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Mali

Mauvais signal pour le Mali

Nul n’ignore, dans ce blog, notre position quant à la présence de la France au Mali.
Le 8 juin 2012, ici même, nous écrivions que « La France n’a rien à foutre militairement au Mali » (La-France-n-a-rien-à-foutre-militairement-au-Mali.). Depuis cette date, tous les billets de la catégorie (Mali) ont défendu cette thèse, la justifiant par de nombreux signes de délabrement de la vie sociale, humaine, économique, politique .. de cette région du monde. Si quelqu’un doit être au Mali, pour y défendre une certaine conception de la démocratie, ce ne peut être qu’une large et légitime coalition internationale, avec forte participation africaine (sud-saharienne, comme maghrébine et proche-orientale).

Le récent enlèvement de deux journalistes français, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, rattachés à la rédaction de RFI, suivi de leur mort, est susceptible de changer radicalement les données de la confrontation qui a lieu actuellement au Nord-Mali.

Ghislaine Dupont (C)RFI
Claude Verlon (C)RFI


De façon primaire cela démontre que nous n’avons pas gagné la guerre, malgré les déclarations plus ou moins fanfaronnes des membres de notre Gouvernement. Jusqu’à la semaine dernière, il était encore possible de croire que les « rebelles djihadistes » avaient été repoussés hors les murs du Mali et qu’on pouvait s’attendre à les retrouver au Niger, voire au Burkina Faso. Mais non, il n’en est rien. Ils sont là, dans les villes, à quelques centaines de mètres de troupes françaises, maliennes ou onusiennes.
Que s’est-il passé ?
Les faits ne sont pas connus avec certitude et ne le seront sans doute jamais. Et si une version officielle est répétée à l’envie dans tous les médias, elle n’en restera pas moins une version officielle sujette à toutes les contestations.
Déjà, les causes de la mort ont été variables: « égorgés », « criblés de balles », « deux balles pour l’un, trois balles pour l’autre ». Si le sujet n’était pas si macabre, on se plairait à faire un peu d’exégèse sur ces différentes affirmations (toutes de notre ministre des Affaires Etrangères). Les premières visent à mettre en évidence la brutalité et l’inhumanité des adversaires kidnappeurs, la dernière a pour objet de démontrer leur froideur et leur cruauté en exécutant leurs otages.
Ont-ils réellement exécuté leurs otages ? Peu en parlent en France; il existe pourtant une version des faits qui met en cause l’armée française en la soupçonnant de précipitation et d’avoir tiré, à partir des hélicoptères lancés à la poursuite, sur les ravisseurs et leurs otages, les tuant tous, c’est à dire trois ravisseurs et les deux otages. Cette version est lisible sur El Watan (http://www.elwatan.com/international/des-temoins-avancent-la-these-d-une-bavure-militaire-04-11-2013-233758_112.php), journal algérien.

Pour sa part, le Gouvernement français ne parle actuellement que des corps des deux journalistes retrouvés devant un véhicule intact (pas de traces de balles, donc pas de mitraillage par hélicoptère) et …verrouillé. Combien précautionneux sont ces hommes du désert qui prennent le temps de verrouiller leur véhicule avant de s’enfuir: sans doute pensaient-ils revenir le chercher plus tard !

Cette théorie, car pour l’instant ce n’est qu’une théorie, est à rapprocher de l’issue tragique de la poursuite jusqu’à la frontière malienne des ravisseurs des deux jeunes enlevés au Niger (Le-Niger,-la-France-et-les-otages) et tués lors de la tentative d’intervention de l’armée française. Là aussi, au moins pour l’un des jeunes, il est possible qu’il ait été tué par des balles françaises.

Quel était l’intérêt des ravisseurs ?
Une première explication est évidente. C’est celle du « marché aux otages ». La récente libération des otages d’AREVA, avec sa rançon de 20-25 millions d’euros, a fortement excité les convoitises. Selon cette hypothèse, il y a fort à penser que les journalistes ont été enlevés pour être remis à un groupe djihadiste candidat à une opération financière de même ordre. Dans ce cas, il est impensable que les otages soient sacrifiés ! Pensez-donc, 20 millions d’euros !! La thèse de la panne du véhicule (tout neuf) ne tient pas non plus. Les ravisseurs auraient assassiné leurs proies afin de s’enfuir à quatre dans un autre véhicule ? Impossible, la « valeur » même des otages les aurait obligés, dans ce cas, à abandonner le prétendu véhicule en panne (en le verrouillant bien !) et à s’entasser à six dans l’autre véhicule. Pourquoi l’armée française n’aurait-elle pas vu cet autre véhicule ?

