« Le Monde » daté de ce jour fait une double référence à des choix d’émigration que disent vouloir mettre en œuvre les jeunes du Portugal et de la Grèce.
Le dessin quotidien de Plantu, en première page, affirme que 7 jeunes grecs sur 10 pensent partir à l’étranger (sondage publié déjà en décembre 2010 (http://www.lefigaro.fr/international/2010/12/05/01003-20101205ARTFIG00249-sans-perspectives-les-jeunes-grecs-ne-songent-qu-a-partir.php). Et, à l’intérieur du quotidien, « A Lisbonne, les jeunes pensent à émigrer et critiquent les choix économiques passés ». Pour mémoire, cela est aussi le cas en Irlande.
Voilà donc des pays insérés depuis de nombreuses années dans la Communauté Européenne, qui font face à une crise économique d’une extrême gravité, et auxquels les remèdes préconisés et appliqués sont ceux de l’austérité, des économies budgétaires, de la réduction des salaires, pensions et avantages acquis, de la vente « par appartements » de tous les biens nationaux.
Leurs jeunes, formés et éduqués, mais sans travail, et/ou sans espoir pour l’avenir, ne voient d’autre solution que de partir, d’émigrer vers d’autres pays européens dont l’économie est présentée comme plus stable et plus riche d’espoir.
Nos gouvernements vont-ils encore réduire d’un cran ce que Schengen avait construit ?
Comment ne pas comprendre que les temps des frontières imperméables seront bientôt révolus. Et qu’Internet, Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux font de notre planète une communauté de plus en plus resserrée, uniforme et solidaire par la force des choses (même si les agitateurs politiques cherchent à prouver le contraire) ? Car ce que pourront peut-être obtenir les jeunes grecs ou les jeunes portugais (parce que la liberté de circulation existe encore), ce n’est pas autre chose que ce que réclament les jeunes maliens, les jeunes tunisiens ou les jeunes turcs: avoir un travail qui soit suffisamment rémunérateur et pouvoir accéder à un certain niveau de consommation. Avoir sa part du gigantesque étalage de biens que la société occidentale fait miroiter dans toutes ses vitrines.
Et il n’est aucune raison, aucune justification pour refuser à un grec, un portugais, un malien, un tunisien ou un turc, l’accès à ces biens tant convoités.
Cette nouvelle dimension de l’émigration-immigration devrait nous interroger et pousser nos hommes et femmes politiques à tracer de nouvelles frontières plutôt qu’à réactiver les barrières d’hier.