saint-Marcellin

PREAMBULE

RACONTER FRANCOISE SAGAN A SAINT-MARCELLIN: OBJECTIFS ET METHODES

Au cours de la période difficile de la seconde guerre mondiale, entre 1940 et 1945, Saint-Marcellin a hébergé la famille QUOIREZ. Le père, Pierre Quoirez, était directeur des deux usines de la FAE de Pont-en-Royans et de Saint-Marcellin. L’une de ses filles, Françoise, est devenue célèbre, dès 1954, sous le nom de Françoise SAGAN. Françoise Quoirez, que nous nommerons désormais Françoise Sagan pour la fluidité du récit, est née le 21 juin 1935 à Cajarc (Lot). Elle avait donc de 5 ans à 10 ans lors de sa présence à Saint-Marcellin.

Françoise Sagan n’a pas fait, à ce jour, l’objet de marques de reconnaissance exceptionnelles de la part de la ville de Saint-Marcellin et de sa population, probablement par manque d’informations sur la vie de celle-ci et de sa famille. A l’époque de son décès, le 24 septembre 2004, a cependant été publié un numéro de la revue périodique « Le pays de Saint-Marcellin », dans lequel Bernard Giroud, chroniqueur historique, a raconté sa vie sur quatre pages, en développant plus particulièrement la période saint-marcellinoise (1).

Toujours en 2004, le journaliste du Dauphiné Libéré, Frédéric Aili, soulignait : « Au lendemain de son décès, hier, on est allé frapper à la porte des mémoires, un peu partout dans la ville, pour essayer de remonter l’histoire. Un chemin assez chaotique en fait : les dates se confondent, se brouillent de la guerre aux années cinquante ». Les choses sont en train de changer puisque, par délibération du 22 septembre 2020, la municipalité a décidé de nommer une petite rue du nom de Françoise Sagan, rue qui se trouve dans l’immédiate proximité de la maison qu’elle habitait (2).

Outre la reconnaissance que l’on peut estimer devoir à l’égard de cette personnalité, il est certain qu’un examen approfondi de l’entourage familial, des relations sociales et professionnelles de sa famille et d’elle-même, ainsi que du contexte historique, ouvre de sérieuses perspectives patrimoniales concernant le territoire de Saint-Marcellin. De prime abord, les conditions de vie généralement heureuses de cette jeune fille, malgré la guerre, ont très certainement joué un rôle non négligeable dans son caractère indépendant et libre, bien avant que cette liberté féminine soit hautement revendiquée. «  Elle fut follement, démesurément, résolument, libre et indépendante pour son époque » (Denis Westhoff).

Par ailleurs, les relations professionnelles de son père, son rôle en matière de formation des apprentis, de développement de l’entreprise dont il avait la charge, de projet novateur de voiture électrique, tout comme les liens avec nombre de créateurs d’entreprises de dimension nationale, sont à relever.

Françoise Sagan vers 1940 – Collection privée – Tous droits réservés

C’est ce que nous nous attacherons à faire, en écrivant cette « Petite histoire de l’enfance et de l’adolescence de Françoise Sagan », une petite histoire qui soit la plus véridique et plausible qu’il soit possible d’écrire. L’examen des très nombreuses biographies consacrées à Françoise Sagan met en évidence que les anecdotes fantaisistes, voire invraisemblables, sont nombreuses et que les faits ne sont pas toujours strictement validés, surtout lorsqu’ils sont recopiés, voire plagiés, d’une biographie à l’autre.

Enfin, cette « Petite histoire … », réalisée avec le concours des membres du Groupe R.E.M.P.A.R.T., Groupe patrimonial de Saint-Marcellin, a pour vocation de prendre place parmi les éléments de connaissance historique, culturelle, patrimoniale et touristique de cette ville.

Comment avons-nous procédé ? En lisant et analysant les écrits de tous les biographes de Françoise Sagan, en recherchant tous les documents susceptibles d’éclairer tel ou tel aspect du cadre de vie dans lequel évoluait la famille, concernant soit les données industrielles, soit les faits historiques, soit les relations professionnelles ou personnelles de la famille. En matière de biographies, les analyses ont été ciblées sur les textes (ou parties de textes) abordant l’enfance et l’adolescence de Françoise Sagan, à Saint-Marcellin, ainsi que les descriptions de sa scolarité.

