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Pétrole

Collapse

Les vidéos conspirationnistes, les vidéos « fin du monde », les vidéos qui développent les thèses du complot, tout cela n’a qu’un intérêt très limité. Et pourtant, l’Internet et la blogosphère en sont remplis, cela déborde.

« Collapse » n’est pas tout à fait de cet ordre. L’homme interviewé, Michaël Ruppert, se veut un « lanceur d’alertes ». A vrai dire, il n’a aucune compétence particulière pour aborder les questions dont il parle. Il était policier (LAPD), quelque peu espion et son principal fait de guerre est d’avoir dénoncé des trafics de drogue initiés par la CIA, sans doute pour compromettre des personnalités et des hommes politiques à éliminer.

Mais Michaël Ruppert s’est passionné pour UN sujet, celui du peak oil et de ses conséquences. Il nous affirme que la production pétrolière est à son sommet et qu’elle ne fera que baisser et que RIEN ne viendra la remplacer avec la même efficacité et les mêmes capacités, même pas le soleil et le vent. Et que s’il y a complot, c’est que nos gouvernants le savent tous et que leur unique volonté est de le cacher à leurs populations. Car, la fin du pétrole et l’impossibilité de le remplacer, c’est la fin de notre civilisation, l’effondrement (collapse).

Non seulement, nous ne mettrons plus d’essence dans nos voitures, mais nous ne pourrons plus fabriquer de voitures, ni d’engrais, ni de peintures, ni de vernis, ni de matériaux de construction, ni de … brosses à dents !

Nous sommes entrés dans la période d’effondrement de notre civilisation et les tensions financières, les émeutes, les révoltes en sont les prémices et la preuve.

Michaël Ruppert parle avec sérieux, avec émotion parfois (feinte ?) et son message n’en paraît que plus crédible. L’effondrement de notre société se traduit par plusieurs périodes. tout d’abord, l’incrédulité, le déni, « ce n’est pas vrai », puis la colère destructrice, la violence et la révolte, comme en Grèce ou en Angleterre, mais partout dans le monde et sans doute dans les pays arabes, nous dirait Ruppert si ce texte ne datait pas de 2009.

Ensuite, le marchandage, « j’aurais peut-être pu faire autrement », « et si j’essayais ça ? ». Viennent ensuite, la dépression et l‘acceptation, et ce n’est qu’à ce moment-là que l’on trouve la force de remonter.

Là où Ruppert se distingue de beaucoup d’autres prophètes, c’est qu’il n’aborde aucunement la notion de réchauffement climatique. Le seul moteur de notre humanité est l’énergie. Au fur et à mesure que celle-ci croissait, les masses monétaires en jeu ont augmenté et la population s’est mise à croître. LA courbe est unique des finances mondiales, de la démographie et de la production pétrolière. Lorsque la production d’énergie diminuera, et cela est inévitable, toutes les courbes s’effondreront.

Alors, que faire ?

– acheter de l’or en barre et détruire ses cartes de crédit,
– isoler sa maison,
– se débarrasser de tous les produits chimiques,
– se satisfaire d’une seule ligne de téléphone fixe,
– acheter des livres sur la médecine naturelle,
– acheter des semences (des vraies qui font des graines qui germent à leur tour),
– et cultiver son jardin.
Bref, autosubvenir à ses besoins et penser « local » exclusivement.

Alors, à chacun d’en juger. Cela rejoint l’attitude de C. Schmidt et ne répond pas davantage aux interrogations que pose son attitude.

Dans un cas comme dans l’autre, la réaction est strictement individuelle, en attendant la phase d’acceptation qui permettra peut-être de trouver des idées pour reconstruire une civilisation !

Et puis, confier ses économies à de l’or en barre, à combien d’Africains, à combien d’Indiens ou de Chinois cela est-il possible ? L’effondrement que l’on nous promet avec tant d’insistance et de capacité de persuasion, nous entraîne vers un monde bien peu solidaire. Un monde où chaque pays, chaque petite région, chaque petite collectivité, chaque famille devra défendre le peu de ses biens et ses terres pour manger.
La fin des guerres n’est pas pour demain.

Alors « Collapse », il faut le regarder. Cela dure 80 minutes (en deux parties) ! Il ne faut pas le regarder si vous avez 80 minutes à perdre. Non, il faut le regarder en lui consacrant 80 minutes de votre temps. Afin de savoir ce qui nous attend …. ou afin de savoir ce qu’il faudrait faire pour que cela n’advienne pas …

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Ecologie

Mon ancienne voiture

Renault m’a fait récemment parvenir une publicité, illustrée d’une crème anti-âge, me précisant qu’il y a plus efficace pour rajeunir mon ancienne voiture. Bravo à Renault qui suit parfaitement ses clients et sait leur rappeler que leur voiture vieillit, quand bien même la mienne n’a pas encore 5 ans !!

