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Mali

Cocaïne à Gao

Voici plus d’un an (Lectures-africaines), j’avais cité le groupe de chercheurs de Futurs Africains. Celui-ci avait commis un livre passionnant sur l’avenir de l’Afrique. Parmi les scenarii envisagés, il en était un, dramatique et négatif, qui ne voyait guère de développement pour ce continent, mais au contraire une chute vers le terrorisme, le trafic de drogues, les économies parallèles.

Voici quelques jours, début novembre, selon une agence de l’ONU, un Boeing en provenance du Venezuela s’est posé à quelques kilomètres de Gao pour livrer probablement près d’une dizaine de tonnes de cocaïne. L’avion s’est écrasé au redécollage et a été incendié pour effacer des traces. Venait-il pour la première fois ?

Cette information est en soi inquiétante et peu favorable pour l’avenir du Mali. Certes, l’Afrique de l’Ouest était déjà un point de transit de la drogue à destination de l’Europe (ici un article de 2007) (http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2007-11-08/le-trafic-de-cocaine-s-etend-en-afrique-de-l-ouest-dit-interpol/924/0/208880), mais dans le cas présent les moyens employés deviennent … industriels !

Qui réceptionne et qui assure le transit jusqu’en Europe ? Les autorités maliennes risquent d’accuser les troupes d’Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) et/ou les rebelles touarègues à tout le moins de complicité et cela n’est pas fait pour arranger une situation qui tendait à se calmer. Cela explique sans doute le silence malien jusqu’à présent sur cette affaire. Quant aux touaregs, leur agence de presse Temoust rejette ce soir cette information en parlant de “fantasme”… Il est pourtant certain qu’AQMI comme les Touaregs contrôlent bien ces territoires et donc connaissent les trafiquants.

Par ailleurs, Gao, bien qu’à plusieurs centaines de kilomètres de la frontière algérienne, confirme son rôle de base arrière de ces trafics. Une base arrière qui n’est qu’à un millier de kilomètres de Bamako et qui contrôle tout le nord-est du pays.

Saisie de cocaïne (C)Reuters-Tomas Bravo

Pour apporter quelques informations complémentaires sur les enjeux de cette région, voici un extrait d’un manuscrit passé entre mes mains et intitulé “Gao, je t’aime”. Il ne s’agit pas d’un roman, mais davantage d’une chronique rédigée au fur et à mesure de l’intégration d’une jeune fille dans le petit monde de Gao, à la faveur de l’amour et par le biais d’actions humanitaires. Ce manuscrit contient quelques analyses originales quant à la place des arabes dans la société malienne. A noter que l’on peut joindre l’auteur, Jacques Da Rocha, à ce mail: jdaro@free.fr

