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Palmier à huile: le retour

L’huile de palme a été le sujet de l’un des posts de ce blog, voici près d’un an (Sacs-poubelle,-centres-d-appel-et-huile-de-palme). A contre-courant d’une campagne visant à boycotter ce produit, campagne largement orchestrée par des seniors de la grande distribution à la recherche d’un nouveau thème de  »greenwashing », nous avions défendu l’huile de palme en mettant en avant deux notions importantes.
La première consiste à affirmer que l’huile de palme ne peut pas être accusée d’être néfaste en termes alimentaires: elle contient moins d’acides gras saturés que le beurre ou d’autres graisses animales. Condamner l’huile de palme pour des motifs alimentaires devrait être précédé d’une condamnation de ces produits animaux largement consommés dans notre pays.
Quant à la second, elle vise à assimiler la dénonciation de la culture du palmier à huile à une action notoirement contre-productive en ce qui concerne le développement des pays producteurs. Le palmier à huile et, en effet, une vieille culture de vieille tradition dans les pays asiatiques et africains. Il est cependant indéniable que son développement parfois anarchique et au détriment de la forêt ou de cultures vivrières reste à maîtriser.

Un livre a été récemment édité, qui reprend un peu ces arguments, avec bien d’autres.

(DR)

Les auteurs en sont Alain RIVAL et Patrice LEVANG et leur ouvrage s’intitule « La palme des controverses », aux Editions Quae.
Alain RIVAL n’est pas un nouveau dans ce débat relatif à l’huile de palme. Agronome, chercheur spécialisé dans la culture de cette plante, il défend depuis des années (et bien avant la campagne de boycottage dite « Nutella ») l’huile de palme comme étant un produit dont le « développement durable » peut et doit être favorisé. Depuis 2010 des tentatives ont été mises en œuvre: elles doivent être repensées, restructurées, mais nullement abandonnées.
Patrice LEVANG, agronome et économiste (agroéconomiste) tient le même langage et assure qu’un développement maîtrisé de cette culture, dans des conditions sociales et environnementales précises et respectées, accompagné de transformation sur place, doit permettre l’éradication, au moins en partie, de la pauvreté en Afrique.

Nous ajouterons, comme nous l’avions fait voici près d’un an, que le type de critiques énoncées à l’égard de la culture du palmier à huile est non seulement erronée, mais aussi inefficace ! Songeons que la consommation d’huile de palme dans notre alimentation représente 130000 tonnes sur les … 50 millions de tonnes produites annuellement: 0,3 % ! Malheureusement, si toutes ces critiques restent improductives, elles ont le désavantage de donner de notre pays une image de donneur de leçons, une image « impérialiste », « néocolonialiste » dont nous pourrions bien nous passer.
Pour connaître le point de vue de Alain Rival: cet entretien (http://www.agrobiosciences.org/IMG/pdf/Entretien_Alain_Rival_Huile_de_palme.pdf) publié en novembre 2012.

Afrique – Huile de palme (DR)
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Plus on est riche, plus on est heureux

Tel est, du moins pour deux chercheurs de l’Université de Rotterdam, la conclusion d’une vaste enquête internationale (67 pays) conduite à partir des données d’une « banque du bonheur ».
L’Institut IZA (Allemagne) parvient à la même conclusion à l’issue des travaux de chercheurs américains. Plus le revenu par tête est élevé, plus le niveau de satisfaction individuelle est élevé. Il augment proportionnellement à l’élévation du PIB.
Ces informations exceptionnelles ne datent pas d’aujourd’hui, mais du 26 février 2013 (c’est loin tout ça !) et elles ont été recueillies dans un billet de Marie de Vergès, dans Le Monde. Celle-ci conclut son article en affirmant qu’avant de parler bonheur, le devoir des gouvernements est donc de parler de croissance. Et, mieux encore, de la favoriser …, la croissance !
Faire un si long détour par des enquêtes sans grand intérêt, pour se contenter d’affirmer que la croissance est indispensable au bonheur des humains, est un bien curieux raisonnement, c’est un peu enfoncer des portes ouvertes.
En effet, les tenants de la croissance à tout prix le savent parfaitement; toute notre société est basée sur ce réflexe d’insatisfaction générale qui n’est comblé que par l’acquisition de nouveaux biens, donc l’augmentation des revenus. Et les partisans de la décroissance le savent tout aussi bien puisque c’est la société qu’il dénoncent afin de la remplacer par une société plus frugale et plus partageuse.

