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Egypte

Egyptian fahrenheit

Cher(e) ami(e) d’Egypte, je voulais écrire un petit post au sujet de la non-élection de Farouk Hosni à la présidence de l’UNESCO. Mais voilà que le génial Alaa Al-Aswany, l’auteur de  »L’Immeuble Yacoubian », vient de le faire dans Le Monde du 3 octobre sous la forme d’un courageux Point de Vue.

Alors, je me contenterai de rajouter deux questions.

Farouk Hosni a dit (même s’il s’en est excusé) que  »si il y a des livres israéliens à la Bibliothèque d’Alexandrie, il ira les brûler lui-même ». Que les livres soient israéliens ou non, ne crois-tu pas, cher(e) ami(e), que le fait de les brûler soit le symptôme d’une pensée totalitaire ?

Après sa non élection, Farouk Hosni et ses amis ont soutenu la thèse de l’incompréhension: ils font de l’anti-sionisme et non de l’antisémitisme. Ne crois-tu pas que brûler des livres parce qu’ils sont en hébreu, sans se soucier des idées qu’ils contiennent, est bel et bien uniquement de l’antisémitisme ?

(C) UNESCO

Il semble que la France ait tenté, en dernière minute, d’inciter l’Egypte à changer de candidat. Je suis certain que le pays ne manque pas d’hommes de valeur, d’ouverture et de culture. Alors, pourquoi ne l’a t’elle pas fait ??

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Immigration

Migrations Mali-France: le débat tourne à l’aigre

En début d’année, le Mali a refusé (ce n’était pas la première fois) de signer l' »Accord de gestion concertée des flux migratoires » que lui proposait la France. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts de Bamako comme sous ceux de Paris et il fort probable que les échanges et négociations se poursuivent.

D’un autre coté, le CIGEM (Centre d’Information et de Gestion des Migrants), organisme dirigé par le Ministère des Maliens de l’Extérieur et basé sur une politique de collaboration avec l’Europe dans le domaine des migrations, a récemment (12 juin) renforcé son action en signant un accord avec l’ANPE, le FAFPA, APEJ et les UFAE pour mettre en œuvre la « promotion de la migration légale de travail en faveur de l’emploi et de l’insertion professionnelle ».

Alors, l’Association des Maliens Expulsés (AME) prend peur. Lors de son 3° Forum des Journées Ouvertes sur l’Immigration (20 juin), cette Association et son Comité de soutien ont fait adopter par un petit public une “Déclaration de Bamako” qui recommande notamment la  »rupture d’avec la politique française de l’immigration dite “choisie” et “répressive”, voulue par le Président français et plusieurs pays européens ». Cette déclaration demande notamment que les ambassades maliennes mettent fin à la délivrance de laissez-passer qui favorise l’expulsion des maliens.

Avant cette réunion qui avait pour but, selon les organisateurs, de « monter la pression », un certain nombre de faits ou de discours étaient déjà symptomatiques d’un durcissement.

  • le 26 mars, l’Agence Temoust (agence de presse militante touarègue) annonçait que,  »selon ses sources », la France s’était donné pour objectif la reconduite volontaire ou forcée de … 2700 maliens en 2009 ! Pour information, il convient de savoir qu’aux dires même de l’AME, les reconduits étaient 479 entre le 01/01 et le 30/11/2007 et 351 entre le 01/01 et le 30/11/2008.
  • interpellation récente du Ministre des Maliens de l’Extérieur par un député d’opposition qui annonce le chiffre de 45 rapatriements forcés par mois en moyenne depuis le début de l’année, ce que le ministre conteste en parlant de 10 par mois (et de 21 par mois en 2008).
  • la presse d’opposition et la presse militante développent de plus en plus souvent des arguments simplistes à l’encontre de la France et parlent de “chasse aux immigrés”.
  • et très récemment, l’affaire des dix maliens dont Air France a refusé l’embarquement parce qu’ils n’étaient en possession que d’un récépissé de demande de titre de séjour, ce qui a entraîné une vive réaction du ministre des transports et une « interpellation » du responsable d’Air France, laquelle « interpellation » devenait dès le lendemain une « courtoise demande d’explications ».