Une seconde explication est plus pernicieuse. AQMI aurait effectivement décidé d’agir contre les intérêts français au Mali en dramatisant le conflit, en vengeant les victimes de la guerre du Nord-Mali, en prenant fait et cause pour les musulmans de l’Azawad. A court terme, AQMI aurait été amené à développer ce discours en qualifiant les français d’occupants et en appelant la population à les chasser. Depuis bien avant la déclaration de guerre, ce risque existe. Jusqu’à présent, il n’était que potentiel. Deux choses s’opposent à cette seconde théorie. Tout d’abord, même si AQMI n’a pas été chassé du Mali, il n’est pas actuellement au mieux de sa forme (matériels, logistique, troupes) et une « déclaration de guerre » implique de pouvoir accompagner les mots avec des actes. Ensuite, AQMI a pour habitude de scénariser ses actions: même si les otages journalistes étaient condamnés par les djihadistes, ceux-ci auraient pris la peine de mettre en scène cette exécution: délai, communiqué de presse, vidéo peut-être, …

Mais aujourd’hui, ces analyses n’ont plus lieu d’être.
Quelle que soient la cause et l’explication de la mort des deux journalistes, AQMI a récupéré la mise.
Et ce qu’il n’avait peut-être pas envisagé de faire, il vient d’être amené à le faire.
Parce que, pour une raison ou pour une autre, un enlèvement de deux otages s’est terminé par leur mort, AQMI a décidé de s’en emparer (http://tempsreel.nouvelobs.com/guerre-au-mali/20131106.OBS4136/mali-aqmi-revendique-l-assassinat-des-deux-journalistes-de-rfi.html) et de déclarer que « le meurtre des deux journalistes français constitue le minimum de la facture que Hollande et son peuple doivent payer en contrepartie de leur nouvelle croisade« .

La guerre du Mali vient brutalement de changer totalement de dimension. Nous entrons dans un conflit comparable à celui de l’Afghanistan, un conflit dont la France ne sortira jamais par le haut.

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Ecriture

Atelier d’écriture I

16 septembre 2013

Nous étions le 14 juillet. Le temps était maussade sur l’ile de Sein, les baigneurs n’étaient pas légion sur la plage découverte par la marée basse. Au loin se brisaient de nonchalantes vagues dont le son nous parvenait feutré.
Impossible de dire que le paysage avait quelque chose de magnifique ! L’atmosphère semblait davantage emplie d’une sorte de crasse poisseuse et les contours de la baie étaient noyés dans la brume.
C’est alors que je l’aperçue. Seule, debout au bord de l’eau, enroulée dans une longue serviette de plage, les yeux cachés par une casquette de marin. Tout de suite, j’ai eu le sentiment que cette fille pleurait, sans bruit, comme en douceur.
Je me suis approché et, sous un prétexte bien peu solide, j’ai engagé la conversation et l’ai invitée à remonter sur la digue et, si elle le désirait, aller boire une bolée de cidre.
Elle a accepté.
Je ne vous raconterai pas tous les détails de son chagrin. Sachez seulement que celui qu’elle appelait encore son amour venait de la quitter, qu’elle était écrasée par ce départ, par l’absence de ses caresses, par ses désirs …
Nous avons parlé longtemps avant de nous séparer sur un baiser.
Demain, j’ai à nouveau rendez-vous avec elle.

Hier, nous nous sommes retrouvés pour ce second rendez-vous.
Comme pour la Saint-Jean, un bûcher avait été dressé sur la place du village.
La foule jetait parmi les flammes toutes sortes d’objets dont elle voulait se défaire. C’est ainsi que s’approchant de la chaleur et des braises rouges, elle jeta son couvre-chef; une vieille casquette de marin imprégnée de crasse poisseuse.
Alors nous primes place dans une gigantesque farandole qui tournoyait autour du feu.

Tempête bretonne (C)Fabrice Penhoet



7 octobre 2013

Quand on a dix-sept ans, on garde les poings dans les poches crevées.
J’ai longtemps ressenti cette injustice. Alors qu’autour de moi s’étalaient l’or, le platine, le palladium ou le manganèse, tous métaux plus précieux les uns que les autres, alors que la foule affichait son euphorie, sa jubilation et paraissait enchantée, j’avais l’impression de rechercher quelque miel devant le portail et de déboucher sur l’envers, là où, sous le noir, il y a l’odeur.
De limite en limite, j’ai cherché les mondes dans lesquels je pouvais croire au bonheur.
Point de territoire aux odeurs de thym ou de romarin, point de manèges de foire, d’euphorbes enchantées ou de matins avec pain chaud et brioche pralinée.
Non, trop longtemps, je me suis senti comme encagé.