Les premiers ne changent rien, ou pas grand-chose, au système de croissance-consommation qui prévaut actuellement. Ils ferment les yeux sur la diminution des ressources naturelles, sur les difficultés écologiques de notre planète, sur le réchauffement de celle-ci … Il faut croître ? Eh bien, croissons !
Les seconds prônent un ralentissement de l’activité économique, une relocalisation des productions de tous ordres, une éco-conception des produits, mais sont bien incapables d’expliquer comment appliquer ces belles résolutions dans des pays ou continents qui n’ont pas encore (et de loin …) adopté le style de vie occidental et qui en ont faim.

Un homme a réalisé une vaste synthèse de cette question « croissance-décroissance » en 2011 (2012 pour la traduction française). Il s’agit de Jeremy Rifkin et de « La troisième révolution industrielle« . L’homme n’est pas un inconnu et il parcourt la planète pour propager ses idées, avec, parfois, il est vrai, un certain succès.

(C)


Rappelons tout d’abord ce que sont les trois révolutions industrielles.
La première révolution industrielle est celle de la vapeur, du charbon, du chemin de fer, de l’imprimerie, plus exactement de l’information imprimée sur les journaux et gazettes. En effet, Jeremy Rifkin, et c’est nouveau, s’attache à définir un lien organique entre une technologie de communication et une source d’énergie. Cette première révolution industrielle a pris naissance au Royaume-Uni et s’est développée entre 1750 et 1850.
La seconde révolution industrielle est, pour Jeremy Rifkin, celle du pétrole et du téléphone. C’est également celle du tout-à-l’égout, de l’eau potable et de l’électricité à domicile, du moteur à explosion, des produits chimiques, de la naissance des loisirs. La croissance de la productivité pendant cette seconde révolution a été phénoménale.
Tous les économistes (ou presque) s’accordent à reconnaître que nous sommes entrés ou que nous entrons dans la troisième révolution industrielle. Le moteur de celle-ci serait, et ceci est globalement acquis, le développement de la société de communication, la multiplication des centres de stockage de données, la dématérialisation de celles-ci (le cloud), la vitesse de circulation de l’information d’un point à l’autre et en tous points de la planète. Mais il manque une caractéristique à cette définition de la troisième révolution, une caractéristique qui en soit le vecteur d’un nouvel accroissement de productivité, une caractéristique qui aurait un lien organique avec le caractère informatique de la société. Cette caractéristique, ce sont les énergies renouvelables !

Jeremy Rifkin entreprend alors la description de la société de la troisième révolution industrielle, une société extrêmement décentralisée où chacun serait, à la fois, consommateur et producteur d’énergie.
Cette société repose sur cinq piliers.

