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Libye

Intervenir en Libye ?

Ainsi donc, l’Union Européenne et ses ministres-diplomates ne sont pas parvenus à une position commune à l’égard de la Libye. Il n’y aura pas d’intervention militaire avec pour but de créer une zone d’exclusion aérienne et de la maintenir active. Nombreux sont ceux qui parlent déjà de renoncement, d’abandon des populations libyennes, de renoncement face à un dictateur, accommodement avec des contrats de fourniture en pétrole ou de livraison de matériels ou technologies, … mais est-ce si certain ?…

Depuis le début de la crise, puis de la quasi guerre civile que se livrent les libyens entre eux, force est de constater qu’un continent entier se tait ou prend position avec les plus grandes circonspections: il s’agit du continent africain, celui qui devrait être concerné au premier chef puisque Khadafi, “roi des rois d’Afrique”, élu président de l’Union Africaine il y a tout juste deux ans, se voulait le héraut de la nouvelle Afrique. Il faut dire que Khadafi a généreusement aidé les chefs d’état africains et tout singulièrement ceux des états sud-sahéliens, Mali en particulier. Les investissements libyens sont extrêmement importants: hôtels, administrations,achats de terres auprès de la Compagnie du Niger, aide militaire, construction de mosquées, … la liste est très longue. Ces Chefs d’Etat sont probablement mal à l’aise pour sanctionner leur ancien (et futur ?) bienfaiteur.

Khadafi et le Chef de l’Etat mauritanien en 2009 (C)M.Rivière

Voici quelques jours déjà, l’accusation faite aux combattants touaregs, qui participent aux combats contre les révoltés de Libye, d’être des mercenaires avait soulevé leur indignation. Certains de leurs responsables ont fait savoir qu’ils ne s’agissait pas de mercenaires, mais de soldats appartenant à des tribus qui avaient depuis longtemps déjà déclaré allégeance à Khadafi.

Il y a quatre jours, c’est un ancien ministre du plan de Modibo Keita, Seydou Badian Kouyaté, qui appelait à une mobilisation des esprits en faveur de Khadafi, considéré par lui comme un grand Africain, au même titre que Modibo Keita bien sur, mais aussi N’Krumah ou Sekou Touré. Pour étoffer ses dires, il s’appuyait sur des requêtes formulées par des étudiants ou des groupes de femmes.

Et voici maintenant qu’un parti, le SADI, Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance, se mobilise et convoque meetings et marches de protestation. C’est encore un petit parti, mais qui monte régulièrement dans les opinions des citoyens maliens et qui a fait figure honorable aux élections municipales de 2009. Par ailleurs, il est un soutien ferme des expulsés, ceux des maliens qui sont venus en France de façon plus ou moins officielle et qui en sont expulsés. A ce titre, il a joué un rôle actif dans le refus de signer les accords sur l’immigration proposés par la France (Brice Hortefeux-Eric Besson).

Donc ce parti se pose en défenseur de Khadafi (http://www.maliweb.net/category.php?NID=72427&intr=) et argumente ainsi sa position. Khadafi « fait face à une violente campagne d’intoxication dont le but est de convaincre l’opinion mondiale de légitimer une guerre de conquête coloniale des Etats-Unis et de l’Europe pour faire main-basse sur les richesses pétrolières ». Ajoutant qu’ »une agression contre le peuple libyen menace la paix dans les pays sahariens et affaiblit leur capacité à faire face à la menace terroriste ».

Malheureusement, la simplification et la pauvreté du débat au sujet de la situation libyenne (comme de la Tunisie ou de l’Egypte: on nous raconte la guerre ou les manifs, mais pas les positions idéologiques des uns et des autres) occultent complètement cet aspect des choses. Sans doute faut-il quand même tenir compte de ces informations qui prouvent, s’il en est besoin, que l’Occident ne sera jamais le bienvenu dans un conflit au Maghreb ou au Proche-Orient. A ce titre les appels à l’aide des révoltés doivent avoir une autre réponse que celle de la guerre.

