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Nyama nyama

Petite histoire en photos pour bien comprendre comment assurer une collecte des déchets sans tout détruire: pratiques agricoles, emploi, solidarité sociale …
Dans toutes les banlieues de Bamako, les déchets sont collectés au moyen de charrettes à âne, voire pousse-pousse à bras.

Collecte de déchets en charrette

Ces déchets sont parfois déversés en périphérie (mais comment s’y rendre avec une charrette ?), le plus souvent sur des tas déjà existants, parfois en pleine ville, et qui ne font que croître.

Dépôt sauvage
Décharge à proximité d’un hôtel

Les maraîchers qui cultivent les fruits et légumes vendus sur les marchés engraissent leurs terres avec les déchets prélevés dans ces dépôts sauvages. Fondamentalement, ils n’ont pas tort, compte tenu de la richesse de ce déchet en matières fermentescibles, en terre et en cendres.

Engraissement des parcelles par les ordures

La parcelle de gauche est recouverte de déchets pendant quelques temps. Puis, les parties non fermentescibles de ces déchets seront retirées et la parcelle sera plantée (parcelle de droite).
Tout ce qui est retiré est alors jeté au fleuve qui, en saison des pluies, assurera un grand nettoyage (ou remontera les déchets de quelques mètres sur la rive).

Ordures le long du fleuve

Nyama nyama, ce sont les déchets que collectent les bana bana, petits collecteurs indépendants.

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Espace d’Interpellation Démocratique

Depuis 13 ans, chaque 10 décembre (jour anniversaire de la signature de la Déclaration des Droits de l’Homme), le Mali organise une manifestation sans doute unique au monde: l’Espace d’Interpellation Démocratique. Il s’agit de rassembler symboliquement les associations luttant pour les droits de l’homme, ceux de la femme (excision, mutilations génitales), contre la torture ou les mauvais traitements et détentions arbitraires, pour l’abolition de la peine de mort, … et de leur proposer une tribune où elles peuvent renouveler leurs demandes et revendications et surtout obtenir une réponse de la part du Gouvernement et des ministres concernés, lesquels s’engagent sur un plan d’action.

Bois d’ébène

Pour la première fois cette année, la Coalition des Villes Propres du Mali est intervenue pour souligner l’absence de traitement des déchets solides et liquides et les conséquences sanitaires et environnementales désastreuses qui s’ensuivent.
Le Ministre de l’Environnement a effectivement répondu en s’engageant sur un plan d’action pluriannuel et sur la réalisation d’une usine d’incinération à Bamako.
Nous retiendrons de cette journée que la démarche de la Coalition des Villes Propres a débouché sur une quasi reconnaissance d’un “droit à la salubrité”, même si nous ne devons pas nous illusionner sur les perspectives d’amélioration.

Bois d’ébène

Le ministre de l’environnement est aussi optimiste que l’est son confrère des finances qui affirme que le Mali est à l’abri d’une crise financière. Oui, parce qu’effectivement, les banques maliennes (et africaines en général) n’ont pas trop de fonds pourris dans leurs actifs. Mais il se trompe quand même pour plusieurs raisons:

  • la crise ne fera que réduire la contribution occidentale au développement des pays émergents ou en voie de développement.
  • la crise ne fera que diminuer la volonté des banques de prêter.
  • la crise entraînera de nombreuses pertes d’emploi chez les travailleurs maliens de nos pays. Or, ceux-ci envoient actuellement vers leur pays davantage d’argent que le Gouvernement n’en donne officiellement !
    Le Mali n’est donc pas à l’abri de la crise, d’une crise qui prendra des aspects différents de ceux qu’elle a en occident, mais une crise qui augmentera la pauvreté et diminuera les capacités de développement.
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Collecte des déchets: quel moyen de transport ?