  • 1°) Le passage aux énergies renouvelables; solaire, éolienne, géothermique, marémotrice, hydraulique, biomasse … sans que soient privilégiées les installations puissantes et hyper-concentrées. Au contraire, une multiplication de millions de centres de production d’énergie, ce qui nous amène au second pilier.
  • 2°) La transformation du parc immobilier de tous les continents en micro-centrales énergétiques (éolien, solaire, …). Rien que pour l’Europe des 27, Jeremy Rifkin estime qu’il y a … … 190 millions d’immeubles, bâtiments administratifs, industriels ou commerciaux, résidences ou zones pavillonnaires qui peuvent devenir des mini-centrales électriques: le soleil sur le toit, le vent sur les murs, les ordures qui sortent de la maison, la chaleur du sous-sol sous les fondations … tout est prétexte à production d’énergie.
  • 3°) Le déploiement de la technologie de l’hydrogène et d’autres techniques de stockage sur l’ensemble de l’infrastructure, afin de stocker les énergies intermittentes. Car, en effet, le soleil ne brille pas tout le temps, le vent ne souffle pas tous les jours, et pendant ces journées de disette nous avons autant besoin d’énergie. Il faut donc avoir de l’énergie en réserve. Malheureusement, l’énergie électrique se stocke très mal (batteries). Le choix de l’hydrogène comme vecteur de stockage n’est pas vraiment nouveau. Romano Prodi, dans une conférence prononcée le 16juin 2003, disait « Nous affirmons clairement ce qui rend le programme européen sur l’hydrogène réellement visionnaire. Notre objectif est de passer graduellement à une économie de l’hydrogène totalement intégrée et fondée sur les sources d’énergies renouvelables d’ici le milieu du siècle ». Si l’on ne prend que le cas de l’Europe, comment distribuer dans tout le continent l’énergie produite par des millions de bâtiments ? Le quatrième pilier y répond.
  • 4°) L’utilisation de la technologie de l’Internet pour transformer les réseaux électriques de tous les continents en inter-réseaux, comme en un vaste réseau multi-nodal mondial. La technologie informatique et les compteurs intelligents sont parfaitement capables de gérer ce réseau. Vous avez des besoins en raison du froid, d’un surcroît d’activité ? Tel un Internet électrique, le réseau transporte l’énergie depuis les zones qui sont en stockage excédentaire parce qu’il fait nuit et que le temps est clément. A l’inverse, votre électricité excédentaire parce qu’il fait grand vent est revendue au réseau et va servir une région de calme plat et de brumes froides. Mais la production électrique ne s’arrête pas là, voyez le cinquième pilier.
  • 5°) Le changement de moyens de transport, en choisissant des véhicules électriques branchables ou à pile à combustible, capables d’acheter et de … vendre de l’électricité sur le réseau mondial. Il s’agit de véhicules à énergie électrique et munis d’une pile à hydrogène. Sans énergie, ils se rechargent sur des bornes qui équiperont routes, autoroutes, collectivités et particuliers. En roulant, ils produisent de l’électricité qui est stockée sous forme d’hydrogène. Et, à l’arrêt, ce qui représente la majorité du temps, ils sont branchés sur le réseau pour distribuer leur électricité excédentaire et ne conserver que le strict nécessaire pour repartir.

    Un rêve, une fiction, une utopie, une folie ?
    Nul ne saurait le dire avec certitude. Ce qui est vrai, c’est que ce schéma est techniquement réaliste et réalisable. Ce qui est vrai, c’est que les chercheurs et les premières entreprises pilotes travaillent en ce sens. Ce qui est vrai, c’est que les cinq piliers de cette nouvelle révolution industrielle sont adoptables par tous les continents, tous les pays, y compris les plus pauvres et les plus déshérités de notre planète. Ce qui est vrai, c’est que ce développement industriel sera créateur de centaines de milliers d’emplois. L’auteur donne des chiffres, mais gardons-nous de les prendre pour vérité absolue. Ce qui est vrai, enfin, c’est que cette perspective de troisième révolution industrielle met à mal toutes les théories de décroissance volontaire ou subie. De plus, en respectant les objectifs d’une société décarbonée.