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Développement solidaire

Pétrole, riz, …spéculation

Alors que les cours du pétrole sont en hausse constante, voici que les chaînes de télévision et la presse (y compris parfois votre “quotidien de référence”) nous ressortent la vieille antienne de la faute aux spéculateurs. Certes il s’agit là d’une chanson facile, qui ne fait de mal à presque personne, même pas aux potentiels spéculateurs, qui simplifie à l’extrême les explications pédagogiques que l’on peut donner et qui satisfait le peuple des électeurs.

Sarkozy ne s’en est pas privé lorsqu’il à tancé vertement les économistes européens venus présenter à Davos un rapport sur le rôle de la spéculation dans la volatilité des cours. Comme ce rapport concluait à un rôle mineur, pour ne pas dire négligeable, comparable à « l’écume de la vague », Sarkozy leur a intimé la consigne de revenir présenter leur rapport le … 1er avril ! Le 1er avril c’est bientôt et nous n’allons pas nous priver de réfléchir encore une fois (voir post Pétrole-le-retour] et là (Prix-du-petrole-fondamentaux-physiques-ou-financiers-…) sur cette question du rôle de la spéculation dans la fixation du cours des matières premières.

Retour sur l’évolution des cours du pétrole. Après le sommet historique de juillet 2008 (145 $), le cours du pétrole brut est retombé à .. 34 $ en début d’année 2009, un chiffre impossible à tenir puisque inférieur au simple coût de production de la matière. Mais un chiffre qui peut s’expliquer par une réaction exagérée après les “excès” de l’année écoulée. Cela est si vrai que le cours n’a pas cessé depuis de remonter pour atteindre 68,75 $ le 25 mai 2010. Le prix du pétrole avait donc déjà quasiment doublé depuis son cours plancher de début 2009, mais qui vous en a parlé ?

Le 14 décembre 2010, jour considéré comme le signe de naissance de la révolte tunisienne, le cours du pétrole brut était de 88,17 $, soit 159 % d’augmentation depuis février 2009, ou 28 % depuis le cours de mai 2010 ! Un petite rémission s’est instaurée puisque le cours n’était que de 84,53 $ le 15 février 2011. Aujourd’hui 10 mars 2011, il est de 102,60 $, en baisse de quelques points depuis deux jours, mais en augmentation de 49 % depuis mai 2010.

(C) La Documentation Française

Tableau extrait de: (http://prixdubaril.com/|http://prixdubaril.com/)

Quelles en sont les causes ? Tout d’abord, la même cause que celle qui a conduit à la crise de 2008: il n’y a pas assez de pétrole en réserves connues ou “hypothésées” pour répondre aux besoins de la planète terre ! La consommation a repris sa croissance après l’essentiel de la crise que le monde a vécue en 2008-2009. La croissance des pays occidentaux reste mesurée, il n’en est pas de même de celle des pays “émergents”, lesquels n’ont plus rien d’émergent. A la demande croissante répond une offre qui n’évolue pas malgré les proclamations souvent tapageuses des pétroliers: les réserves ne suffisent pas pour assurer une croissance soutenue. Loi de l’offre et de la demande: les prix augmentent.

Cette redoutable question du « peak oil » (http://aspofrance.org/) est dans les esprits de tous nos dirigeants, lesquels se gardent bien d’en parler car, pour le coup, l’inflation du cours du pétrole serait exponentielle. Tous nos économistes également s’abstiennent d’aborder cette notion, qu’ils soient vrais économistes au service des politiques ou journalistes-économistes.

Un blog du “Monde” en parle avec acuité: celui de Matthieu Auzanneau: Oil Man (http://petrole.blog.lemonde.fr/peak-oil-le-dossier).

La seconde raison de l’envolée (relative) actuelle du cours du pétrole est à chercher avant tout dans la psychologie des financiers, des investisseurs, des industriels. La succession des crises et des révoltes au Maghreb et au Proche-Orient inquiète et fait redouter une rupture grave dans la fourniture du pétrole au monde entier, et pas seulement en Occident. Cette crainte vient s’ajouter à la cause précédente. Elle n’est pas qu’une vue de l’esprit, car une révolte au Koweit ou en Arabie Saoudite, avec arrêt de l’approvisionnement, serait cauchemardesque pour toute l’économie mondiale. Il faut nous souvenir que l’économie n’est pas une science exacte et que tous les hommes qui la pratiquent sont soumis à des tensions et/ou des émotions qui influent sur leurs décisions.