La méthode de rajeunissement proposée est ni plus ni moins celle de l’achat d’un nouveau véhicule. La prime à la casse laisse des traces. Selon le Ministère de l’Industrie, au 14 décembre 2010 ce sont 563434 véhicules qui ont été retirés du circuit en 2010 pour être conduits à la ferraille. Tous véhicules âgés, mais pas tous véhicules hors d’usage. Aucune réflexion n’a été entreprise pour savoir si certains n’auraient pas pu être recyclés auprès de jeunes, ou auprès d’associations, après expertise bien entendu. Mais tous ont été détruits au motif de la lutte contre la production de CO2.

Cet objectif au moins a t-il été atteint ? Pas si sur !

TerraEco (http://www.terra-economica.info/La-prime-a-la-casse-est-elle,8571.html) s’est livré à un petit calcul rapide et sommaire qui prouve le contraire.

En 2009, la moyenne CO2 par kilomètre parcouru sur le parc automobile français tous âges confondus était de 176 g/km.

Après le retrait des véhicules concernés par la prime à la casse et leur remplacement, cette moyenne est tombée à 169 g/km en 2010. Soit sur la base de 12798 km parcourus en moyenne par chacun des 37,5 millions de véhicules français (UN pour DEUX habitants), la production de CO2 a été abaissée de 3,3 millions de tonnes en un an.

Or, dans le même temps, chaque voiture détruite a été remplacée par un véhicule neuf fabriqué sur l’une ou l’autre des chaînes de montage. TerraEco prend l’exemple d’une Laguna dont la fabrication est responsable de l’émission de 4,7 tonnes de CO2, un chiffre assez comparable quel que soit le type de véhicule. Ainsi donc les 563434 véhicules “échangés” dans le cadre de cette opération ont entraîné la production de 2,65 millions de tonnes de CO2.

Au total le bénéfice de l’opération n’est que de … 650 000 tonnes. Encore faut-il remarquer que ces calculs ne prennent pas en considération les coûts liés à la destruction des véhicules retirés de la circulation. Le bénéfice écologique de l’opération est donc quasi nul.

Certains vont se rassurer en disant que le nouveau véhicule va produire moins de CO2 pendant les quelques années de son existence et, donc, qu’à la longue, la balance sera moins négative. Oui, certainement, même si le gain restera à la marge.

Quant au bénéfice écologique personnel, prenons un automobiliste lambda qui a fait l’acquisition d’un nouveau véhicule qui produit 169 g au lieu de 176 g/km de CO2. Au cours d’une année (12798 km !), il économisera 90 000 grammes de CO2 ! Pour compenser les 4,7 tonnes liées à l’achat de son nouveau véhicule, il devra rouler avec son nouveau véhicule pendant … 52 ans. TerraEco a pris l’exemple d’une Twingo plus économe et le temps de conduite nécessaire n’est que de … 28 années.

Moralité: il y a encore beaucoup à faire pour réduire l’impact écologique de la voiture. Et ce ne sont pas les opérations de prime à la casse ou de prime de rajeunissement qui peuvent y contribuer. Ces opérations n’ont qu’un seul objectif; celui de maintenir en vie tout un secteur économique majeur dans notre pays comme dans tous les pays industrialisés. Ce secteur ne concernent pas seulement les fabricants d’automobiles ou d’accessoires, mais aussi le circuit des concessionnaires, des garages, des carrossiers, des additifs, des carburants, de la publicité, des routes, autoroutes et rond-points, et j’en oublie certainement.

2012 verra probablement apparaître les premières voitures électriques de qualité et de compétences (autonomie) suffisantes pour en faire de vrais véhicules. Connaît-on aujourd’hui le coût écologique de fabrication d’un tel véhicule et de ses batteries ? Connaît-on le cout écologique de la recharge de celles-ci et de son traitement en fin de vie ?

Renault (encore lui) fait de la Zoé (http://news.autoplus.fr/news/1437514/Genève-2011-présentation-stand-Renault-ZOE-PREVIEW) un vrai cheval de bataille. Mais toute la stratégie en reste encore et toujours à la voiture individuelle toujours et partout. Chaque année, le coût unitaire d’un ticket de train augmente, alors qu’il devrait diminuer, seule solution pour transférer des usagers vers ce moyen de transport collectif. Les parcs de stationnement à l’entrée des villes devraient être obligatoires et reliés au centre de la cité par un réseau dense et permanent de véhicules de transport en commun, sortes de taxis électriques gratuits. Il ne s’agit pas de supprimer la voiture individuelle, mais de ne lui laisser le champ libre que dans un domaine restreint dont la ville sera nécessairement exclue. Et pour cela, il faut faire évoluer (formation, conversion) tous les secteurs économiques précédemment cités. Une lourde charge …

Zoé Renault (DR)

Tout un changement de mentalité et de comportement.