    La suite du livre est beaucoup moins plaisante. Jeremy Rifkin développe ses idées sur ce que pourrait être la civilisation de la troisième révolution industrielle. Le fait que la production d’énergie soit extrêmement décentralisée suscitera la naissance d’une société dans laquelle les états se regrouperont par intérêts continentaux, où les relations hiérarchiques se feront latéralement et non plus verticalement, où la propriété s’effacera au bénéfice des services collectifs, où l’enseignement sera « latéral »et partage d’expériences, où l’homme retrouvera ses liens originels avec les animaux et la nature, où le travail lui-même disparaîtra pour que ne subsiste que le travail social et gratuit … bref, « c’est seulement quand nous commencerons à penser en famille étendue mondiale – famille qui ne comprend pas seulement notre propre espèce, mais aussi tous nos compagnons de voyage dans cet habitat évolutionniste qu’est la Terre – que nous serons capables de sauver notre communauté biosphérique et de régénérer la planète pour nos descendants ».
    Rien n’oblige à souscrire à cette profession de foi au sens littéral du terme. Commençons déjà par mettre en place les cinq piliers de l’autonomie énergétique et nous verrons bien comment évolue notre monde.

    Dans notre région, en Rhône-Alpes, près de Grenoble et son pôle scientifique, il existe des entreprises dont l’activité s’inscrit résolument dans ce schéma. Citons McPhy Energy (http://www.mcphy.com/fr/), dont l’objet est entièrement orienté vers le stockage de l’hydrogène solide (hydrures métalliques), citons SymbioFCell (http://www.symbiofcell.com/), qui s’est donné pour objectif d’équiper les véhicules de piles à combustibles de façon à accroître leur autonomie électrique. L’un d’entre eux, la Green GT H2, participera aux prochaines 24 Heures du Mans.
Green GGT H² (C)

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Les Suisses et le retour au pays d’Heidi

La Suisse est un pays dont la démocratie se vit sans complexes ! On se souvient de l' »initiative » contre les mosquées et leurs minarets lancée par l’UDC où celle portant sur l’expulsion des étrangers condamnés. D’aucuns avaient pu juger que le succès de ces initiative était prémonitoire d’un climat et d’une ambiance qui ne manqueraient pas de se développer en Europe, Europe occidentale à minima. La même UDC a lancé une nouvelle « initiative » voici quelques mois, contre « l’immigration en masse ». Et voici qu’une nouvelle « initiative » est proposée par ECOPOP (http://www.ecopop.ch/joomla15/index.php?option=com_content&view=article&id=337&Itemid=17&lang=fr). Une « initiative » est l’aboutissement d’une démarche pétitionnaire de demande de référendum. Cette dernière porte sur la limitation de la population de la Suisse dans le but de préserver de façon durable les ressources naturelles. Ecopop revendique que la « croissance dramatique de la population mondiale soit réduite par un soutien au planning familial et que l’immigration nette en Suisse soit limitée ».
Sur le premier point, 10% des moyens que la Suisse consacre à la coopération internationale devront être consacrés à la planification familiale, ceci dans les pays jugés les plus surpeuplés, en Afrique ou en Asie.
Sur le second point, la part de l’accroissement de la population résidente en Suisse de façon permanente, et attribuable au solde migratoire ne devra pas excéder 0,2% par an, chiffre moyen calculé sur une période de trois ans.
Cette initiative référendaire fait déjà l’objet d’un vaste débat en Suisse, quand bien même elle est restée largement inaperçue depuis plusieurs mois. Le dépôt des signatures a réveillé les commentaires. Tout d’abord, cette démarche est lancée par une vieille association écolo (1970), certes globalement de droite mais rassemblant quelques personnalités de l’ultra-gauche. Elle surprend par sa radicalité, pourtant inscrite dans les gènes de l’association. Les Verts authentiques de Suisse se divisent et se déchirent à son propos, les uns la soutenant, les autres l’exécrant. L’objectif déclaré est celui de la conservation des ressources naturelles et du maintien de la qualité de la vie pour les Suisses d’aujourd’hui et ceux de demain. Aux facteurs classiques de consommation individuelle et de choix technologiques (énergies fossiles, nucléaires ou alternatives), Ecopop ajoute le nombre d’individus qu’elle estime trop élevé en Suisse.
Le but poursuivi n’est donc pas tant la protection de la nature, comme certains l’affirment trop vite, mais de préserver les ressources pour l’avenir. Les militants d’Ecopop veulent lutter contre la « bétonisation », soulager les services de transport, protéger le paysage culturel …
L’autre sujet de discussion porte, comme on peut s’y attendre, sur l’immigration puisque le taux de renouvellement de la population suisse d’origine endogène n’est que de 1,5, très loin du taux de 2,1 nécessaire au maintien des populations à niveau constant. L’augmentation de la population provient de l’immigration et des enfants des immigrants.