Quand on a dix-sept ans, on garde les poings dans les poches crevées.
Trop longtemps, je me suis senti comme encagé.
J’ai pleuré et essuyé les larmes de mon chagrin, j’ai été bousculé par des foules dont roule la houle, j’ai passé mes nuits à rêver de songes et de mirages, j’ai épuisé ma hargne comme une chaine de haine, j’ai été considéré comme un étranger venu d’une autre frontière, j’ai coulé comme un noyé coincé dans une épave.
Et puis, un jour, j’ai changé, j’ai reconstruit mon image et cessé d’être régenté.
Je n’avais plus dix-sept ans …


4 novembre 2013

Ce n’est pas un homme comme les autres,
chaque jour qui passe, il crée des mélanges,
rassemble les oreillers et les rêves,
les tissus de coton et les festons,
les sourires, les nuages et la jalousie,
les topiaires et les aubépines.

Harmonieusement, parfois symétriquement,
dans le dessin d’une trame colorée
et placée de biais,
il cherche à tout prendre
et il construit sa vie comme une mosaïque.

 »Mais quel est son métier ? »
Il écrit des centons !

 »Il écrit quoi ? »
Il apprivoise (tu sais, comme la rose et le renard chez Saint-Exupéry)
les textes des autres,
s’en fait son miel et ses provisions.
Même les plus farouches ne lui résistent pas.
Alors, avec affection, il confectionne, il bâtit, il coud,
il décore au point de croix
tous les confettis recueillis
et en fait un nouvel écrit.

 »Et tu nommes cela comment ? »
Un centon !



Merci à SC pour le travail d’initiation à l’écriture créative.

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Démocratie

Nouveaux propos d’Azmi Bishara

A propos d’éventuelles négociations en Syrie. Publié le 31 octobre (https://www.facebook.com/Azmi.bishara.en?fref=ts).

 »Négocier sans conditions préalables: les leçons du passé pour la Syrie. »

 »Quand deux adversaires négocient sans conditions préalables, ce qu’ils font vraiment c’est la poursuite de la bataille. Les négociations impliquent une acceptation tacite d’un certain ensemble de bases, sans lesquelles le processus de négociation entier devient une apparence pour la prolongation de l’équilibre existant des forces et des réalités pratiques. En d’autres termes, la négociation sans conditions préalables fournit simplement une couverture pour continuer les mêmes vieilles actions. Il y a une tromperie fondamentale dans des négociations sans conditions préalables, qui se situe dans le fait qu’une victime perd son statut de victime d’un tyran illégitime, et devient une partie qui partage la légitimité à égalité avec les autres parties du conflit. Des négociations vraies ne peuvent être basées que sur des conditions préalables. »

 »La leçon ci-dessus a été apprise en Palestine, mais d’autres feraient bien de l’étudier. Plus précisément, l’opposition syrienne ferait bien d’apprendre: ils sont constamment poussés à entamer des négociations sans aucune assurances, à l’exception de quelque sémantique élaborée sur « l’impossibilité et l’illégitimité » du maintien au pouvoir d’Assad. Du moment où l’opposition syrienne accepte de rencontrer les représentants d’Assad, sans conditions préalables, la sémantique se désintégrera en autant de ballons à air chaud. »

 »Une deuxième leçon est que les victimes sont poussées à négocier au moment où d’autres, qui avaient choisi de soutenir leur juste cause, veulent se débarrasser du fardeau. L’ancien champion d’une cause juste peut prétendre qu’il n’y a plus rien à faire, que les résultats sont désormais soumis à un processus de négociation. Personne n’a la moindre solidarité pour quelqu’un qui a été transformé de victime à partie prenante d’une négociation: si vous pouvez négocier, alors vous êtes tout seul! Négocier sans conditions préalables, quant à lui, signifie également que vous êtes soumis aux rapports existants des forces. »

 »Ainsi, on peut dire que personne ne négocie vraiment sans conditions préalables et sans garanties. A défaut, les négociations peuvent seulement recouvrir les menus détails du processus, les mécanismes de sa mise en œuvre et le calendrier pour le faire. »


C’est exact. Mais, les négociations ne peuvent pas s’engager tant que les parties en confrontation cherchent à améliorer leurs positions et à modifier l’équilibre des pouvoirs.
Il n’est pas interdit de commencer une négociation en réglant les « menus détails du processus, les mécanismes de sa mise en œuvre et le calendrier ». Et s’il ne faut pas appeler cela des négociations, alors appelons-le des entretiens ou rencontres bi-latérales.
Mais au-delà de ces discussions techniques, il semble bien plus important de parvenir à un accord préalable sur un cessez-le-feu !