Alors en troisième raison, la spéculation ? Juste une question: lorsque vous jouez au tiercé et que vous misez sur le cheval N° 6, cela va-t’il faire gagner ce cheval précisément ? NON. Les négociants en produits pétroliers achètent et revendent un pétrole en cherchant a gagner sur le différentiel de prix. Les spéculateurs des “hedge funds” font la même chose, en plus vite, avec un pétrole virtuel. Les uns comme les autres n’ont pas le moyen de modifier l’évolution des cours, ils ne peuvent qu’anticiper et faire de la prévision pour les plus raisonnables ou des paris (comme vous, avec le cheval N° 6) pour les plus aventureux. Ces derniers ont sans doute été surpris de voir le cours d’aujourd’hui reculer brutalement de 3 points parce que la Chine présente un déficit de sa balance commerciale.

Les seules conditions pour que les “spéculateurs” puissent maîtriser l’évolution des cours et en retirer un bénéfice sont celles qui permettent de verrouiller un marché, soit au niveau de la production, soit au niveau du stockage, soit au niveau de la distribution. Ce n’est pas le cas pour le pétrole dans aucun de ces trois secteurs !

La spéculation ne crée pas la variabilité des coûts. Flottant dessus, elle ne peut que l’amplifier. Si l’on doit agir sur quelque chose, ce n’est pas sur les spéculateurs (quand bien même faut-il condamner l’avidité de certains !!), mais sur les causes profondes, à savoir soit la production si elle s’avère insuffisante, soit la consommation si elle se révèle excessive, ce qui est le cas du pétrole.

Alors le riz ?

De lui également, on a déjà parlé ici| (Main-basse-sur-le-riz-des-questions). Dans une rubrique éco du Monde en date du 7 mars dernier, Alain Faujas (Risotto politique) stigmatise quelque peu le Vietnam ou la Thaïlande, en les accusant de bloquer les exportations de riz et en favorisant une remontée “artificielle” des coûts. Spéculateurs, dit-il …, qui porteront la responsabilité de prochaines famines en Afrique, région où la production est insuffisante par rapport à la demande.

En première observation, il semble faux d’affirmer qu’il n’existe aucune menace de pénurie dans les pays du Sud-Est Asiatique. Les stocks ne justifient pas tout et « la consommation mondiale de riz progresse beaucoup plus vite que la production » (http://jpboris.wordpress.com/2011/01/27/matieres-premieres-sarkozy-sillusionne/).

En seconde observation, et là nous rejoignons notre thématique du jour, au lieu de nous attaquer à ceux qui sont appelés des spéculateurs et qui ne font souvent que protéger leurs populations et ses ressources alimentaires à long terme, nous devrions nous occuper des causes profondes et favoriser une politique de suffisance alimentaire en Afrique.Et peut-être aussi dans l’immédiat une politique de stockage de céréales pour les pays de l’Ouest africain.

Un challenge pour l’Europe et pour la France dans le cadre de la redéfinition de sa politique africaine ?

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Ecologie

Mon ancienne voiture

Renault m’a fait récemment parvenir une publicité, illustrée d’une crème anti-âge, me précisant qu’il y a plus efficace pour rajeunir mon ancienne voiture. Bravo à Renault qui suit parfaitement ses clients et sait leur rappeler que leur voiture vieillit, quand bien même la mienne n’a pas encore 5 ans !!

La méthode de rajeunissement proposée est ni plus ni moins celle de l’achat d’un nouveau véhicule. La prime à la casse laisse des traces. Selon le Ministère de l’Industrie, au 14 décembre 2010 ce sont 563434 véhicules qui ont été retirés du circuit en 2010 pour être conduits à la ferraille. Tous véhicules âgés, mais pas tous véhicules hors d’usage. Aucune réflexion n’a été entreprise pour savoir si certains n’auraient pas pu être recyclés auprès de jeunes, ou auprès d’associations, après expertise bien entendu. Mais tous ont été détruits au motif de la lutte contre la production de CO2.

Cet objectif au moins a t-il été atteint ? Pas si sur !

TerraEco (http://www.terra-economica.info/La-prime-a-la-casse-est-elle,8571.html) s’est livré à un petit calcul rapide et sommaire qui prouve le contraire.