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Ecologie

Living Planet Report

Le WWF vient de publier un rapport sur l’état de la planète et surtout sur la “consommation” que nous faisons de celle-ci: le Living Planet Report (http://wwf.panda.org/about_our_earth/all_publications/living_planet_report/). Ce rapport est réalisé depuis 2000, et tous les deux ans, en collaboration avec Global Footprint Network (http://www.footprintnetwork.org/en/index.php/GFN/blog/2010/10/). Le rapport 2010 est né de la compilation de données acquises en 2007.

Les données principales de ce rapport (que vous aurez cœur d’aller lire sur les sites de l’un ou l’autre des rédacteurs) met en évidence une “surconsommation” des richesses naturelles de la terre par l’ensemble du monde en développement, c’est à dire non seulement les Etats-Unis et l’Europe, mais aussi certains pays en développement ou émergents.

C’est ainsi que les 31 pays de l’OCDE sont à l’origine de 37 % de l’empreinte globale de l’humanité sur la planète terre, que les seuls pays des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) y contribuent pour près de 30 % alors que les 63 membres de l’Association des Pays d’Asie du Sud-Est et de l’Union Africaine n’émargent que pour 12 %.

Mais allez donc vous “amuser” avec les tableaux interactifs qui permettent de juger de la production de carbone, des capacités forestières, de la pêche ou des superficies de terres agricoles ou de terres construites. A l’arrivée, les “gagnants” sont (toutes données cumulées):

  • les Emirats Arabes Unis, avec une “consommation” moyenne par habitant de 10,7 “hectares” de notre terre.
  • le Qatar, le Danemark (8,3), la Belgique (8), les USA (8), l’Estonie, le Canada (7), l’Australie, Koweït.
  • La France, précédée par l’Allemagne et suivie par l’Italie, atteint 5 “hectares” par habitant.

La “consommation” de ressources planétaires qui est requise pour un développement durable est d’environ 2 “hectares”. Au total, la population planétaire consomme une fois et demi ce que la terre est à même de lui fournir en matières de ressources naturelles et de capacité à régénérer les déchets carbonés. Le précédent rapport faisait état de 1,4 terre. Une projection vers 2050 montre que nous “consommerions” 2,8 terres chaque année … s’il en reste encore !!

Cette hyperconsommation des ressources de notre terre s’accompagne d’une dégradation environnementale, déjà engagée depuis plusieurs décennies dans les pays développés, et en croissance nette dans les pays en développement. Ceux-ci rejoignent les pays développés en matière de destruction des espèces (mammifères, oiseaux, poissons, reptiles, …)

Ce rapport souligne à très juste titre la tenaille ou le cercle vicieux dans lequel se trouvent piégés ces pays: la dégradation des écosystèmes affecte et affectera le futur de la santé, du bien-être et du devenir de ces pays qui sont les plus pauvres et les plus vulnérables. Or, ce sont eux qui ont aujourd’hui le plus besoin d’eau pure, de terres, de nourriture correcte, de carburants, d’énergie et de matières premières …, s’ils veulent mettre un terme à la pauvreté.

WWF, fidèle à sa doctrine, nous invite à dresser notre propre empreinte écologique et à nous engager à la réduire par des actions à la maison, en voyage, au bureau, à l’école, pour les achats, la nourriture, les jeux, .. C’est un début. Il n’est pas certain que cela suffise et nos sociétés se doivent de réfléchir vite et bien pour proposer des alternatives à la voiture en ville, à la consommation sans fin d’énergie électrique, à la réduction drastique des déchets à la source, etc ..

Il en est d’autres qui veulent employer des moyens de pression plus radicaux et qui n’hésitent pas à le dire et à le filmer (Grande Bretagne – Campagne 10/10/10).

Cette “création” a été retirée de la diffusion (http://www.1010global.org/uk/2010/10/statement-1010-uk-director), à la suite de réactions très défavorables, parce qu’elle était une “erreur” (mistake). Il s’agit bien davantage d’une FAUTE et surtout de la preuve, s’il en fallait encore une, du caractère idéologique et totalitaire de CERTAINS écologistes. En être arrivé à cette idée tordue, au point de “suggérer” la destruction physique et violente des récalcitrants à la lutte environnementale et à la réduction volontaire de ses productions de CO2 témoigne d’une perte totale de tous les repères démocratiques.