Et en France ? En France, le débat est largement conduit par la CIMADE, ce qui explique un peu l’acharnement du Ministre de l’Immigration à ne pas vouloir la laisser seule sur le terrain. Elle s’attache avec excellence à son rôle de soutien, aide et compassion à tous ceux qui n’ont ni toit, ni travail et qui risquent l’expulsion. Mais a t-elle raison de refuser en bloc toute la politique européenne d’immigration en parlant de vision utilitariste et sécuritaire de l’immigration ? Ne peut-on distinguer fermement les deux volets et être intransigeant sur le volet humanitaire (centres de transit, liberté de circulation, droits élémentaires… ) afin d’être plus ouvert sur le volet “politique” ? Ne peut-on souhaiter un développement d’une immigration enrichissante pour l’un et pour l’autre, qu’elle soit professionnelle, scolaire, éducative ou familiale ? Pourquoi poser un a-priori selon lequel cette immigration ne saurait que favoriser la fuite des cerveaux ? Pourquoi affirmer (sans preuves convaincantes) que le développement d’un pays n’entraîne pas une diminution de ses migrants ? Pourquoi accuser les essais d’organisation et de facilitation des transferts financiers par les migrants, de tentatives de spoliation d’une manne alléchante ?

La Cimade a un discours humanitaire intéressant, elle prône ouvertement un monde sans frontières, mais fait-on une politique avec une espérance dont la réalisation n’est pas pour demain ?

Les migrants eux-mêmes affirment que « les gens ne quittent pas leur pays par plaisir, mais pour la plupart parce qu’ils y sont contraints pour vivre ou survivre ou faire survivre leurs proches ».

Alors que la crise fait déjà chuter dramatiquement les transferts de fonds vers les pays d’origine, alors que la crise entraîne la suppression des emplois par milliers, ne serait-il pas raisonnable d’aborder la question de l’immigration avec moins de parti pris mais plus de pédagogie et plus d’humanité de part et d’autre ?

Carte des routes d’émigration africaine vers l’Europe (C)Frankfurter Allgemeine Zeitung

Une petite biblio pour conclure, qui s’ajoute à des références déjà citées ici (Les-migrations-du-Mali-vers-la-France) :

Le rapport de la CIMADE: (http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20090619/1208739_f01e_edl.pdf)

Le pacte européen sur l’immigration: (http://www.eu2008.fr/webdav/site/PFUE/shared/import/1015_conseil_europeen/Pacte_europeen_sur_l_immigration_et_l_asile_FR.pdf)

L’intégration économique des migrants: (http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/064000739/0000.pdf)

Et puis un site avec un point de vue intéressant à propos du “discours” sur et autour de la question de l’immigration: l’Institut Panos: (http://www.panosparis.org/fr/migrations.php)

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Divers

20 000 visites en deux ans

20 000 visites en deux ans. C’est la fréquentation, à quelques dizaines près, de ce blog. Faut pas croire que c’est beaucoup ! Ça ne fait jamais que 27 visites par jour en moyenne ! Une seule satisfaction: la première année, la fréquentation ne dépassait jamais 20 visites quotidiennes. Actuellement, elle tourne autour de 100 et dépasse parfois (oh rarement) ce chiffre.

Voilà de quoi vous rendre modeste si vous comptiez sur votre blog pour accéder à la célébrité. Ceci dit, je suis quand même un peu déçu et j’ai tenté une analyse des raisons qui freinent une meilleure diffusion de mes minces propos.

Les premières explications sont à l’évidence à rechercher de mon coté.

1°) Je n’écris pas assez souvent. De 2 à 5 fois par mois, c’est très probablement insuffisant pour laisser une trace détectable par les moteurs d’indexation. Mais, je ne suis pas addict, même si je pense avoir de quoi m’exprimer. Et puis, je veux également vivre d’autres occupations, d’autres engagements, d’autres loisirs …

2°) Les thèmes que je développe sont trop nombreux et trop différents les uns des autres. C’est également une raison probable, bien que je n’ai jamais rencontré d’augmentation notable de la fréquentation lorsque j’ai rédigé toute une série d’articles sur le Mali et les questions de la salubrité.

