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Qui sont les Gilets Jaunes: Troisième partie

Quelques mauvaises pensées, quelques actions funestes.

Certains commentateurs (toujours!) ont cru invoquer une main-mise tardive du Rassemblement National pour expliquer certaines attitudes et certains comportements éminemment racistes. Il n’en est rien ! Lors des premiers échanges que nous avons eu avec une délégation de « gilets jaunes », en seconde quinzaine de novembre, il nous a été dit que « certains, dans les quartiers, savaient bien ne pas travailler et profiter des prestations du système », et que « l’on nous traite de racistes parce que l’on parle de limiter l’immigration ». C’est également à cette période que certaines femmes portant le foulard ont été insultées sur les rond-points. Et c’est le 22 novembre que les occupants d’un rond-point de la Somme ont remis à la police des migrants cachés dans un camion-citerne.

Ce genre de réflexions est encore présent sur les pages des réseaux sociaux. On peut y lire que si les jeunes des quartiers ne sont pas venus rejoindre les « gilets jaunes », c’est parce que, eux, bénéficient des aides et des financements de l’Etat.

Les choses ne se sont pas arrangées avec la rumeur orchestrée autour du Pacte de Marrakech.

Après le racisme, l’antisémitisme ! Laissons parler Robert Hirsch dans son blog de Médiapart, en date du 25 décembre. « Or, ce samedi, il y eut un gros problème sur les marches du Sacré-Cœur à Paris. Un groupe non négligeable de GJ faisait la quenelle antisémite de Dieudonné, l’un d’entre eux au moins faisant même le salut nazi. Le même jour, dans le métro, des Gilets jaunes, éméchés, insultaient une vieille dame qui leur avait demandé de cesser le geste ignoble de la quenelle. Quelques jours plus tôt, une banderole ciblait des responsables juifs. Tout cela montre qu’une partie du mouvement, certes minoritaire et sans doute inspirée par l’extrême droite, confond le rejet d’un système injuste avec la désignation d’un bouc-émissaire, toujours le même depuis si longtemps ».

Actuellement, c’est au tour des journalistes d’être les cibles de la vindicte du « peuple ». L’exemple vient de loin, de Mélenchon qui a appelé à « pourrir les journalistes » au mois d’octobre.

La liste des fausses infos relayées à satiété sur les réseaux des « gilets jaunes » s’étoffe de jour en jour, l’une des dernières dénonçant la présence de CRS étrangers parmi nos forces de l’ordre.

Cette dernière affirmation rejoint un commentaire de certain leader (Fly Rider) qui n’hésite pas à proclamer que « des militants sont prêts à mourir pour la cause » et qu’une « insurrection armée se prépare »! Interrogeons-nous ; comment un militant peut-il mourir pour la cause ? En étant tué par les forces de l’ordre ? Après les avoir provoquées ? Cette manipulation vise à susciter la « création » d’un martyr. Rappelez-vous, en date du 25 avril 2018, lors de l’évacuation de Tolbiac, la rumeur reprise par les organes d’extrême-gauche (et même Marianne !) déclarant qu’un étudiant « était entre la vie et la mort ».
Une expression revient sans cesse lorsque les « gilets jaunes » sont interrogés sur leurs lieux de rassemblement: « Nous ne cèderons rien. Nous irons jusqu’au bout ». La question est: « C’est quoi le bout ?, c’est où le bout ?, c’est quand le bout ? ». Nul n’en sait rien. Le Grand Débat sera-t-il à même de faire évoluer la situation ?

Il est temps de conclure.

Populaire, peut-être, le mouvement des « gilets jaunes » n’est pas un mouvement qui s’inscrit dans la tradition des luttes politiques et syndicales. Hétérogène, il rassemble des individuels que rapproche une même situation de déclin social. Nul affrontement de classe, mais une forte dénonciation de privilèges (réels ou fantasmés) ou de revenus exorbitants dont bénéficierait une « élite ».

A ce jour, le mouvement n’a été rejoint ni par les organisations syndicales, ni par les plus pauvres qu’eux, malgré que certains aient rêvé d’un « soulèvement » des quartiers. Et il n’y a toujours aucune organisation permettant une synthèse des revendications et un portage de celles-ci vers le Gouvernement.