En 2009, la moyenne CO2 par kilomètre parcouru sur le parc automobile français tous âges confondus était de 176 g/km.

Après le retrait des véhicules concernés par la prime à la casse et leur remplacement, cette moyenne est tombée à 169 g/km en 2010. Soit sur la base de 12798 km parcourus en moyenne par chacun des 37,5 millions de véhicules français (UN pour DEUX habitants), la production de CO2 a été abaissée de 3,3 millions de tonnes en un an.

Or, dans le même temps, chaque voiture détruite a été remplacée par un véhicule neuf fabriqué sur l’une ou l’autre des chaînes de montage. TerraEco prend l’exemple d’une Laguna dont la fabrication est responsable de l’émission de 4,7 tonnes de CO2, un chiffre assez comparable quel que soit le type de véhicule. Ainsi donc les 563434 véhicules “échangés” dans le cadre de cette opération ont entraîné la production de 2,65 millions de tonnes de CO2.

Au total le bénéfice de l’opération n’est que de … 650 000 tonnes. Encore faut-il remarquer que ces calculs ne prennent pas en considération les coûts liés à la destruction des véhicules retirés de la circulation. Le bénéfice écologique de l’opération est donc quasi nul.

Certains vont se rassurer en disant que le nouveau véhicule va produire moins de CO2 pendant les quelques années de son existence et, donc, qu’à la longue, la balance sera moins négative. Oui, certainement, même si le gain restera à la marge.

Quant au bénéfice écologique personnel, prenons un automobiliste lambda qui a fait l’acquisition d’un nouveau véhicule qui produit 169 g au lieu de 176 g/km de CO2. Au cours d’une année (12798 km !), il économisera 90 000 grammes de CO2 ! Pour compenser les 4,7 tonnes liées à l’achat de son nouveau véhicule, il devra rouler avec son nouveau véhicule pendant … 52 ans. TerraEco a pris l’exemple d’une Twingo plus économe et le temps de conduite nécessaire n’est que de … 28 années.

Moralité: il y a encore beaucoup à faire pour réduire l’impact écologique de la voiture. Et ce ne sont pas les opérations de prime à la casse ou de prime de rajeunissement qui peuvent y contribuer. Ces opérations n’ont qu’un seul objectif; celui de maintenir en vie tout un secteur économique majeur dans notre pays comme dans tous les pays industrialisés. Ce secteur ne concernent pas seulement les fabricants d’automobiles ou d’accessoires, mais aussi le circuit des concessionnaires, des garages, des carrossiers, des additifs, des carburants, de la publicité, des routes, autoroutes et rond-points, et j’en oublie certainement.

2012 verra probablement apparaître les premières voitures électriques de qualité et de compétences (autonomie) suffisantes pour en faire de vrais véhicules. Connaît-on aujourd’hui le coût écologique de fabrication d’un tel véhicule et de ses batteries ? Connaît-on le cout écologique de la recharge de celles-ci et de son traitement en fin de vie ?

Renault (encore lui) fait de la Zoé (http://news.autoplus.fr/news/1437514/Genève-2011-présentation-stand-Renault-ZOE-PREVIEW) un vrai cheval de bataille. Mais toute la stratégie en reste encore et toujours à la voiture individuelle toujours et partout. Chaque année, le coût unitaire d’un ticket de train augmente, alors qu’il devrait diminuer, seule solution pour transférer des usagers vers ce moyen de transport collectif. Les parcs de stationnement à l’entrée des villes devraient être obligatoires et reliés au centre de la cité par un réseau dense et permanent de véhicules de transport en commun, sortes de taxis électriques gratuits. Il ne s’agit pas de supprimer la voiture individuelle, mais de ne lui laisser le champ libre que dans un domaine restreint dont la ville sera nécessairement exclue. Et pour cela, il faut faire évoluer (formation, conversion) tous les secteurs économiques précédemment cités. Une lourde charge …

Zoé Renault (DR)

Tout un changement de mentalité et de comportement.

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Culture numérique

Démocratie et réseaux sociaux

“Accélérateur de citoyenneté”, c’est ainsi que sont qualifiés les réseaux sociaux d’Internet (Facebook, Twitter …) dans la dernière livraison de Télérama. D’autres journalistes ou commentateurs n’hésitent pas à les qualifier de moyens de la démocratie naissante dans les pays du Proche ou du Moyen-Orient. Or, rien n’est plus faux et dangereux que d’entretenir une pareille illusion.