3°) Mes mots-clé ne sont pas les meilleurs ? J’ai tout essayé, en renouvelant à plusieurs reprises ma liste de mots-clé. Que l’on choisisse des mots pointus et très spécifiques ou des mots génériques (Afrique …), cela ne change pas grand-chose non plus.

Voilà pour les reproches que je me fais.

Il est aussi des reproches que je fais au  »Monde » qui héberge ce blog.

1°) Quoi qu’en laisse penser la présentation de la page “blog”, l’expérience montre qu’il n’y a pas vraiment de “promotion” ou de “publicité” pour les blogs banals des lecteurs. Toute la communication est centrée à la fois sur les blogs invités, à peu près toujours les mêmes, et sur les blogs des rédacteurs et journalistes. D’ailleurs, on peut là se poser la question du bien-fondé de cette collusion (collision) entre le journalisme et l’opinion personnelle. (Mais il en est déjà la même chose avec les éditoriaux ou billets d’humeur, comme celui d’Hervé Kempf, par exemple).

2°) Je ne sais pas comment est fait le référencement des blogs du  »Monde ». Depuis plus de deux ans, j’utilise les services de Google Alert (http://www.google.fr/alerts) pour être informé sans délai de ce qui peut m’intéresser. Par exemple, l’alerte sur les mots “Afrique, Mali” m’annonce systématiquement et sans délai la parution d’un post chez mon ami Helsens (http://mali.blogs.liberation.fr/helsens/). Ou la publication d’un post sur ce thème chez Catherine Coroller (http://immigration.blogs.liberation.fr/coroller/). En ce qui concerne mon blog sur  »Le Monde », jamais la moindre citation, jamais !! Deux quotidiens différents, deux gestions bien différentes.

J’ai fait le test. Il y a 10 posts sur mon blog qui ont, entre autres, ces trois mots-clé: “Afrique”, “Mali” et “déchets”. Faites une requête sur Google avec ces trois mots. Vous trouverez 66100 références ! Dans les 300 premières (après plus personne ne cherche !!), il n’y a aucune des miennes … mais il y a le Toubabou (http://mali.blogs.liberation.fr/helsens/) qui ne parle pourtant des déchets qu’incidemment … Mais ça marche mieux pour les images ..

Malienne triant des déchets (C)Erik Just

3°) Enfin, même si nous écrivons sous DotClear, il s’agit d’un DotClear bien muselé. En effet, il n’est pas possible d’inclure des méta-balises dans nos pages de façon à “accrocher” l’attention des moteurs de recherche.

Bref, dans quelques années, peut-être qu’un petit buzz se fera autour du blog de Thermopyles … En attendant, je me console car j’ai au moins UN Lecteur régulier. Depuis plus d’un an, c’est quotidiennement qu’un obsédé tape la requête suivante “bagarre fille déshabillée” et se retrouve ici| (Quelle(s)-fréquentation(s)-!!!) sur mon site. Qui dira que je ne suis pas référencé ? Mais à cet obsédé-là, je dirais volontiers que sur Google, pour des recherches de ce genre, il faut sélectionner “images” !!

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Mali

La pluie du 12 mai …

La lecture attentive des titres de la quasi vingtaine de quotidiens édités à Bamako réserve parfois des surprises. Voici un article publié dans “Le Soir de Bamako” en date du 14 mai. Il relate avec un certain humour (mais également quelques inquiétudes sanitaires) le comportement de la population qui se débarrasse de ses ordures en profitant du grand lavage qu’une violente pluie provoque inévitablement.

Tout est dit dans cet article: la pauvreté, l’absence d’une structure administrative minimale, l’absence de service d’assainissement, la débrouillardise des populations, les risques sanitaires et environnementaux, …je vous laisse lire et juger.

