90% des besoins en eau (domestique, agriculture, industrie, tourisme, …) de l’Egypte proviennent du Nil (http://fr.wikipedia.org/wiki/Nil). On comprend mieux alors la stupeur et l’effarement des autorités égyptiennes lorsqu’elles ont appris que l’Ethiopie, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie dénonçaient un accord vieux comme le monde et qui concernait la répartition des eaux du fleuve. Le Kenya également a fait savoir qu’il pouvait rejoindre cette position.
Il existe un traité signé entre ces pays, le Soudan en plus, qui date de 1929, c’est à dire presque dans une autre histoire ! Ce traité a été amendé en 1959, mais les ratios de débit du fleuve accordés à l’Egypte et au Soudan sont restés inchangés, à savoir 55,5 milliards de m3 à l’Egypte et 18,5 milliards de m3 au Soudan. La somme de ces deux “concessions” représente 87% du débit du fleuve.De plus, un droit de veto est accordé à l’Egypte à l’encontre des travaux qui pourraient affecter le débit du Nil. L’attribution de ce droit de véto témoigne de l’esprit “inégalitaire” qui régnait lors des discussions: il n’est d’ailleurs pas un vain mot puisque Sadate avait proféré des menaces de bombardement de l’Ethiopie à propos d’un projet de canal d’irrigation.
Or, les pays d’amont réclament depuis plus d’une dizaine d’années la révision équitable de ce traité. Ils ont besoin d’eau pour leur irrigation et pour la construction de centrales hydroélectriques. Certaine de son bon droit et confiante dans le fait que les pays occidentaux ne s’engageront pas aux cotés des pays d’amont pour de grands travaux afin de ne pas lui déplaire, et quelque peu hautaine, l’Egypte fait la sourde oreille et préconise aux pays du sud qu’avant de revendiquer un nouveau partage des eaux, ils seraient bien avisés de faire un effort pour remédier aux pertes considérables d’eau du Nil liées à l’évaporation, aux pertes par infiltration ou par diffusion dans des marais.
Même si des efforts peuvent être réalisés, cela semble pourtant bien difficile de canaliser Nil Bleu et Nil Blanc, d’assécher des marais, de bétonner, étanchéifier et canaliser un fleuve. C’est n’avoir pour seul résultat que de contrarier la nature et de courir vers un désastre écologique.
Alors, il faudra bien arriver à s’entendre. Et si les pays du sud ont pris cette décision, c’est parce que les rapports internationaux sont en train de changer en Afrique et que la Chine, peut-être, pourrait aider ces pays à financer et réaliser leurs grands projets. Il faudra bien arriver à s’entendre et le plus tôt sera le mieux. Accessoirement, ce dossier est susceptible de réorienter quelque peu la politique de l’Egypte. Voilà un pays situé en Afrique, dont les racines profondes sont essentiellement africaines, mais qui tourne le dos à l’Afrique en voulant jouer un rôle majeur au Proche-Orient.
Cette histoire d’eau pourrait bien servir à l’Egypte, si elle modifie son comportement (http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2010/5/19/egypt2.htm), de renouveau à sa politique africaine.