Pour compléter la réflexion sur ce thème, voici trois “documents” forts.
1°) Il s’agit d’un site internet au Sénégal, dont une rubrique traite des
méthodes légales et moins légales pour émigrer en Europe et obtenir, avec un
bon pourcentage de chance, un titre de séjour. Attention, c’est fort, c’est
parfois cynique, les “blancs” en prennent plein la g…, mais c’est si vrai:
senegalaisement.com Mais il faut lire également le
reste !
2°) Dans la suite du précédent post, une vidéo réalisée par un collectif de
cinéastes et relative à la lutte des travailleurs sans-papiers qu’il faut
régulariser. Y a t-il économiquement, politiquement, socialement et humainement
une autre solution ? Alors, qu’attends t-on ?
Le dessin qui va avec:
Travailleurs sans papiers
3°) Le magazine “Respect mag” a publié un Appel pour une République Multiculturelle et Postraciale signé par Lilian Thuram, François Durpaire, Rokhaya Diallo, Marc Cheb Sun et Pascal Blanchard. Il est “malheureusement” vendu avec le n° 24 du magazine, ce qui en limitera la diffusion (6 €). Pierre Bergé n’aurait-il pas quelques milliers d’euros à consacrer à une distribution de cet opuscule ? Cet appel est accompagné de 100 propositions pluricitoyennes: il faut lire le tout .
Ce post patiente depuis plusieurs semaines pour être publié. En fait, il attendait la libération de Pierre Camatte. C’est chose faite aujourd’hui et l’on ne peut que s’en réjouir. Lors des trois mois de détention, nombreux ont été ceux qui en France comme au Mali ont pris quelque plaisir à jeter de l’huile sur le feu, notamment autour de la question du tourisme dans le nord du Mali, de l’identité du ravisseur initial de Pierre Camatte ou des déplacements de Bernard Kouchner.
Les conditions de la libération sont à peu près connues; elles laisseront des tensions, des amertumes, des rancœurs non seulement au Mali, mais aussi en Mauritanie et en Algérie.
Pierre Camatte
Le 3 février dernier, les discussions entre la France et le Mali pour un accord sur l’immigration ont à nouveau achoppé sans que les associations françaises fassent le moindre commentaire. Le point fondamental de désaccord est celui de la régularisation des sans-papiers maliens en France. Ceux-ci sont au nombre de 45000-50000. Bamako souhaite que 5000 d’entre eux soient régularisés chaque année et Paris n’en propose que 1500. Les deux points de vue sont-ils vraiment inconciliables ?
Au-delà du commentaire unilatéral qui est fait autour de la question des sans-papiers expulsés hors de France (29288 en 2009), il faut savoir que près de 21000 sans-papiers ont été régularisés en 2009 (Le Monde du 22/12/2009):
2800 au titre de la reconnaissance par le travail (2800 également en 2008).
3200 au titre des raisons humanitaires, les “admissions exceptionnelles au séjour”.
environ 15000 au titre des “liens personnels et familiaux qui sont tels que le refus d’autoriser son séjour porterait une atteinte disproportionnée à son droit au respect de sa vie privée et familiale”.
Ajoutons à cela (La Nouvelle République 11/02/2010) que 173991 titres de séjour ont été délivrés en 2009, dont 27966 à titre professionnel, 74008 au titre du regroupement familial, 10864 pour les réfugiés.
En 2009 toujours, 108275 étrangers ont acquis la nationalité française.
Tous ces chiffres placent la France en tête des pays européens pour l’acquisition de la nationalité et pour le nombre de demandes d’asile reçues.
Mais ces chiffres ne précisent aucunement quelle est la part des maliens dans ces naturalisations, titres de séjour ou régularisations. Cependant, à y bien regarder, la régularisation de 3500 maliens de plus que ce que propose le gouvernement français ne paraît pas insurmontable et aurait plusieurs avantages dont les moindres ne sont pas:
renvoyer un ascenseur humanitaire vers le Mali,
solutionner partie du problème des sans-papiers qui font grève depuis plusieurs mois,
et trouver un accord sur la question de l’immigration des maliens.
Les périodes pré-électorales sont propices à ce genre d’affaires et de conclusions désastreuses. Après quelques jours de blocage des raffineries, et sous la forte pression du gouvernement, la CGT vient d’obtenir l’engagement de Total de ne fermer aucune raffinerie française pendant cinq ans, à l’exception de celle de Dunkerque qui sera soit rouverte, soit transformée en une autre activité industrielle. Sur ce dernier point, il n’y a aucune différence par rapport aux précédentes déclarations de Total qui déclarait cesser les activités de la raffinerie sans licenciement.
Objectivement, cette grève n’avait même pas pour motif le maintien des emplois, mais le maintien strict d’une activité industrielle existante. Et c’est là qu’il y a problème.
« A défaut de changements majeurs de son modèle économique, la France s’oriente au cours de la prochaine décennie vers une croissance bloquée en dessous de 1 % par an, un chômage permanent, une spirale de déficits de la balance commerciale et des comptes publics, avec une impasse structurelle de 5 % du PIB. Les remèdes sont connus. Du côté du marché du travail, la priorité doit aller au soutien de l’emploi, à l’accompagnement personnalisé des chômeurs, à l’intégration des immigrés, à la formation initiale et continue, enfin et surtout, à la flexibilité. Mais la clé demeure le rétablissement de la compétitivité qui passe par le développement prioritaire du secteur marchand, notamment de l’industrie, par un effort de productivité dans le secteur public, enfin par la refondation de la nation* ».
Cela demande des efforts intellectuels, certes, mais la défense de l’emploi ne doit pas (plus) signifier la défense de l’emploi existant. Il serait temps de sensibiliser les salariés à la nécessaire évolution de leur carrière, et de les y aider par l’accompagnement et la formation adéquats. Il y avait, au cours des années 1990-2000 une meilleure prise en compte de la flexibilité que celle que nous constatons actuellement.
Dans cette affaire Total, que voyons-nous ?
Dans cinq ans, quelle sera le besoin en carburants en France ? Alors que les constructeurs sont dans l’obligation de réduire toujours davantage la consommation de leurs véhicules ? Alors que le véhicule électrique et/ou le véhicule à hydrogène auront (espérons-le) pris de l’ampleur ? Alors que les consommateurs auront poursuivi le changement de leurs habitudes, avec plus de covoiturage, moins d’automobiles en centre ville, plus de déplacements doux ? Alors que la consommation baissera pour de simples raisons économiques liées au coût du carburant qui ne manquera pas de remonter, car dans cinq ans nous serons au “Peak Oil” ?
La CGT qui n’a rien compris aujourd’hui, se trompe et trompe les salariés. Dans le cas présent de Dunkerque s’il faut des emplois industriels, ce n’est plus prioritairement dans la raffinerie, mais probablement dans les énergies renouvelables. Il en est de même pour les autres raffineries du groupe et dans cinq ans, il sera trop tard pour le reconnaître.
Grève à la raffinerie de Donges (C)Ouest France Reuters
Pour sa part, Europe Ecologie a fait encore mieux: elle appelle le Groupe Total à la fois « à maintenir l’emploi dans ses raffineries » et à « assurer la reconversion de ses activités et de ses salariés » notant par ailleurs une « absence totale de stratégie industrielle de long terme, dans un monde où le pétrole se raréfie ». Il ne serait pas inutile de clarifier le discours, mais il faudra, là aussi, attendre des lendemains post-électoraux.
*Citation extraite de “Après le déluge. La grande crise de la mondialisation”, de Nicolas Baverez (2009)
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