La flagellation et le masochisme médiatiques dont font preuve nos organes d’information font qu’en permanence on ne regarde que ce qui se passe (mal) dans notre pays, perdant souvent, de ce fait, les éléments de compréhension de mouvements bien plus larges.
Il en est ainsi de l’attitude xénophobe de rejet des étrangers. En France, la stigmatisation des Roms au cours des mois passés en a été la principale illustration. Et chez nos voisins ?
La récente déclaration d’Angela Merkel proclamant l’échec total de la politique d’intégration des étrangers en Allemagne est venue ponctuer quatre mois de débat public au cours duquel nombre d’arguments n’ont rien eu à envier à ceux qui ont été prononcés au cours du débat relatif à notre identité nationale. Il est même possible de dire que notre débat a été relativement encadré de par sa nature “officielle”, ce qui n’est pas le cas du débat allemand qui se déroule par médias interposés. Mais en avez-vous entendu parler ?
Et la Suisse ? Vous vous souvenez de la votation relative à l’interdiction des minarets. Pour les français, cette décision est tombée comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Et pour cause, personne ne leur en avait parlé … avant. Or, fidèle à sa démocratie directe, la Suisse s’apprête à de nouvelles votations sur un projet visant à expulser du pays tous les étrangers coupables de crimes. Comme pour les minarets, l’UDC (Union Démocratique du Centre, bien peu démocratique et bien peu centriste) est à l’origine de cette “initiative sur le renvoi des étrangers”. Ce texte prévoit le renvoi de toute personne de nationalité étrangère condamnée pour un délit grave ou pour avoir perçu abusivement des prestations d’assurances sociales ou de l’aide sociale.
Double peine, il se trouve que ce texte est contraire aux dispositions du droit international ainsi qu’avec la constitution fédérale. Cela n’a pas interdit au Parlement de déclarer recevable cette initiative tout en rédigeant une contre-proposition (soutenue par le PS) ayant les mêmes buts, mais affirmant que les expulsions seront exécutées dans le respect de la constitution et du droit international.
A ce jour, une large majorité de suisses approuvent l’initiative de l’UDC et rejettent la contre-proposition. Personne n’en parle en France. Il y en a qui vont se réveiller lundi 29 novembre avec de drôles de surprises !
L’UDC ne fait pas dans la dentelle en matière de communication. Voici un florilège de ses affiches sur le thème de l’accueil des étrangers, et nous nous abstiendrons de revenir sur l’affiche dont le drapeau suisse est transpercé par des minarets.
Voici une affiche locale à Genève qui a fait grand bruit de ce coté de la frontière.
Une affiche de 2008 pour réclamer un durcissement des conditions de naturalisation.
L’affiche visant à recueillir les signatures nécessaires à l’initiative sur le renvoi des étrangers.
Et l’affiche de propagande pour la prochaine votation.
L’UDC fait école et son affiche représentant un mouton noir (et gris) jeté hors de la patrie à coups de pied a été reprise en Allemagne, en Espagne, en Italie, toujours par l’extrême-droite. Un état de fait à méditer et qui devrait suffire pour que les partisans d’une immigration réfléchie, partagée et concertée se mettent à unifier leurs actions au niveau européen.