Tag à Daoudabougou
Tag à Daoudabougou

La collecte des déchets ménagers dans une ville comme Bamako amène à se poser inévitablement la question du moyen de transport de ces déchets.
Si le Centre Ville, désireux de faire bonne figure, dispose de quelques bennes à ordures “offertes” par quelques entreprises françaises ou par des associations qui les ont rachetées, cela n’est pas le cas dans les banlieues. Ici, seules les charrettes à bras ou à âne ont droit de cité.
Or, la pression foncière amène à réduire de plus en plus les zones initialement destinées à recevoir temporairement les déchets, avant leur transfert vers une hypothétique décharge. Les “éboueurs” locaux, avec leurs charrettes, n’ont aucune possibilité de déverser hors de la ville les déchets qu’ils ramassent.
Notre association travaille avec un vieux B110 Renault. D’autres tentent le tracteur auquel est attelée une remorque. Quoi qu’il en soit, la motorisation est INDISPENSABLE, mais les moyens pour l’assurer font défaut.

Tag à Daoudabougou

Au sein des grands groupes français de propreté, de nombreux véhicules sont remplacés à l’occasion de renouvellement de marché, notamment en raison des contraintes environnementales: des flottes de véhicules gaz, par exemple, remplacent des véhicules gazole.
Ne serait-il pas possible que ces véhicules déclassés soient transférés vers des pays comme le Mali, sans attendre qu’ils soient devenus obsolètes et quasi en ruines ? Les champs d’épaves automobiles et poids lourds sont omniprésents. Une éventuelle aide fiscale, aide au développement en fait, ne pourrait-elle être imaginée afin que des véhicules, à peine amortis, soient remis aux pays émergents.
Quel types de véhicules ? des multibennes, des plateaux à ridelles, mais laissons la BOM aux quartiers de centre urbain lotis en collectif.

Tag à Daoudabougou
Tag à Daoudabougou

Les “tags” qui illustrent cet article ont été saisis dans les rues du quartier de Daoudabougou en Commune V du District de Bamako. D’autres suivront.

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Les déchets, une ressource ?

Daoudabougou, le stade de football

Quand j’aurai compris pourquoi je ne parviens que difficilement à ajouter des photos à mes textes postés depuis un cybercafé de la banlieue sud de Bamako, j’aurai fait un grand pas dans la compréhension des interactions entre Internet Explorer et WordPress !
Il est devenu habituel en France et en Occident en général de proclamer que nos poubelles sont une source de revenus non négligeable. Cela est difficile à affirmer à Bamako, davantage encore que ce ne l’était à Alexandrie.
Mon observation concerne une banlieue populaire de Bamako, dans un quartier commercialement actif (marché, boutiques, …). Or les déchets qui y sont collectés 2 à 3 fois par semaine contiennent essentiellement des déchets verts et fermentescibles : beaucoup de feuillages provenant du balayage de la concession, des déchets de cuisine,…, un important fond de terre, de poussière, de cendres dont l’origine est également à rechercher dans le balayage de la cour et l’élimination des restes du foyer, et puis un peu de petits papiers divers, sales, sans valeur, beaucoup de sacs plastiques bleus ou noirs ou transparents, allègrement distribués par tous les commerçants, petits ou grands, très peu de plastique PET (on ne retrouve aucune bouteille d’eau, de très rares bouteilles de cola ou de soda), très peu de PEHD, si ce n’est quelques cuvettes ou bidons déchirés ou de vieilles chaussures plastiques.
Cela signifie, d’une part, que le niveau de vie de ce quartier n’entraîne pas la production de déchets valorisables et que, d’autre part, le peu de déchets qui peut être recyclable l’est dès la maison, où l’on met de coté tout ce qui pourra, un jour, être réutilisé ou vendu.
Cela n’empêche pas que de pauvres femmes nous suivent à la trace lorsque nous venons vider le camion, afin d’être les premières à récupérer les quelques sacs de caisse à peu près en bon état, qu’elles laveront et remettront en service. Hier, l’une d’elles faisait ce « travail » avec son bébé accroché dans le dos et sucé par les mouches agglutinées autour de la bouche et des yeux…

Une seule hypothèse de valorisation des déchets me semble réaliste actuellement : celle de la séparation des déchets fermentescibles de ceux qui ne le sont pas, afin de réaliser un compostage rapide. Ce « rapide » a pour objet de préciser que le coût de fabrication de ce compost doit rester symbolique afin que les agriculteurs et maraîchers y trouvent un intérêt et renoncent à demander à ce que les poubelles de la ville leur soient livrées telles quelles (avec les sacs plastiques).

Bamako: Pont des Martyrs