Mais qui sont les immigrants ? D’où viennent-ils ? Combien sont-ils ?
La Suisse comporte près de 8 millions d’habitants (7954700 au dernier chiffrage à fin 2011!), avec un accroissement de 84500 personnes par rapport à 2010,soit une croissance de 1,1 % comparable à celle de 2007 ou 2009.
A fin août 2012, la population d’origine étrangère et résidant en Suisse était de 1804551 personnes (admirez la précision des chiffres !), soit 22,7 % de la population totale.
Parmi eux, 1176587 personnes (soit 65 %) étaient en provenance de l’Union Européenne (27 Etats membres) et de l’Association Européenne de Libre Echange (AELE; Islande, Norvège, Liechtenstein). Ces immigrés en provenance de l’UE/AELE ont augmenté de 4,2 % par rapport à l’année précédente, soit + 46949 personnes.

Les autres immigrés, donc en provenance de pays autres que ceux de l’UE/AELE, et qui représentaient 35 % du total des immigrés, étaient au nombre de 627964 personnes, en augmentation de 1 %, soit + 6301 personnes.

Les immigrants résidents se ventilent ainsi: italiens (16,2 %), allemands (15,6 %), portugais (13 %), français (5,6 %), kosovars, macédoniens, turcs (quelques 3,9 % pour chacun).
Il est à noter que les asiatiques au sens large de toute l’Asie, ne représentent que 5 % des migrants, les africains, Maghreb compris, 3,5 % et l’Amérique du Sud + Centrale 2,7 %.
Les immigrés de la Suisse ne sont donc pas les immigrés d’autres pays d’Europe et le débat Nord-Sud ne saurait y avoir une prégnance aussi importante qu’en France, par exemple. Notons cependant au passage que la Suisse naturalise de 37000 à 47000 personnes d’origine étrangère par an, depuis dix ans !
Alors si une telle « initiative » se traduit par un référendum, et que celui-ci est approuvé par une majorité, que se passera-t-il ?
La population suisse s’accroît de +80000 personnes par an. Réduire ce nombre à 15000 par an entraverait de façon dramatique la capacité de développement économique du pays, ainsi que les moyens des services tels les hôpitaux ou le système scolaire. En effet, les migrants essentiellement européens sont des migrants hautement qualifiés, en bonne santé, qui assurent la viabilité de tout le système social suisse marqué par un vieillissement de la population autochtone. Sans parler des impôts !
Vouloir réduire la population, à des fins écologiques, en agissant sur les migrations est absurde. Les migrants rejetés iront ailleurs et consommeront ailleurs. Qu’on le dise franchement; il ne s’agit ici que de défendre égoïstement SON environnement. Les militants de la limitation de l’immigration invoquent l’exemple français où la « grande banlieue est synonyme d’acculturation, de pauvreté et de violence ». Qu’ils se rassurent: la majorité de leurs migrants ne vivent pas en grande banlieue !
Mais là où l’initiative Ecopop devient franchement xénophobe, c’est là où elle prétend imposer à la Suisse de consacrer ses fonds à la limitation des naissances dans les pays pauvres.

On rejoint les tendances de fond de l’écologie radicale, celles de la décroissance, de la relocalisation, du refus des échanges (avion, tourisme, migrations …). A n’en pas douter, les deux « initiatives » (UDC contre l’immigration de masse et Ecopop Halte à la surpopulation), quand elles seront soumises à votation, seront des pièces maîtresses du débat sur la croissance et la démographie. La Suisse va t-elle rehausser ses montagnes de quelques rangs de moellons et se replier encore davantage sur elle-même pour revenir au pays d’Heidi ?
La Suisse va t-elle encore nous donner un signal précurseur de ce qui va se passer en Europe ?