(pour expliquer)” la rébellion, la facilité est de se concentrer sur les raisons évoquées des sécheresses trop longues des années 90 qui ont désorganisé la société nomade, entraîné la faillite de son économie et en conséquence ont amené les Arabes et les Touaregs à se réfugier à la périphérie des villes, vers le fleuve Niger, dans les pays limitrophes et jusqu’à la Libye, pays ouvrant ses frontières à de futurs guerriers. On peut alors écrire que la résultante est une sédentarisation volontaire au sens où elle n’est pas imprimée directement par l’état. Mais les origines d’un climat social dégradé sont plus profondes et remontent à l’indépendance. D’une part, à cette époque, le commerce transsaharien décline au profit du développement du commerce entre l’Europe et le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin, via les ports de Dakar, Abidjan, Lomé, Cotonou. D’autre part, la jeune république du Mali se caractérise par une forte centralisation sur sa capitale Bamako et crée une monnaie nationale. Grave erreur. Cette nouvelle devise sans valeur est non convertible et entraîne la faillite des éleveurs qui ne peuvent plus exporter leurs animaux. Du mécontentement des nomades, naît la révolte dans le Nord d’une tribu Touareg. L’état décrète des zones d’insécurité -les mêmes qu’aujourd’hui- aux alentours de Kidal, accélérant la sédentarisation mais aussi la généralisation de l’état de révolte des tribus réfractaires à s’appauvrir davantage aux abords des villes et qui doivent faire face à l’aversion des habitants. Le retour au franc CFA ne redynamise pas assez l’économie. Le mal est fait. Puis les années 70 à 80 sont marquées par les sécheresses. Les troupeaux sont décimés, des camps de réfugiés insalubres aux abords de Gao et de Tombouctou voient le jour. Le peu du commerce qui subsiste est contrarié par des taxes prohibitives, voire purement interdit. La corruption sévit, les commerçants franchissent les frontières par des itinéraires clandestins et dangereux qu’ils se partagent avec les trafiquants de cigarettes. De nos jours, sur ces mêmes parcours, d’autres formes de commerce se sont développées: drogue, armes, commerce humain par l’acheminement des clandestins. Dans les villes du Nord, les Arabes ont ouvert des échoppes qui parfois sont lucratives. Ces commerçants assurent la vente des importations provenant d’Algérie et de Mauritanie à travers les réseaux de leurs «frères» transporteurs de marchandises souvent non déclarées.
Faite de guerres et de razzias, la relation entre Touareg et Arabes a vu naître des alliances éphémères avec la rébellion. Le fossé entre les nomades et les sédentaires noirs est profond malgré les rapports économiques qui les rendent complémentaires, voire partenaires. L’enrichissement relatif des sédentaires et l’appauvrissement des nomades attisent le racisme et la rancune. Phénomène amplifié lorsque le climat s’en mêle, lorsque la saison sèche commence prématurément les nomades se rapprochent du fleuve avec leur bétail alors que les récoltes ne sont pas terminées. Il s’ensuit des situations très tendues et qui dérapent facilement en conflits. Au sein même de la société arabe du Mali, divisée en plusieurs classes, répartie dans plusieurs tribus, les choses ne sont pas plus simples. L’Arabe du Mali hérite de la classe sociale de son père. Il peut être noble – de race pure, sans métissage – , descendant de familles guerrières ou maraboutiques. A l’origine les nobles ne travaillent pas: libres, de teint clair, ce sont principalement les commerçants et les forgerons. Les nobles de race noire sont exclusivement les griots. Enfin, il peut être captif, de race noire, affranchi ou esclave en dépit de l’abolition. Trois grandes tribus arabes sont présentes au Mali: les Bérabich, tribu guerrière de l’Azawad, les Kountas, tribu maraboutique de la région de Gao dont sont issus les imam, cadi, uléma et marabouts et les Arabes du Tilemsi à l’Est. Si la cohésion est forte entre les clans d’une tribu, il n’en va pas de même entre toutes les tribus. La guerre tribale qui sévissait entre Kountas et Arabes du Tilemsi depuis 1997 n’a «officiellement» pris fin que tout récemment, en fin d’année 2003. S’ajoute à ces trois tribus l’entité respectée des shérifs, peu nombreux, prétendus descendants directs du prophète Mahomet.
Avec l’émancipation de la majorité des captifs, les nobles et hommes libres ont perdu beaucoup de leur main d’œuvre et de leur influence. Les captifs émancipés – même si certains sont restés attachés à la famille à laquelle ils appartenaient – se sont en grande partie sédentarisés, ont annexé des terres et se sont parfois enrichis, amenant à la situation paradoxale lors des sécheresses, de nobles venant se réfugier chez leurs anciens esclaves! Les mêmes nobles perdent aussi de leur influence auprès de leurs enfants confrontés au monde extérieur via l’école. Il n’en demeure pas moins que les Arabes gardent une fierté de leur histoire, celle d’un peuple conquérant, insoumis, riche de connaissances et brave, mais absent de la scène politique. Ce vide laisse le champ libre à l’état qui peut parler du Nord comme du « Mali inutile ». L’occident ne prend conscience de la situation