Nous passerons, sans nous y arrêter outre mesure, sur le fait que les mêmes qui encensent aujourd’hui ces réseaux sociaux en les gratifiant de vertus qu’ils n’ont pas, sont ceux qui hier les dénonçaient comme des structures ultra-libérales, mondialisées et attentatoires aux libertés individuelles, voire incitatrices au suicide des adolescents.

Facebook et consorts ne sont ni l’un, ni l’autre. Ils sont des médias au même titre qu’en leur temps la presse et ses dazibaos, les tracts, les taguages de slogans de mai 1968 … Ils sont des outils de diffusion de masse des analyses, des informations, des mots d’ordre et des consignes. La seule différence (et elle est de taille) se trouve dans la vitesse de contact entre tous les destinataires, aussi bien à l’émission de la consigne qu’au retour de celle-ci par l’expression de ses conséquences et de ses résultats. Elle est également dans le nombre potentiellement illimité des contacts.

Coupure de l’Internet en Egypte, le 27/01/2011 (DR)

Mais tout ceci n’en fait pas un outil démocratique ou un “accélérateur de citoyenneté”. Le ‘Tea Party” aux USA, ou les “apéros-saucisson” en France prouvent, s’il en est besoin, que l’outil peut être utilisé pour les mots d’ordre et les actions les plus réactionnaires.

Dans le Maghreb, au Proche-Orient, au Moyen-Orient, les utilisateurs d’Internet et donc des réseaux sociaux se recrutent en priorité parmi les jeunes, et avant tout parmi les jeunes qui ont fait des études et qui ont un peu de revenus par l’emploi ou leur appartenance à une classe moyenne. Ce sont eux qui ont initié en Tunisie et en Egypte les révoltes que nous venons de vivre. La motivation profonde de leur mouvement est à rechercher dans une volonté d’accéder à la liberté de se déplacer et de voyager, la liberté d’entreprendre, la liberté de penser, la liberté de lire et de s’exprimer, la liberté de réussir, toutes libertés que l’Occident étale jour et nuit sur … l’Internet. Ce sont eux, d’ailleurs, qui, sans attendre des jours meilleurs, profitent d’une certaine désorganisation pour venir en Europe chercher ces libertés. Ces révoltes sont le fruit de la mondialisation des idées, du commerce, de la circulation des hommes et des biens.

Dans ce contexte, il est explicable que l’Internet joue un rôle d’intermédiaire médiatique primordial. Mais prenons garde cependant que les forces conservatrices ne sachent pas un jour s’en servir pour diffuser leurs messages. Si elles ne le font pas actuellement, c’est uniquement parce qu’elles recrutent leur clientèle dans des couches populaires, peu éduquées (souvent analphabètes) de la population. Dans les pays arabes et/ou musulmans, mais aussi en Europe où l’Internet devient très largement répandu, il n’est aucune raison de penser que les xénophobes de tout poil, les droites conservatrices opposées à l’immigration et à l’islamisation de notre société, ne soient pas capables d’utiliser l’outil. Il ne suffit que de trouver le ou les tribuns capables de théoriser un mouvement bien organisé et de le mettre en musique … de le mettre en ligne. Les signes de fragilité en ce sens ne manquent pas:

  • Le Monde vient récemment de mettre en évidence la prégnance du mot “juif” dans les requêtes Google émises en France.
  • Les théories du complot sont légion sur l’internet et nombreux sont les “groupes” qui les reprennent et les diffusent.
  • Et même les lecteurs-abonnés du Monde.fr donnent parfois une image qui fait honte d’appartenir à cette communauté. Ainsi quand ceux-ci considèrent majoritairement (dans leurs commentaires) que les Tunisiens qui arrivent en Italie sont des nervis de Ben Ali qui fuient leur pays. Ou lorsqu’ils pensent que la journaliste américaine agressée (coupable faiblesse des mâles égyptiens) dans une manifestation égyptienne (manifestation d’exubérance après le départ de Moubarak) l’a bien cherché à cause de sa tenue !