(DR)Save the Planet


Toutes les statistiques suisses en matière d’immigration sont ici (http://www.bfm.admin.ch/bfm/fr/home.html).
Un site pour une réflexion approfondie ici (http://www.alliancesud.ch/fr/documentation/projets/la-jeunesse-debat/ecopop).

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Moins d’hommes sur terre, ou moins d’humanité ?

C’est en juin dernier qu’une troupe de scientifiques a publié un article dans Nature (http://www.nature.com/nature/journal/v486/n7401/full/nature11018.html) selon lequel les déséquilibres environnementaux entraineraient une perte de la biodiversité telle qu’en 2100 nous assisterions à un « effondrement » des écosystèmes.
A vrai dire, la prédiction n’est pas nouvelle. L' »effondrement » dont ils parlent est pronostiqué depuis 1968 par le « Rapport du Club de Rome », plus exactement le « Rapport Meadows » (MIT).
Ce n’est donc pas le contenu de cette thèse qui interpelle. Ce sont surtout les réactions et les commentaires qu’elle a suscités.

Tout au long de l’été, les réactions n’ont pas manqué face à la prise de position des chercheurs. Le blog Eco(lo) (http://ecologie.blog.lemonde.fr/2012/07/27/la-fin-de-la-planete-en-2100/) d’Audrey Garric, Biosphère, France 2 à propos des couples qui ne veulent pas faire d’enfants, …
Caroline Fourest, le 29 juin, a pris argument de la Conférence Rio +20 et de l’absence du droit à se reproduire pour les femmes dans les orientations de ce Forum pour formuler un vigoureux plaidoyer en faveur de la régulation mondiale de la population. Dans un post intitulé « Croissez et polluez » (http://carolinefourest.wordpress.com/2012/07/05/croissez-et-polluez/), après avoir stigmatisé l’attitude de l’Eglise et, plus paradoxalement, celle de l’Egypte, elle en conclut que « l’absence de choix de procréation pour les femmes entraîne un monde toujours plus peuplé, plus pollué, plus inégalitaire et plus injuste ».

Deux types de réactions. La race humaine est trop importante en nombre, ce qui est la cause de la désastreuse évolution de la planète. A cela deux remèdes: soit réduire drastiquement la population mondiale par une régulation volontaire (et volontariste) des naissances, soit faire en sorte que l’humanité disparaisse pour de bon !

Réduire les naissances ? Nous sommes aujourd’hui plus de 7 milliards d’humains sur cette terre. Serons-nous 9 milliards en 2050 ? Ou davantage ? La croissance est essentiellement due à l’évolution démographique des pays pauvres, ceux qui ont déjà des difficultés alimentaires. Les pays occidentaux entrent globalement dans une phase de baisse démographique. En Europe, c’est le cas de l’Allemagne, de l’Italie ..
A l’inverse, en Afrique, au Burkina, Burundi, Congo (les 2), Guinée, Liberia, Mali, Niger, Ouganda … les populations devraient tripler d’ici à 2050.
La réponse à la surpopulation mondiale (s’il y a surpopulation !) n’est pas occidentale et les couples qui refusent de faire des enfants n’apportent aucune solution au problème. Leur attitude est strictement individuelle, elle n’est même pas messianique.
Et si limitation des naissances il doit y avoir, ce ne peut être qu’en Afrique, en Asie (Inde). La Chine, pour sa part, a fait l’effort substantiel de la politique de l’enfant unique. Elle va chèrement le payer par un vieillissement de sa population. Actuellement des assouplissements ont été introduits, d’autres le seront.
D’après l’ONU, si l’on veut parvenir au chiffre de 9 milliards d’hommes dans 40 ans, il faut faire davantage que se limiter au strict renouvellement des populations. Il faudrait réduire le taux de fécondité à un niveau inférieur au seuil de remplacement, avant d’y revenir dans un siècle !
Parler de ceci en Europe, en Occident, à l’ONU, c’est s’engager sur des chemins douloureux. Des chemins marqués par des croyances, des cultures, parfois même la simple volonté de faire assez d’enfants pour en garder quelques uns tant le taux de mortalité infantile est élevé. Des chemins marqués par des idéologies, des religions (http://www.libertepolitique.com/L-information/Decryptage/Rio-20-victoire-du-Saint-Siege-contre-l-imperialisme-reproductif). on peut le regretter, mais c’est un fait qu’il existe dans certaines régions une forte opposition au contrôle des naissances. Il existe également de mauvaises expériences, faites de stérilisations forcées, d’avortements imposés. Il existe enfin un rejet du discours « colonialiste » venu d’Occident: ce sont les « blancs » qui demandent aux peuples en développement de faire moins d’enfants. En termes brutaux: « de quoi se mêlent-ils ? »