Dans la nuit du 12 Mai 2009, une forte pluie s’est abattue sur Bamako. Ce qui a mis certains quartiers en liesse. Les populations du quartier de Sokorodji, situé à l’Est de la Commune VI (un quartier à majorité pauvre) ne sont demeurées en reste, qui ont poussé un ouf de soulagement. Comme pour dire que la pluie a bien fait l’affaire des ordures ménagères. A ce sujet, la fête n’a pas été n’importe quelle fête : en effet, c’était une fête pour pouvoir déverser les ordures ménagères dans les fosses septiques, afin que l’eau les entraînent au loin. Mais pourquoi la venue de cette pluie a-t-elle été salutaire pour ce quartier, tout comme pour bien d’autres quartiers du genre, du reste ?
Dans un quartier à majorité pauvre comme Sokorodji, l’accès aux services d’assainissement des GIE (Groupements d’Intérêt Economique) n’est pas chose facile. Aussi, pour évacuer leurs ordures, certains familles ne voient d’autre solution que de les stocker devant leurs portes respectives et d’attendre… l’arrivée des pluies. Une arrivée de pluie qui a donc plongé les populations de Sokorodji comme dans une gourde de miel, cette nuit du 12 Mai.
Pourquoi un tel comportement? Ces ordures versées dans des fosses septiques n’ont elles pas des effets néfastes sur la santé des familles? En tout cas, tout a commencé dès que certaines familles ont pressenti l’arrivée des orages. Aussi se préparèrent-elles activement pour… la sale besogne. Et l’on entendait certaines femmes intimer à d’autres de ramasser leurs ordures et… les verser dans les fosses septiques, parce qu’on a annoncé l’arrivée des pluies ! Par contre, d’autres familles attendent l’arrivée des vraies pluies, c’est-à-dire les hivernales.
En fait, c’est aux environs de 21 heures, au moment où, dans certains quartiers de Bamako, les gens restent chez eux, que d’autres se donnent rendez-vous dans les fosses septiques. C’est ainsi qu’aux alentours du marché jusqu’au pont de Dougoutiguila, les fosses septiques étaient envahies par leurs propriétaires respectifs, devant les portes.
On y notait la présence de femmes, d’enfants, et même de vieillards, portant chacun un seau rempli d’ordures. et tous étaient si sales qu’on ne pouvait faire la différence. Certaines femmes s’activaient, presque nues, sous cette pluie battante. Personne ne se sentait gêné par l’autre, puisque chacun faisait la même chose. Bien au contraire, c’était une véritable solidarité active entre gens de Sokorodji.
Le plus étonnant dans tout cela, c’est que ce vieux quartier serait le quartier le plus musulman de la Commune VI. Il est pourtant dit, dans le Saint Coran, qu’un musulman ne doit pas déranger son prochain. Mais ces actes ne constituent-ils pas un vrai dérangement pour certains?
Tout laisse penser que ce quartier est victime de son propre destin. Car c’est le quartier qui inquiète le plus les dirigeants politiques au moment des élections, parce qu’à l’instar d’autres quartiers (il faut le reconnaître), tout y est évalué en argent, achat de conscience, fraude électorale ou autres.
Sokorodji et Djanéguéla sont surtout les seuls quartiers à ne pas disposer de Mairie, en Commune VI. Quand on n’a pas une administration propre à assurer la gestion communale, les conséquences vont au détriment de la population. Et la population de Sokorodji en est victime., parce qu’elle ignore les conséquences de ces ordures. Que fait donc le service de l’assainissement de la Commune VI ? Est-ce à dire qu’il n’est pas au courant de ses malveillances?
Ce matin (13 Mai), ces fosses septiques ont toutes stagné. Le plus alarmant, c’est l’inondation totale d’une famille voisine de l’endroit où sont déversées les ordures. Certains habitants (tout en désirant garder l’anonymat) sont allés jusqu’à déclarer que l’arrivée de cette pluie a été une aubaine, puisque beaucoup d’habitants ne disposent pas de moyens pour payer des charretiers ou les GIE. Quel est donc le rôle de la Mairie?…

Le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement est donc interpellé, car le cas de Sokorodji ne doit en aucune façon se répercuter dans les autres quartiers.“

Adégné Dolo (Stagiaire)
Daoudabougou, la collecte des ordures … par temps sec