Pays arabes (C)UN

Et à propos de l’Egypte (publié le 3 novembre).

 »Le procès de Mohammed Morsi et la contre-révolution anti-démocratique. »

 »Mohammed Morsi ne sera pas jugé pour ses erreurs: un président est responsable de ses erreurs dans les urnes, lesquelles existent pour servir à cette fin. Morsi sera jugé pour son refus de se soumettre après le coup d’Etat militaire et de quitter son poste. »

 »La majorité des coupables qui sont derrière les crimes commis pendant la longue période de transition avant l’arrivée de Morsi, et pendant la courte période où il était au pouvoir, restent en place dans les services de sécurité, le ministère de l’Intérieur et l’armée. Certains d’entre eux vont maintenant jusqu’à se présenter comme des victimes. »

 »Le nœud du problème auquel fait face l’Egypte n’est pas celui d’un coup d’Etat contre le régime de Morsi, qui n’a jamais été qu’un régime au sens académique du mot, et qui a duré seulement un an. Le principal problème auquel l’Égypte doit faire face aujourd’hui est celui d’une contre-révolution anti-démocratique dans son ensemble. »

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Immigration

Retour sur l’immigration

Acte premier: 3 octobre 2013.
359 migrants trouvent la mort à quelques encablures de Lampedusa.

Acte second: le 16 octobre 2013 (http://maliactu.net/niger-2-500-enfants-morts-de-malnutrition-en-8-mois/).
« Plus de 2.500 enfants de moins de 5 ans sont morts des suites de la malnutrition sur les huit premiers mois de l’année au Niger, l’un des pays les plus touchés par ce fléau, a-t-on appris mercredi auprès de l’Unicef. »
« La plupart des victimes sont des nourrissons dans leurs deux premières années, très fragiles. Le Niger n’étant pas en situation de famine, les décès liés à la malnutrition sont bien plus rares chez les enfants plus âgés ou chez les adultes. »
« Malgré ce nombre important de décès, la prise en charge de la malnutrition a progressé par rapport à l’année précédente, remarque Guido Cornale, le responsable de l’Unicef au Niger, pays pauvre où elle est endémique et massive. »
« Sur 252.427 enfants de moins de 5 ans traités entre le 1er janvier et le 5 septembre 2013 pour malnutrition ou pour des maladies qui lui sont liées, 2.524 sont morts, ce qui représente une mortalité de 1 pour 100, indique M. Cornale à l’AFP. »
« En 2012, année de crise alimentaire, la mortalité était de 1,6 pour 100 (environ 5.900 morts sur 370.000 traités), contre 1,4 en 2011, année de bonnes récoltes (env 4100 / 293.000) et 1,7 en 2010, autre année de crise alimentaire (env 5.560 / 330. 000), selon les chiffres de l’Unicef. »
« Chaque enfant mort est une perte de trop. Mais cela montre aussi qu’on arrive à contenir le taux de létalité de la malnutrition aiguë sévère, et même à le faire reculer », observe M. Cornale ».
« Sans l’aide internationale au Niger, on verrait les enfants mourir par dizaines de milliers » », ajoute-t-il, saluant également le travail du gouvernement nigérien, qui « répond » aux attentes des bailleurs. »
« La malnutrition n’est toutefois « pas seulement une conséquence de l’insécurité alimentaire », explique Guido Cornale, citant aussi « les maladies, qui impactent l’état nutritionnel de l’enfant », l’éloignement des services de santé, des infrastructures déficientes (absence de latrines ou d’eau potable). La bonne santé de la mère allaitante est également un facteur prépondérant. »
« Le 7 octobre, le Bureau de affaires humanitaires de l’Onu (Ocha) à Niamey avait rapporté le décès de 362 décès d’enfants dans la seule région de Zinder (centre-est), où 79.087 cas de malnutrition ont été enregistrés du 1er janvier au 23 septembre. »
« Le Niger est l’un des dix pays les plus pauvres au monde, malgré des richesses en matières premières (uranium, pétrole). »

Acte trois: Kanar publie un « dessin » dans « Moustiques (Belgique) », repris dans « Le Monde »