dans laquelle se trouvent les nomades qu’en 1985 à l’occasion d’une nouvelle année de sécheresse. Dès lors, les grandes ONG se mobilisent et s’épuisent après moult ponctions à ce qu’une infime partie de leur aide atteigne la cible. On est alors proches du coup de grâce pour le nomadisme. En plus des contraintes économiques, la présence renforcée des militaires dans le Nord du pays -militaires noirs venus du Sud – fait peser la menace de la confrontation. Le racisme historique entre les deux populations est ravivé. S’amorce la vengeance des gens du Sud et la destruction des gens du Nord. Les « teint clair » descendent inexorablement au plus bas de l’échelle sociale. Ils ne peuvent l’accepter et beaucoup d’hommes jeunes choisissent de s’exiler dans les autres pays sahariens, l’Algérie, la Mauritanie, la Libye, le Niger étant en proie aux mêmes maux. Des tribus éclatées par la rigidification des frontières se reconstituent et tombent sous le joug de l’endoctrinement idéologique et politique utiles au Front Polisario du Sahara Occidental en lutte contre le Maroc et aux troupes libyennes en lutte contre le Tchad. Des jeunes arabes s’engagent dans les conflits, ils acquièrent l’expérience du combat, des armes, du financement. Le vieux rêve d’un état saharien indépendant refait surface, soutenu par la Libye. La rébellion est activée à partir du mois de juin 1990 par des attaques visant les postes de police et militaires. Son but premier est de forcer l’état à prendre des mesures de développement au Nord comparables à celles du Sud et de donner un statut spécifique à l’Azawad. Ces revendications vont dans le sens d’une reconnaissance d’être des citoyens maliens à part entière. Seulement, certains groupes rebelles vont plus loin et revendiquent une autonomie complète de l’Azawad. Ils parlent de la libération de l’Azawad, ce qui sous-entend que les nomades sont prisonniers de l’état. Par opposition, une milice « patriotique » Songhay verra le jour en 1994.
En janvier 1991 un premier accord de paix n’est pas respecté. Tout comme le second quelques mois plus tard, suite à des exactions commises par les militaires et les sédentaires: massacres, empoisonnements de puits, … Les civils arabes et touaregs sont constamment inquiétés. C’est l’exode vers l’Algérie pour les camps de réfugiés le long de la frontière malienne et également en Mauritanie. L’Algérie qui craint une extension de la rébellion sur son territoire pèse de tout son poids pour de nouveaux accords de paix, ratifiés en janvier 1992: paix officielle, mais l’insécurité règne et les règlements de comptes sont fréquents jusqu’en 1994. L’ONU met en place un plan de réinsertion des ex-rebelles par une aide financière à la restitution des armes et des aides aux projets. Contre toute attente, les populations noires du Nord perçoivent ces aides aux nomades comme une injustice, eux-mêmes ayant subi l’insécurité et la crise économique. Jusqu’en 1995, ils perpétuent des exactions barbares. Il reste un malaise général, la cohabitation entre nomades et sédentaires semble bien utopique. Si la rébellion n’a pas modifié les limites des territoires des arabes, l’Azawad est devenu le symbole de leur droit à la reconnaissance, leur aire d’influence économique s’est élargie. Tous les exilés ne sont pas rentrés au pays et les échanges commerciaux se sont accrus, toujours sous la forme de réseaux internes à la communauté. Les rebelles ont renoué par la force des choses avec le savoir des générations passées et avec leurs origines. Bien entendu, le retour au nomadisme n’est pas un retour vers le passé, les nomades commerçants utilisent les matériels et techniques modernes: 4X4, camions, téléphone satellite … et les transporteurs peuvent acheminer – hors saison des pluies – des marchandises encombrantes et lourdes et des denrées périssables. Les ex-rebelles qui ne sont pas retournés à la vie nomade se livrent aux trafics des clandestins, des cigarettes et au banditisme assimilable aux razzias d’antan. Ceux que l’on peut qualifier de néo-nomades diffèrent de leurs parents car le point d’attache n’est plus le campement familial, mais la maison en ville, voire plusieurs maisons dans plusieurs villes, dans plusieurs pays pour les plus aisés, perpétuant les migrations. Les esclaves des nomades, pour l’écrasante majorité sédentaire sont devenus des néo-sédentaires. Parmi les ex-rebelles, un maigre pourcentage est intégré dans la fonction publique et l’armée: la possibilité de gravir les échelons et de devenir de hauts fonctionnaires est bien réelle.
Reste que les régions du Nord, malgré les efforts de l’état, souffrent de divers maux: peu d’accès de communication goudronnés, absence d’eau courante dans les villages avec des risques permanents d’épidémies, nombreuses coupures d’eau et d’électricité et peu de collecte des ordures dans les villes, hôpitaux et dispensaires sous équipés et secteur de l’éducation sous développé. La renaissance identitaire des arabes du Mali par la rébellion ne se fond pas dans la société malienne et les arabes continuent autant que possible à vivre en réseau fermé et en conséquence cette ethnie retombe dans l’anonymat et reste méconnue des occidentaux.

