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Envoyé Spécial chez les décroissants

Un homme qui se fâche parce que son épouse a introduit du plastique dans son jardin sous forme d’une brouette offerte à son fils, une femme qui vit à 1000 mètres d’altitude dans une yourte sous la neige, ne se lave qui si l’eau n’est pas gelée mais coupe son bois à la tronçonneuse thermique, un couple de jeunes ingénieurs qui récupèrent des fruits et légumes avariés en sortie de marché et font de la lombriculture dans leur appartement …

Envoyé Spécial a voulu faire un reportage sur les décroissants (cf post Décroissance]: il n’a fait qu’une caricature un peu sinistre. Nous ne savons pas ce que sont, pensent et vivent réellement ces gens pris en exemple. Mais les petites tranches de vie mises en exergue ne sont pas susceptibles de faire comprendre clairement à une majorité de gens ce qu’est la décroissance.

La décroissance, c’est tout simplement réduire sa consommation en énergie de façon draconienne: limiter l’usage de la voiture au strict indispensable, choisir une voiture moins puissante, isoler sa maison ou construire une maison passive, réduire sa consommation de viande, manger des fruits et légumes de saison qui ont été produits dans la région, limiter drastiquement l’usage de tous les produits chimiques à la maison comme au jardin, acheter des produits durables, consommer de façon durable (ne pas changer de TV tous les 3 ans), agir pour que la société (au niveau de son quartier, sa commune, son pays, l’Europe) prenne en considération ces impératifs par une taxation de l’énergie, la révision des échanges internationaux, la formation et le changement de métier, la définition de choix industriels et financiers au niveau européen. La décroissance, ce n’est pas réclamer davantage de pouvoir d’achat, c’est agir en société pour une réorientation du pouvoir d’achat.

La récup, le bricolage pour réaliser quelques économies d’eau, la vie spartiate, le glanage au marché, tout ceci relève d’une démarche individuelle qui, dans la meilleure hypothèse, est bien sympathique mais un peu naïve et inutile (ce que tu n’as pas consommé, d’autres le consommeront) et, dans la plus mauvaise hypothèse, se rapproche d’une attitude sectaire.

Pour changer de mode de vie et donner une chance à cette nécessaire réduction de notre consommation (ce faisant, nous réduirons aussi notre production de déchets), il nous faut convaincre 51% de la population. Ce ne sont ni la naïveté ni le sectarisme qui seront les moteurs de cette force de conviction.

Auteur: Jonvon Nias

Le dernier exemple d’Envoyé Spécial est celui d’un groupe de jeunes ingénieurs lyonnais, un peu utopistes, dont la démarche mérite mieux que les saynètes du marché et des lombrics ! (la prochaine fois, avant d’autoriser la diffusion de votre image, demandez à y jeter un coup d’oeil). (Dialogue sur terre http://www.dialoguesurterre.fr/); gardez-vous cependant de croire que les utopies d’aujourd’hui seront les réalités de demain. Car, heureusement, les utopies d’hier ne sont pas la réalité d’aujourd’hui, sinon nous vivrions dans un monde totalitaire et déshumanisé. Laissons aux utopies leur caractère … utopique: elles ne sont qu’un moteur pour avancer.