Ces textes biographiques pris en considération sont : d’une part, une biographie « officielle » sous deux versions à minima, non signée, et non datée et trouvée fréquemment sur l’Internet dans des sites particuliers, ou d’éditeurs, et avant tout de bibliothèques et médiathèques. Sur Wikipedia, la mention de l’enfance saint-marcellinoise est très succincte. Et, d’autre part, les œuvres suivantes :

« Bonjour Françoise, mystérieuse Sagan », de Gérald Gohier et Jean Marvier (1957-Editions Grand Damier), « Françoise Sagan ou l’élégance de survivre »,de Pol Vandromme (1977-Editions Régine Desforges), « Bonjour Sagan », de Bertrand Poirot-Delpech et Charlotte Aillaud (1985-Herscher) (Note : Charlotte Aillaud est la sœur de Juliette Gréco), « Françoise Sagan, une légende », de Jean-Claude Lamy (1988, nlle édition en 2004-Mercure de France), « Aimez-vous Sagan..», de Sophie Delassein (2002-Fayard), « Sagan, un charmant petit monstre », de Alain Vircondelet (2002-Flammarion), « Sagan, la « petite Quoirez », son enfance à Saint-Marcellin », de Bernard Giroud (Le Pays de Saint-Marcellin N° 12 – Décembre 2004), « Madame Sagan, à tombeau ouvert », de Geneviève Moll, (2005-Ramsay), « Un Amour de Sagan », de Annick Geille (2007-Fayard collection Pauvert), « Sagan à toute allure », de Marie-Dominique Lelièvre, (2008-Denoël Editions), « Françoise Sagan racontée par Geneviève Moll » (2010-Editions de La Martinière), « Sagan et fils », de Denis Westhoff (2012-Stock), « Sagan, un chagrin immobile », de Pascal Louvrier (2012-Hugo Doc), « Sagan, Paris 1954 »,d’Anne Berest (2014-Editions Stock), « Françoise Sagan : le tourbillon d’une vie », de Bertrand Meyer-Stabley (2014-Pygmalion/Flammarion), « Je ne renie rien–Entretiens 1954-1992 », de Françoise Sagan (2014-Stock), « Le Paris de Sagan », de Alain Vircondelet (2015–Ed. Alexandrines), « Des bleus à l’âme », roman de Françoise Sagan (1972-Flammarion), « Chroniques 1954–2003 », Françoise Sagan (2016-Le Livre de Poche), « France Culture–La Compagnie des Auteurs » Matthieu Garrigou-Lagrange (4 épisodes à dater du 30/05/2016), « ARTE – Françoise Sagan, l’élégance de vivre« , du 30/01/2017.

S’ajoute à ces documents biographiques, une somme de références thématiques et de liens Internet que nous citerons au fur et à mesure de leur intérêt. Avant de débuter notre « Petite histoire .. », nous tenons à remercier chaleureusement Denis Westhoff, le fils de Françoise Sagan, et Cécile Defforey, nièce de Françoise Sagan, fille de Suzanne, sa sœur aînée, pour leur soutien dans la réalisation de ce travail et l’accord de publication des photographies de l’enfance de Françoise Sagan.

Françoise Sagan en 1940 – Collection privée – Tous droits réservés

Cette longue et passionnante analyse nous conduit à vous proposer les neuf thématiques ci-après, chacune d’entre elles faisant l’objet d’un chapitre distinct.

  • Françoise Sagan et l’origine de ses parents,
  • Françoise Sagan et la carrière de son père, Pierre Quoirez,
  • Françoise Sagan et sa scolarité,
  • Françoise Sagan et la Fusilière,
  • Françoise Sagan et les usines de la FAE,
  • Françoise Sagan et la voiture électrique,
  • Françoise Sagan et les amis de la famille,
  • Françoise Sagan et la guerre, la Résistance et la Libération,
  • Françoise Sagan et Barbara.

Avant d’ouvrir notre premier chapitre, une rapide biographie n’est pas inutile. Françoise Sagan est née le 21 juin 1935, à Cajarc (Lot). Elle a une sœur aînée, Suzanne, née le 6 janvier 1924. Un frère, Maurice, est né le 20 mars 1926, mais est décédé le 31 août 1926. Un autre frère, Jacques, est né le 20 août 1927. Entre 1940 et 1945, Françoise passe ses week-ends et ses vacances à Saint-Marcellin. Son premier roman, « Bonjour tristesse », est publié le 15 mars 1954. A un grave accident de voiture le 13 avril 1957. Se marie en 1958 avec Guy Schoeller, pour divorcer en 1960. Se marie en 1962 avec Robert Westhoff, dont elle a un fils, Denis, en 1962. Divorce prononcé en mars 1963. Elle décède le 24 septembre 2004 et est inhumée au cimetière de Seuzac, un hameau de Larnagol, à quelques kilomètres de Cajarc (Lot).

Cette « Petite histoire … » n’est pas un document hermétiquement clos. Toutes les contributions étayées sont les bienvenues. Une dernière info : les photographies de ce dossier consacré à l’enfance de Françoise Sagan bénéficient toutes d’un copyright, sauf mention exceptionnelle. En conséquence, aucune reproduction n’est autorisée sauf après accord explicite du titulaire des droits.

  • 1 – Le Pays de Saint-Marcellin – N° 12 – Décembre 2004
  • 2 – A la date du 15 août 2021, cette nomination n’est pas encore effective.

Toute reproduction, même partielle, de cet article est soumise à l’accord préalable de l’auteur