Malgré l’échec des négociations du Cycle de Doha, échec largement commandité par l’Occident (voir post: Changement-climatique-comment-agir), le premier semestre 2008 pouvait laisser croire à un possible décollage des économies “en développement”. La Chine, l’Inde, le Sud-Est asiatique, le Proche-Orient, l’Amérique Latine (mais pas encore l’Afrique) pouvaient espérer tirer leur épingle du jeu. Les droits de douane n’étaient pas modifiés en leur faveur, mais le coût des matières premières, le coût de l’énergie leur étaient favorables.
Tel n’est plus le cas.
Nos économistes et analystes se satisfont à grands cris d’une baisse radicale des coûts des énergies fossiles et des matières premières. Toujours ça de gagné pour NOS économies ! La vision est étroite, terriblement étroite, coincée entre deux œillères !
PETROLE. Pendant le happening de nos banquiers, il chute. De 87.92 $ le 17 octobre 2007, il est monté jusqu’à 146.35 $ le 15 juillet 2008. Aujourd’hui, son cours n’est que de 69.85 $ le baril sur la place de New York, pour livraison en novembre. Ce coût est INFERIEUR au coût de production. L’OPEP se réunit le 24 octobre prochain pour trouver un remède, car avec de tels coûts s’envolent tous les projets de développement social et toutes les ambitions de préparation au monde de l’après-pétrole.
RIZ. Le riz n’est qu’un symbole, car la part de production de celui-ci qui fait l’objet d’un marché international est dérisoire (7% de la production mondiale; tout le reste est consommé sur le pays de production). Cependant, arrêtons nous deux minutes sur ce cours symbolique. Sur le marché de Chicago, la livre US (0.453 Kg) était cotée 13.94 cents le 2 janvier 2008, 24.68 cents le 24 avril, 20.08 cents le 25 septembre et 14.92 cents le 16 octobre, hier. Les bourses baissent, le riz ne vaut plus rien.
CAOUTCHOUC. Voilà une matière première industrieuse, à l’abri des fluctuations .. Que nenni ! Sur la bourse de Singapour, le 2 janvier 2008, son cours était de 260.50 cents le Kg. Il est monté à 331.50 cents le 16 juin 2008. Il est à 230.50 cents au 6 octobre 2008.
COTON. Et ce sera le dernier exemple. Le plus dramatique sûrement, parce que les principaux producteurs en sont l’Inde et l’Afrique (Egypte, Mali, …). De 1997 à 2001, le cours du coton n’a cessé de décroître, passant de 80 à 35 cents. Puis, il est remonté pour atteindre 68.88 cents par livre sur le marché de New York au 2 janvier 2008, 86.88 cents le 5 mars 2008, 68 cents le 2 septembre 2008, 46.45 cents le 16 octobre 2008, hier.
Tous ces chiffres se passent de commentaires. L’Occident ne laissera pas les pays émergents, ni les pays candidats à l’émergence, agir, se transformer et tenter de réussir, sans se draper dans son égoïsme, ses barrières douanières, son refus de changer de mode de vie et sa consommation outrancière quand bien même elle est baptisée de “verte”.
L’Occident s’est vengé et le monde reprend enfin ses esprits en s’alignant sur des fondamentaux plus classiques !!!