Marseille est une ville bien méconnue, qui jouit d’une réputation bizarre, surfaite et largement erronée, qui en donne une image assez singulière.
Sans que l’inventaire qui va suivre soit exhaustif, voilà au moins dix pistes à suivre pour découvrir la ville tout autrement.
1- Où dormir ?
Les hôtels n’y sont pas très nombreux, mais le 11° Arrondissement de Marseille n’est plus … à Marseille. Des «villages» s’y côtoient: de vrais villages où le silence se fait lorsque tous les habitants sont rentrés chez eux. Parmi eux, celui de la Treille et celui, «historique», des Camoins, situés à l’extrémité est de la commune. Ces deux villages sont restés fidèles à l’imagerie de Pagnol: c’est ici qu’il est inhumé avec toute sa famille et que de nombreuses scènes de ses films y ont été tournées.
2- Le Vieux Port.
D’un seul coup, d’un seul, nous allons visiter le Vieux Port, son marché aux poissons tous les matins, son ferry-boat électrique (le ferry-boâte), son ombrière signée par Norman Foster, sorte de miroir ultra-mince de plus de 1000 m², et sa gare du Petit Train de Marseille.
3-Le Fort Saint-Jean et le MUCEM.
Le quartier est riche en découvertes que l’on peut enchaîner les unes aux autres. A l’extrémité du Quai du Port, rive nord du Vieux Port, se trouve le Fort Saint-Jean. Avant que d’y pénétrer, il faut en faire le tour par une promenade magnifiquement aménagée en bordure d’eau. L’entrée du Fort permet d’accéder à quelques salles d’exposition et à un jardin botanique méditerranéen, lequel ouvre l’accès à un chemin de ronde. Une passerelle de béton signée de l’architecte Rudy Ricciotti, suspendue au-dessus du vide, permet d’atteindre le bâtiment du MUCEM, ceint d’une résille de béton photogénique en diable en plus d’être un exploit architectural.
Après une visite approfondie des expos permanentes et temporaires, sortez donc par le rez-de-chaussée et allez visiter la Cathédrale de la Major. Ou, en d’autres termes, Cathédrale Saint-Marie Majeure ! Cette cathédrale de pierre en lits alternés verts et blancs, édifiée au XIX° siècle, est offerte sur une vaste esplanade minérale et chaude.
Retour au MUCEM (le billet est valable la journée), retour sur le toit-terrasse, emprunt de la grande passerelle afin de rejoindre le Fort Saint-Jean et traversée par la petite passerelle de béton fibré afin de rejoindre l’église Saint-Laurent.
4-Le quartier du Panier.
L’église Saint-Laurent, église paroissiale du quartier, est la seule église médiévale qui nous soit parvenue. Le Panier est resté un quartier populaire, avec ses ruelles étroites et taguées et ses escaliers. Le tourisme y a pris sa part et la place de Lenche est devenue une grande terrasse, cependant le charme du quartier est toujours perceptible. Retour sur le Port par la Maison Diamantée (fin du XVI°) et l’Hôtel de Ville, édifice baroque du XVII°.
5- Madrague de Montredon.
Nous sommes à l’extrémité sud-ouest de la commune, aux portes du Parc des Calanques. Loin de la ville.Et toujours à Marseille ! Pour y parvenir, il faut prendre la route côtière au Pharo, passer le Vallon des Auffes, l’anse de Malmousque d’où l’on a un beau point de vue sur les Iles du Frioul et le Chateau d’If, la Pointe du Roucas Blanc, la plage du Prado, et continuer sans s’inquiéter des panneaux qui vous indiquent que «le retour est difficile» !?
Montredon est un petit village de pêcheurs, son port compte moins de cent anneaux et lorsque le soleil se couche sur la Méditerranée, il fait bon manger quelque poisson en terrasse. Il est interdit de plonger ou de se baigner dans le petit port, bien qu’il soit tagué sur le panneau « on est chez nous, on fait ce qu’on veut ».
6- Friche Belle de Mai.