18 novembre 2009: des civils d’ONG humanitaires quittent Gao devenue trop dangereuse … Et pendant ce temps-là, des voix officieuses laissent entendre que la plaque tournante de la drogue, c’est Dakar. Et que la cocaïne apportée par le Boeing devait rejoindre l’Europe en passant par Dakar !! On voit le détour … et l’on n’y croit pas une seconde.

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Développement solidaire

L’aide fatale

Voici déjà quelques mois (Faut-il-mettre-un-terme-à-l-aide-à-l-Afrique) , j’avais parlé d’un livre écrit par Dambisa Moyo, alors même qu’il n’était pas encore traduit en français. C’est en parcourant les sites progressistes et critiques de l’Afrique Noire que j’avais découvert cet ouvrage. Le voici traduit en français, sous le titre de “L’AIDE FATALE” et publié chez Lattes.

La thèse est assez simple. Les faits montrent à l’envie que l’aide apportée à l’Afrique ne contribue pas à son décollage économique, loin s’en faut, puisqu’au contraire les inégalités s’accroissent et la pauvreté augmente. La solution réside dans une suppression prochaine de l’aide et le remplacement de celle-ci par quelques principes économiques d’inspiration assez libérale:

  • utiliser les marchés d’obligations,
  • encourager une politique d’investissements dans les infrastructures en échange de matières premières, comme le fait la Chine,
  • mettre un terme au protectionnisme européen et américain en matière de produits agricoles et de matières premières,
  • développer le rôle des intermédiaires financiers, notamment en microfinance.
(C)Dambisa Moyo-JC Lattès

La Tribune.fr (http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20090917trib000423177/dambisa-moyo-l-aide-publique-donnee-a-l-afrique-constitue-une-rente.html) a récemment accompagné la présentation de ce livre par une courte interview. Parmi les questions, celle-ci: Si l’aide est un échec, pourquoi les pays riches continuent de déverser autant d’argent en Afrique ?

La réponse laisse un peu perplexe. La cause en serait le poids des valeurs religieuses qui imprègnent le politique en créant une sorte d’obligation morale à l’aide des pays pauvres de la part des pays riches. Je veux bien, mais je ne suis pas certain qu’il n’y ait pas d’autres facteurs et notamment le fait que les pays riches SAVENT que l’aide entraîne une dépendance, que cette dépendance a souvent pour nom la DETTE, et qu’en raison de cette dépendance les pays riches s’octroient des droits sur les matières premières: pétrole, métaux rares, uranium, …

Quoi qu’il en soit, cet ouvrage ne laisse personne indifférent et sa place est bienvenue dans les débats qui entourent la définition d’une nouvelle mondialisation, ou d’une mondialisation plus respectueuse des ressources naturelles et dont les productions sont plus conformes aux besoins réels des populations.

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Egypte

Sur le blog de Pierre Assouline: Alexandrie Bazar

Juste un lien vers ce post (http://passouline.blog.lemonde.fr/2009/10/15/alexandrie-le-genie-dune-ville/) tout frais assurant la critique du livre d’Olivier Poivre d’Arvor: Alexandrie Bazar. Pour noter qu’il est à l’origine d’une formidable bouffée de nostalgie et pour signaler avec plaisir (et honneur) qu’il reprend l’une de mes photos (Alexandrie-Le-Quatuor-…).

En voici une autre ….

Alexandrie: rue marchande
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Egypte

La France absente de la Foire du Livre du Caire

La nouvelle est déjà ancienne … C’est une amie d’Alexandrie qui m’en a fait part, avec regrets et déception: pour la première fois depuis plus de dix ans, le Centre Français de Culture et de Coopération (CFCC) n’a pas organisé de “pavillon français” dans le cadre de la Foire Internationale du Livre qui s’est tenue au Caire du 21 janvier au 5 février.

Les Pyramides (C)EB

D’après Alif, le magazine francophone d’Egypte , la raison en serait financière et concernerait les montants investis pour la réalisation et la maintenance d’un stand regroupant une petite dizaine de libraires francophones. Un autre grief serait le manque d’implications des dits libraires.

Tout ceci semble bien mesquin. La Foire du Livre, comme son nom l’indique, est une foire incroyablement fréquentée et le seul motif de “visibilité” de notre pays impose que l’on y soit présent. D’ailleurs le site du CFCC le précise bien, mais on peut se demander depuis quand cette page n’a pas été mise à jour !

 »En janvier 2002, la Foire Internationale du Livre du Caire a accueilli plus de trois millions de visiteurs. La France y dispose d’un pavillon autonome consacré à la promotion de sa production éditoriale. Proposant aussi des traductions en arabe de livres français, « le Pavillon français » a vocation à être un carrefour entre les cultures égyptienne et française. »

« Le Pavillon français », animé par le CFCC en partenariat avec la General Egyptian Book Organization, organisatrice de la Foire du livre, se pose ainsi comme un lieu privilégié au sein de cet espace de dialogue et de découverte capital pour la vie culturelle du Caire. Des films francophones y sont diffusés, des animations et des conférences y sont organisées en partenariat avec l’Institut français d’Archéologie Orientale (IFAO) et le Centre d’Etude et de Documentation Economique et Juridique (CEDEJ). En 2002, l’universitaire Michel Schmitt et le dessinateur pour enfants PEF avaient fait le déplacement de France pour donner des conférences et animer des ateliers avec le public. Le CFCC aurait-il abandonné cette “vocation” ? C’est d’autant plus regrettable que le moment d’un tel abandon est bien mal choisi: l’Union pour la Méditerranée est un enjeu important, au sein de celle-ci la coopération culturelle doit primer et … la France et l’Egypte n’en sont-elles pas les deux co-présidentes ?