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Ecologie

La décroissance ne s’applique pas qu’aux pays de l’OCDE

Dans son supplément magazine du 17 juillet, Le Monde publie un court dossier consacré, sous la rubrique “La tendance”, aux décroissants. A vrai dire, en février 2009, l’émission “Envoyé Spécial » (Envoyé-Spécial-chez-les-décroissants) avait déjà abordé ce sujet et le changement de média tout comme le changement de support n’ont pas modifié grand chose à la superficialité de l’approche. Aujourd’hui comme hier, on nous fait la description d’individus qui sont convaincus de faire changer les choses parce qu’ils ont, à titre personnel et strictement individuel, décidé de changer de style de vie. Tout comme Conrad Schmidt (Le-monde-de-Conrad-Schmidt), leur réflexion s’arrête à la porte de leur foyer, dès lors qu’ont été supprimés la viande, les automobiles et l’avion. Seul reste l’internet, ce nouveau média censé permettre une connaissance satisfaisante du monde et autorisant surtout une prise de parole largement démultipliée.

On pourrait noter, pour s’en amuser, une forte tendance de ces décroissants à vouloir vivre au chaud et au soleil: Marseille, Forcalquier, la Drôme, l’Ardèche, l’Ariège, … mais la chose n’est pas nouvelle puisque les décroissants de 68 avaient déjà choisi le Larzac. Plus gravement on notera à nouveau l’absence totale de référence à ce que leur comportement peut apporter au reste du monde, celui qui est en développement (comme on dit pudiquement), celui qui a faim et soif, celui qui veut accéder aux richesses que notre Occident étale et que certains dénoncent. Que l’on se rassure, Yves Cochet nous explique que « la décroissance ne s’applique qu’aux pays de l’OCDE » mais que les pays en développement doivent savoir qu’ils n’atteindront jamais le niveau de vie occidental. Mais quelle croissance doivent-ils appliquer ? A quoi doivent-ils dès à présent renoncer en termes d’espoirs et d’objectifs ? Et qui, et comment, choisira le seuil de développement ? Par exemple, s’équiper en électricité doit-il s’accompagner du renoncement à la climatisation ? Développer les communications doit-il s’accompagner d’une forte restriction de l’usage de la voiture individuelle ?

En fait, le dossier dont il est question fait un peu l’amalgame entre deux tendances très distinctes des décroissants, et ne s’en cache pas. Mais ces deux tendances sont strictement incompatibles et il est cocasse de voir s’exprimer Yves Cochet, Serge Latouche ou Vincent Cheynet (tiens, il manque Paccalet !) à propos de ces adeptes de l’An 01. Eux sont plutôt partisans d’une révolution (Niqab-automobile-et-société-social-écologiste), non seulement culturelle, mais aussi matérielle, dont les attendus sont parfois fort peu démocratiques quoi qu’ils en disent à longueur de colonnes et de blogs.

Quant aux autres, on les retrouve malheureusement trop souvent porte-paroles d’une idéologie passéiste, du retour vers des années qui étaient meilleures, plus saines, plus conviviales, plus ceci ou plus cela. Ils oublient simplement de dire que ces année-là étaient également les années sans l’eau sur l’évier, sans l’électricité le soir à la maison et sans beaucoup d’espoir pour les enfants s’ils ne pouvaient aller à la ville pour étudier au-delà du certificat d’études.

Je reviens d’Italie, Région du Trentin-Haut-Adige, zone du massif de la Brenta (une merveille !). La promotion touristique de la région s’articule autour de la nature, des sports (rafting, escalade, randonnée, …), de l’art, de la culture, de la gastronomie et c’est très bien fait. Pour être dans l’air du temps, alors que d’autres maisons de l’environnement sont abandonnées par faute de crédits dans cette même région, il a été ouvert par le Parc Naturel Adamello Brenta (PNAB) une Maison de la Nature (http://www.pnab.it/vivere_il_parco/proposte_vacanza.html) qui s’est donné pour objectif de faire découvrir la nature, le ciel, les plantes utilisables en médecine douce, les vieilles recettes de cuisine, les randonnées avec un âne, la découverte des activités rurales traditionnelles (fenaison) ou la connaissance des animaux (bovins, ovins, poules, etc …) le tout pour plus de 400 € par personne et par semaine !

Dolomites de la Brenta

J’arrive à la maison pour découvrir dans le journal local qu’une association écologiste vient de réaliser le fauchage de 3400 m² avec deux percherons, dans le but de promouvoir le retour à une agriculture économe en énergie !

Tant que l’on en restera à l’une ou l’autre de ces deux expressions de l’écologie contemporaine, la “radicale” et la “passéiste”, il y a peu de chances que l’idée même de vivre autrement puisse trouver matière à se développer.