Il faut donc appeler les choses pour ce qu’elles sont et par leur nom.

Le mouvement des « gilets jaunes » est probablement spontané, c’est à dire qu’il n’y a pas eu d’appel de la part d’une organisation et de préparation du terrain, en sous-main, par celle-ci. Par contre, il y eu une accrétion extraordinairement rapide de l’ensemble des forces qui ont voté contre Emmanuel Macron au 1er tour des Présidentielles et qui n’ont pas pris part au « 3° tour » suscité par les organisations syndicales lors des manifestations contre le statut de la SNCF.

Cette accrétion explique la double expression des revendications et des mots d’ordre venant le l’extrême-gauche (LFI) et de l’extrême-droite (RN) et structure le caractère insurrectionnel du mouvement. Le but, aujourd’hui comme voici neuf semaines, n’est pas d’obtenir des avantages, mais bien de renverser le gouvernement, par la violence s’il le faut.

L’ensemble de la classe politique est tétanisé par ce mouvement. Le PS est inaudible. Le PC également. La droite, les Républicains, se tait après que son Président ait commis trop de bévues. EELV flirte avec la naïveté. Les syndicats restent silencieux. Inutile de préciser que cette atonie ne relève pas d’une volonté présidentielle, mais bien d’une incapacité totale de chacun de ces mouvements (exception faite de la CFDT) à comprendre ce qui se passe.
Et pourtant, il faudra bien en sortir. Et par le haut si possible.

Dans quatre mois, ce seront les élections européennes. Les mêmes idées qui conduisent le mouvement des « gilets jaunes » vont se coaguler pour dénoncer l’Europe, réclamer un frexit, un retour à la monnaie nationale. Le Parlement européen va être constitué en majorité d’élus … europhobes. Belle originalité !
RN et LFI se préparent. Un seul, strictement un seul, point les sépare : l’attitude à l’égard de l’immigration et de l’accueil des réfugiés et migrants. Absolument rien ne garantit que cette digue ne se rompra pas ici ou là, ouvrant la perspective d’un rapprochement rouge-brun ! Ainsi, une situation comparable à celle de l’Italie se créerait. A la collusion entre « 5 Stelle » et la « Lega », viendrait s’adjoindre une collusion RN et LFI. Marine Le Pen en rêve, même si elle dit que cela est impossible à cause des positions islamo-gauchistes de Mélenchon !

Est-ce vraiment ce que nous voulons ?

(Ce texte a été rédigé le 15 janvier 2019.)

Additif au 17 mars 2019.

La décrue des manifestants jaunes se manifestait progressivement depuis quelques semaines.
Patatras ! les évènements parisiens du samedi 16 mars remettent à vif les craintes de collusion rouge-brun des agitateurs du mouvement des gilets jaunes.
En bref, le 13 février, Priscilla Ludovsky a publié sur sa page Facebook un entretien « électronique » avec des membres des Black Bloc. Il en ressort une idée forte. « les violences ne sont que le résultat logique de la politique violente de notre gouvernement ». Comme par hasard, cette expression a été reprise à maintes et maintes occasion ce samedi 16 mars lors des rapides interviews réalisées par les journalistes, à commencer par les complaisants correspondants du « Monde » et notamment cette antienne répétée à de multiples reprises: « Les black blocs avant ils faisaient peur à tout le monde, maintenant on trouve que c’est un plus. C’est eux qui font avancer les choses, nous, on est trop pacifistes ». « On a pris conscience qu’il n’y a que quand ça casse qu’on est entendu… Et encore même quand on casse tout on ne nous entend pas ». « C’est génial que ça casse, parce que la bourgeoisie est tellement à l’abri dans sa bulle, qu’il faut qu’elle ait peur physiquement, pour sa sécurité, pour qu’ils lâchent ».
A la fois très voisins et pourtant à l’autre extrémité de l’échiquier politique, il y a les identitaires d’extrême-droite. Et Victor Lenta et ses paramilitaires servant de service d’ordre aux gilets jaunes, ou Christophe Chalançon qui reçoit Luigi di Maio, Vice-Président du Conseil italien.
Il importe de savoir que tous les gilets jaunes sont les complices non seulement des violences commises par ces deux factions, mais des développements graves et insurrectionnels qui peuvent subvenir.