Résoudre nos problèmes d’énergie, de développement, d’écologie, de maintien des écosystèmes par une réduction de la population mondiale est une idée simpliste. Au niveau de vie des africains, la terre peut abriter bien davantage que 9 milliards d’individus ! Le vrai problème, c’est que sur les 7 milliards actuels, il en est 1 milliard qui vit dans les pays riches et qui a un impact supérieur à celui des 6 autres milliards réunis !
Plutôt que de ne pas faire d’enfant, il serait plus juste de réduire sa consommation énergétique, réduire son impact sur l’environnement ET aider les pays du sud à croître plus harmonieusement.
En Afrique, ne pas se satisfaire du seul planning familial, mais inciter à la création de nouvelles règles de vie. Christian Troubé (reporter spécialisé dans les questions Nord-Sud) le résume ainsi: « En soi, la décroissance démographique ne produit pas mécaniquement de la croissance économique. Elle doit se nourrir d’écoles, d’hôpitaux, d’emplois et de parité entre les hommes et les femmes ».

(C)PRB


Le second réflexe face aux prévisions du collectif des chercheurs qui anticipent l’effondrement des écosystèmes pour 2100 est celui d’une haine envers l’humanité. Il y avait déjà le célèbre « l’humanité va disparaître: bon débarras » d’Yves Paccalet. Il y a maintenant des gens qui « envisagent' », qui « souhaitent » cette disparition, accusant l’homme d’être responsable des dysfonctionnements de la planète: « La seule chose que je souhaite personnellement, c’est que l’humanité disparaisse rapidement » (lu dans un blog).
Quelle est la finalité de tels propos ? Quelle peut en être la justification « philosophique » ? Quel but est poursuivi en voulant placer la planète sous un statut de Parc Naturel dans lequel les espèces, hors l’homme, évolueraient selon leurs « libres » déterminismes ? Quel chaos en perspective ! Quel en est l’intérêt puisque personne ne sera là pour le voir ?
L’homme ne fait-il partie intégrante de la planète ? Et de tous les bio-systèmes ? Certes, il est le seul animal a avoir conquis l’ensemble de la terre (et un peu davantage !), le seul à utiliser (abusivement) ses ressources vivantes et ses ressources fossiles, le seul à dominer toutes les autres espèces. Mais l’homme est aussi l’humain, celui qui est seul à disposer de l’intelligence « au carré », à la « puissance 2 »: il sait qu’il sait ! Grâce et à cause de cette intelligence, il est actuellement le seul espoir de la planète.
Ce n’est sans doute pas pour demain, ni pour après-demain, l’humanité traversera bien des crises, mais son intelligence l’aidera à les surmonter, à les transcender .. ou à survivre.

Alors que les Dieux Noirs qui veulent « disparaître » le fassent. Mais qu’ils le fassent sans bruit. Et, en attendant, qu’ils se taisent.


En savoir davantage: Population Reference Bureau (http://www.prb.org/Publications/Datasheets/2012/world-population-data-sheet.aspx)