Chapelle N° 7 de l’Abbaye de Saint-Antoine (Isère). Cette fresque du XV° siècle représente Byzance (Constantinople). L’auteur des fresques est un lyonnais du nom de Robin Fournier. Photographie du 8 novembre dernier.

Chapelle N° 7 de l’Abbaye de Saint-Antoine (Isère). Cette fresque du XV° siècle représente Byzance (Constantinople). L’auteur des fresques est un lyonnais du nom de Robin Fournier. Photographie du 8 novembre dernier.
»… Le Sommet du développement durable (…) ne débouchera peut-être pas sur grand chose. Et lors des réunions préparatoires on aura vu se rouvrir de vieilles cicatrices dont on s’était trop brièvement préoccupé (…). Entre les groupes « environnementalistes » des pays du Nord et les groupes « de développement » des pays du Sud, de nombreuses différences subsistent, aussi manifestes que jamais. »
»Bon nombre de groupes du Nord pensent qu’il est de leur devoir de sauver le Sud du « développement », quoi que cela puisse coûter aux gens du Sud. Dans leur propre pays, ils ont bien du mal à faire évoluer les attitudes en matière de développement, mais ils ont vite fait de montrer du doigt leurs collègues du Sud en disant : « Non, non ! le développement c’est pas bon pour vous ! » Et ils vous désignent le rayon du magasin où s’étalent les mirages du développement durable : « Regardez, ça c’est bon pour vous ! » La plupart du temps ces gens oublient évidemment de mentionner le prix de l’article. Ils ont du mal à avouer que pour faire du développement durable, il faut plus d’argent. Cela les obligerait à pousser leurs gouvernants à respecter au moins leurs engagements financiers. Mais cela ils ne sont pas capables de le faire : on le voit bien depuis le temps que ça dure. Pour eux, il est bien plus facile de traiter avec les gouvernements du Sud. Car les pays du Sud, on peut leur forcer la main, leur imposer des conditions via les grandes institutions internationales (Banque mondiale, Fonds monétaire international…) dominées par les intérêts du Nord. »
»C’est pour cela que « le droit au développement », qui a été reconnu comme un droit inaliénable de l’Homme lors de l’Assemblée générale des Nations unies en 1986, reste un sujet controversé dans le projet de document du Sommet du développement durable (…). A l’image de leurs gouvernants, bon nombre de groupes du Nord sont contre l’idée que toutes les nations ont un droit égal à se développer. Ils estiment qu’en accordant aux pays du Sud le droit de se développer pleinement on leur donnera aussi « le droit de polluer ». Pour ces pays, il faut donc se limiter au « droit au développement durable ». Autrement dit, les pays en développement peuvent bien essayer de pourvoir aux besoins de leur population, à condition de rester dans un cadre contraignant. Avec ces restrictions, on remplace en fait un droit par une obligation. »
»Premier point : ce « droit au développement durable » ne tient pas compte du fait que, contrairement aux pays industrialisés, les pays du Sud n’ont pas encore consommé leur part de l’environnement mondial. En toute équité, ceux-ci devraient pouvoir bénéficier pleinement du « droit au développement » tandis que s’imposeraient aux pays industrialisés les restrictions qu’exige le développement durable. Les pays en développement ont le droit de se développer selon des modèles conventionnels tant qu’ils n’auront pas consommé leur part de l’environnement mondial, ou jusqu’à ce que la communauté mondiale leur accorde les moyens financiers et techniques qui leur permette d’opter pour le développement durable. Dans ce dernier cas, les pays du Sud ne devraient pas faire d’objections pour entamer les changements souhaitables. »
»Deuxième point : comment définir le développement durable. Avec cette expression caméléon, on peut parier que le « droit au développement durable » applicable aux pays du Sud sera défini selon les desiderata des pays du Nord, parce qu’ils sont financièrement les plus forts. Au cours de toutes ces années passées, nous avons compris que les critères du développement durable, tel qu’il est conçu par les pays du Nord, peuvent desservir gravement les intérêts des pauvres et favoriser les riches. Prenons l’exemple de la « foresterie durable » : la plupart des critères retenus pour une exploitation durable des forêts favorisent avant tout les pratiques en usage dans les pays développés. Qu’importe si cela enrichit encore plus le riche au lieu de profiter aussi au pauvre. Peu importe si, avec ces contraintes, les petits producteurs du Sud auront du mal à résister à la concurrence des gros producteurs du Nord. »