Il s’agit d’une ancienne manufacture des tabacs, la plus importante de France en 1960. Puis vient le déclin de la fabrication du tabac en France et les bâtiments sont fermés en 1990. Outre les Archives Municipales et la Conservation du Patrimoine, les bâtiments accueillent une soixantaine de structures et d’associations culturelles de toutes sortes, des restaurants, une halte-garderie, un skate-park, un jardin d’enfants, … La Friche Belle de Mai est un lieu de rencontre et de création qu’il faut découvrir. Sous des allures d’espace alternatif, il s’agit bel et bien d’une coopérative d’actions culturelles, bien organisée et bien efficace. En témoignent les affiches des spectacles et manifestations organisés très régulièrement dans ces lieux.
7- Le Palais Longchamp.
Quelques pas, la voie ferrée et quelques minutes séparent ces deux mondes que sont la Belle de Mai et le Palais Longchamp. Qui n’est pas un palais ! Mais le Château d’eau de la ville de Marseille, flanqué du Musée des Beaux-Arts et du Muséum d’Histoire Naturelle, deux organismes qui ont perdu beaucoup de leur importance au bénéfice d’autres institutions. Reste le Château d’eau ! Une somptueuse réalisation édifiée entre 1862 et 1869, sous la direction de l’architecte Henry Espérandieu, afin de recueillir les eaux de la Durance, détournée, pour que Marseille cesse d’être condamnée à la sécheresse. Deux portails ouvrent sur deux allées qui entourent bassins et escaliers d’eau jusqu’à rejoindre une monumentale colonnade entourant un arc de triomphe. De celui-ci s’échappe le char de la Durance, tiré par quatre taureaux puissants et trois fois plus grands que nature. L’eau coule, gicle, éclabousse, cascade de partout !
8- Notre Dame de la Garde.
Surnommée «La Bonne Mère», cette basilique culmine à plus de 150 mètres au-dessus de Marseille. Tout autour de sa plate-forme, il est loisible de découvrir l’intégralité de la ville en un gigantesque panorama. Son architecte est connu: Henry Espérandieu, celui qui a construit le Palais Longchamp et qui était directeur des travaux d’édification de La Major (architecte Vaudoyer). L’alternance des lits de pierres vertes et blanches en est un signe caractéristique.
Pour atteindre ND de la Garde, rien ne vaut le Petit Train de Marseille qui atteint son but après un long tour du Vieux Port, un passage vers le Pharo, un point de vue sur les Iles du Frioul, puis la longue montée vers la basilique.
9- La quincaillerie Empereur.
Sans doute la plus vieille quincaillerie de France ! On y trouve de tout ! absolument de tout ! Dans un décor de la première moitié du XIX°, puisqu’elle a été créée en 1827, voici le magasin dans lequel vous pourrez acheter vos outils et accessoires de bricolage, d’électricité tels douilles, ampoules et câbles, vos couteaux et autres objets culinaires, vos savons, vos vêtements, serviettes et torchons, les anciens jeux d’enfants, votre vaisselle, vos bougies, et même les tapettes à souris, les fers à chaussures et les filets presse-citron. La Maison Empereur se trouve au 4 de la rue des Récolettes, dans le 1er arrondissement. N’oubliez pas de lui rendre visite !
10- La Cité Radieuse de Le Corbusier.
Il ne s’agit pas d’un immeuble ! Mais d’un ensemble d’habitations regroupées en une sorte de «village vertical» sur pilotis, construit voici près de 70 ans. Dans ce «village», existent 337 appartements de 23 types différents, répartis sur un ou deux étages (duplex), voire trois étages (triplex). Les circulations se font par de très larges couloirs permettant les rencontres et les échanges. Le «village» dispose de sa «rue» commerçante, de son hôtel, de sa librairie, de son école maternelle, de sa crèche et le toit-terrasse est ouvert aux promenades, parcours sportifs et même à la baignade dans une petite piscine. C’est à visiter, ne serait-ce que pour découvrir une utopie architecturale, bien rarement imitée.