Voici quinze jours-trois semaines, « Le Monde » s’est illustré d’un pseudo-débat interne dont il a le secret. Ses journalistes économiques et ses journalistes environnementaux, chacun de leur coté, se sont intéressés à la notion de finitude des réserves de pétrole et à celle du Peak Oil. Bien entendu, les deux n’ont pas la même analyse.
Les économistes penchent pour une possible exploitation des sources d’énergie actuellement peu abordables, techniquement et économiquement. C’est le cas des gaz de schiste, du pétrole brésilien situé sous une importante couche de sel, des schistes bitumineux ou des récentes réserves identifiées au large de la Guyane. Ils en concluent que le pétrole et ses dérivés ont encore de belles années devant eux, des « décennies à irriguer notre économie ».
Quant aux environnementaux, ils dénoncent régulièrement les possibles atteintes à l’environnement comme relevant de l’inéluctable, ils rappellent la finitude des ressources et prônent un changement radical et rapide de société, allant pour certains jusqu’à placer au niveau de la culpabilité individuelle l’utilisation d’un véhicule.
Au « Monde », l’économiste s’appelle Jean-Michel Bezat et l’écolo se nomme Hervé Kempf. De celui-ci, on a déjà parlé ici (Changement-climatique-comment-agir). Son attachement à la déesse terre, qu’il préfère appeler Pachamama (Deep-Ecology-Hard-Ideology), est une des constantes de son discours.
Et voilà que l’économiste vient de publier un billet intitulé « Le gaz et la bougie (http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/07/le-gaz-et-la-bougie_1583931_3232.html) (08/10/2011), dans lequel il stigmatise les écologistes au travers du dernier livre de Pascal Bruckner; « Le fanatisme de l’apocalypse ». Citant le philosophe, « Nous demander d’abandonner sans tarder le pétrole, l’atome, le gaz, les schistes bitumineux et le charbon au motif qu’ils sont dangereux et polluants, alors que l’éolien et le photovoltaïque restent embryonnaires, est irresponsable », il précise qu’il vaut mieux préférer une écologie de raison qui ne sacralise pas Gaïa, le déesse-terre, et qui ne tourne pas le dos au progrès scientifique
Il y a tout à gagner à de tels débats au sein du quotidien, encore que le journal pourrait définir une constante, une sorte de point de vue de référence. Cependant ces débats trouveraient mieux leur place dans le cadre d’un échange organisé, structuré et constructif, plutôt qu’au travers de billets et de chroniques qui s’apparentent à des petits règlements de comptes.