»Pour deux autres raisons, auxquelles on a fait allusion plus haut, le droit au développement durable peut constituer un sérieux problème dans les pays pauvres. Le développement durable exigera évidemment des dépenses supplémentaires, et pour cela il n’y a pas encore de financements disponibles dans les pays du Sud. D’autre part, il est probable que, par « des cadeaux » ou par la force, on obligera ces pays à remplir leurs engagements vis à vis des objectifs du développement durable tandis que les pays du Nord continueront à faire comme bon leur semble. Et les pays du Sud ne disposent d’aucun moyen de pression pour les contraindre à faire les choses autrement. Dans leurs pays respectifs, les ONG du Nord resteront aussi impuissantes qu’elles le sont actuellement, et elles jugeront plus confortable de fermer plus ou moins les yeux sur les carences de leurs gouvernants. C’est bien ce qu’elles ont fait sur la question du réchauffement climatique. Au lieu d’essayer de changer les choses chez eux, de réduire la dépendance vis à vis du carburant fossile, ces groupes préfèrent, parce que c’est plus facile, imposer le changement aux pays du Sud grâce à l’influence qu’ils peuvent avoir sur les institutions financières internationales. »
»Avant de parler de « droit au développement durable » plutôt que de « droit au développement », ces groupes devraient admettre qu’il est grand temps que les pays riches s’engagent fermement sur la voie du développement durable, que le « droit au développement durable » impose des contraintes supplémentaires aux pays du Sud auxquels on refuse un droit égal au développement. Tous les êtres humains devraient avoir un droit d’accès égal à toutes les ressources pour satisfaire leurs besoins. Tous devraient avoir une part égale des fruits du développement. Mais pour les populations les plus démunies du Sud, il s’agit tout simplement de survie. »
L’auteur de ce texte se nomme Anju Sharma. Ce texte a été écrit en … 2002 et publié le 15 août 2002, en anglais, dans le revue “Down To Earth”, du Center for Science and Environment (http://www.cseindia.org/) . Cette traduction française (http://base.d-p-h.info/fr/fiches/dph/fiche-dph-6678.html) due à Gildas Le Bihan a été publiée dans le N° 10 (2005) de la revue “Notre Terre” éditée par le CRISLA (http://www.crisla.org/) .
Le Sommet concerné par ce texte était le Sommet pour le Développement durable de Johannesburg. Demain s’ouvre le Sommet de Copenhague, censé sauver la planète des méfaits du réchauffement climatique. Or, quand les droits à émission de carbone sont considérablement plus élevés pour les pays riches que pour les pays en développement, c’est tout simplement que le “droit au développement” n’est pas reconnu à ces derniers. La définition de “droit au développement” a t’elle réellement évoluée entre 2002 et 2010 ?
Quand à la carte qui illustre le post, elle a pour but de susciter la réflexion. Elle est centrée sur le Pacifique et la représentation des pays y est conforme à leur superficie (projection de Peters), ce qui n’est pas le cas de nos cartes habituelles. Dérangeant, n’est-ce pas ?
vers un article de l’Essor (http://maliweb.net/category.php?NID=52652&intr=), relatif au problème des déchets, de leur collecte, de leur traitement, … au Mali.-Bamako-
C’est un itinéraire en quelques clics que je viens de réaliser et qui mérite d’être rapporté.
Tout d’abord, grâce à une “alerte Google”, j’ai fais la découverte du blog “Africascopie » (http://africascopie.blog.lemonde.fr/) réalisé par Jean Abbiateci et Antonin Sabot. Ils sont deux journalistes qui, pour le compte du Monde.fr, sont allés de Bamako à Dakar, du 19 octobre au 7 novembre, pour explorer, analyser, comprendre les conséquences des TIC dans le quotidien des africains.
(Je note au passage que l’efficacité du référencement des blogs du Monde est telle que ce n’est qu’aujourd’hui 8 novembre qu’une “alerte Google” exclusivement axée sur le mot Mali, me signale ce blog, alors qu’il existe depuis le 2 octobre 2009 et que le mot MALI est le plus gros de son nuage de tags !!).
Je vous laisse découvrir “Africascopie “, mais j’en retiens immédiatement deux infos qui complètent et renforcent mes récents commentaires (Les-câbles-de-l-Afrique):
Au fil des posts, une découverte. Celle de Boukary Konaté (http://www.maneno.org/fra/member/boukarykonate/) , dont le blog “Fasokan » (http://fasokan.wordpress.com/category/francais/) aborde lui aussi le rôle et l’impact d’internet en Afrique. « Je suis beaucoup plus intéressé par la prise en compte des langues africaines dans le domaine des NTIC et de permettre une liaison linguistique entre tous les pays du monde à travers des échanges sur les blogs. Si c’est à travers la langue que l’homme exprime sa pensée, si c’est à travers la langue que l’homme communique avec les autres, si la langue est un des grands repères de la sauvegarde de la culture, alors chaque langue a sa place dans le domaine des NTIC pour un échange d’expérience et de culture ».
Mettant en pratique cette profession de foi, Boukary Konaté nous propose le blog “Fasokan ” en bambara (http://fasokan.wordpress.com/), en anglais et en français. Pour ma part, mettant en pratique cet appel à l’échange d’expérience et de culture, j’ajoute Fasokan à mes liens. Bienvenue.