Prix Nobel de physique (C)Kanar

Acte quatre: Le capital au XXI° siècle, de Thomas Piketty. (pages 118 et suivantes).
« La seule situation de déséquilibre continental caractérisé concerne l’Afrique qui est structurellement possédée par les autres continents. Concrètement, d’après les balances des paiements au niveau mondial établies chaque année depuis 1970 par les Nations Unies et les autres organisations internationales (Banque Mondiale, FMI), le revenu national dont disposent les habitants du continent africain est systématiquement inférieur d’environ 5% à leur production intérieure (l’écart dépasse 10% dans certains pays). Il est intéressant de noter que ce flux sortant de revenus du capital est de l’ordre de trois fois plus élevé que le flux entrant de l’aide internationale. Avec une part de capital dans la production de l’ordre de 30%, cela signifie que près de 20% du capital africain est actuellement possédé par des propriétaires étrangers.
« Il est important de réaliser ce que signifie en pratique un tel chiffre. Compte tenu du fait que certains éléments du patrimoine (l’immobilier d’habitation ou le capital agricole) ne sont qu’assez peu possédés par les investisseurs étrangers, cela signifie que la part du capital domestique détenue par le reste du monde peut atteindre 40%-50% dans l’industrie manufacturière, voire davantage dans certains secteurs. Même si les balances de paiement officielles ont de nombreuses imperfections, il ne fait aucun doute qu’il s’agit là d’une réalité importante de l’Afrique actuelle. »
(…)
« Quand un pays est pour une large part possédé par des propriétaires étrangers, la demande sociale d’expropriation est récurrente et presque irrépressible. D’autres acteurs de la scène politique répondent que seule la protection inconditionnelle des droits de propriété initiaux permet l’investissement et le développement. Le pays se retrouve ainsi pris dans une interminable alternance de gouvernements révolutionnaires (au succès souvent limité pour ce qui est de l’amélioration réelle des conditions de vie de leurs populations) et de gouvernements protégeant les propriétaires en place et préparant la révolution ou le coup d’Etat suivant. »
(…)
« L’expérience historique suggère que le principal mécanisme permettant la convergence entre pays est la diffusion des connaissances, au niveau international comme au niveau domestique. Autrement dit, les plus pauvres rattrapent les plus riches dans la mesure où ils parviennent à atteindre le même niveau de savoir technologique, de qualifications, d’éducation, et non pas en devenant la propriété des plus riches. »

Acte cinq: 16 octobre-Ségolène Royal appelle la gauche à se calmer (http://lelab.europe1.fr/t/segolene-royal-appelle-la-gauche-a-se-calmer-apres-l-expulsion-d-une-jeune-kosovare-11442) après l’expulsion d’une jeune kosovare.
Rappelant que « la lutte contre l’immigration clandestine était une valeur de gauche », Ségolène Royal explicite son propos en affirmant: « La gauche ne peut pas accepter que ce soit les populations les plus défavorisées et les immigrés en situation régulière qui subissent l’immigration clandestine ».
En clair, Ségolène Royal refuse d’accepter inconsidérément des réfugiés afin de ne pas pénaliser « nos pauvres » et « nos immigrés » !!

Acte six: 24 et 25 octobre-Conseil Européen
Devant l’indignation causée par les récents naufrages en Méditerranée, le Conseil Européen devait aborder la question de sa politique migratoire. Las, les indignations feintes nées des déclarations de Snowden et la révélation du suivi des communications par les USA emportent la mise, et la question de l’immigration reste pratiquement (ou presque) au placard.

Acte sept: 31 octobre-Nouveau drame en Afrique.
87 migrants sont retrouvés morts de faim (http://www.afrik.com/niger-87-migrants-retrouves-morts-dans-le-desert) dans le désert nigérien à quelques kilomètres de la frontière algérienne.


Faut-il continuer longtemps avant de comprendre que la première cause de l’immigration, c’est la guerre ? (Syrie, Ethiopie, Soudan)
Faut-il continuer longtemps avant de comprendre que la seconde cause de l’immigration, c’est la misère ? (Afrique, Niger, Mali, Sénégal, ..)
Faut-il continuer longtemps avant de comprendre que notre monde est un monde de « libre circulation » de toutes les marchandises et de l’argent (mondialisation) et qu’il n’y a aucune raison pour que n’existe pas la libre circulation des hommes ?
Faut-il continuer longtemps avant de comprendre que notre occident étale des richesses matérielles (argent, mode, technique, ..) et humaines (liberté, émancipation, libre expression, …) qui ne peuvent que susciter l’envie et la convoitise ?
Faut-il continuer longtemps avant de comprendre que toujours et partout les migrants chassés par la guerre, par la misère ou par l’envie, tenteront de rejoindre les pays de leurs rêves ? Et que Frontex ne servira à rien ? Et que les passeurs existeront toujours (terrible loi de l’offre et de la demande) ?